« Qu’est-ce que la société ? Le nom donné à ce faisceau de courants extérieurs qui pèsent sur le gouvernail de notre barque pour nous empêcher de la mener où bon nous semble. »

Sylvain Tesson, dans le livre « Dans les forêts de Sibérie »

Merci les réseaux sociaux !

Instagram, Facebook, Twitter… Les réseaux sociaux sont omniprésents de nos jours, et les voyageurs n’y échappent pas. Partager ses photos n’a jamais été aussi facile : un clic et des milliers de personnes peuvent voir votre cliché.

Les avantages des réseaux sociaux sont bien évidemment cette vitesse de partage et la facilité pour communiquer avec ces proches. De plus, ils permettent de pouvoir garder contact avec des personnes rencontrées en voyage. Bref, à première vue, les avantages sont réels !

Cependant, j’ai choisi de ne plus participer à ce grand cirque des réseaux sociaux.
Twitter ? Jamais compris l’utilité en fait, et donc jamais inscrit.
Instagram ? J’ai eu un compte durant une semaine. Je l’ai vite supprimé car j’ai détesté au plus haut point ce réseau.
Facebook ? J’ai été adepte de ce site durant longtemps, l’utilisant pour partager des photos et surtout mes articles de blog.

Logo facebook instagram twitter. Réseaux sociaux en voyage, bonne idée ?
Une multitude d’amis inconnus

Des avantages, on l’a vu, il y en a. Mais ce n’est pas pour autant les défauts et les dérives qui manquent !
Évidemment, qu’on le veuille ou non, ces réseaux sociaux servent à se mettre en scène aux yeux des autres (on le fait consciemment ou inconsciemment).

Supprimer ces réseaux de votre vie vous permet de vous recentrer sur vos véritables amis, en stoppant des relations superficielles. Cela veut donc dire perdre contact avec des voyageurs vivant à l’autre bout du monde. En effet, et alors ? L’auriez-vous vraiment recontacté si vous allez dans son pays, plusieurs années après votre rencontre qui a duré une journée ?

En quête de reconnaissance

J’ai joué le jeu sur Facebook en partageant mes belles photos et mes articles de voyage… C’est sûr qu’au début, c’était pratique puisque ça avait l’avantage d’avertir mes contacts pour mes nouvelles publications. Désormais, yakarever est bien positionné dans les moteurs de recherche donc Facebook ne représentait plus qu’une infime part des visiteurs.

Bref, j’étais quelqu’un d’actif sur le réseau et ça me donnait sûrement l’impression d’être important au vu du nombre de « like » que je pouvais récolter parfois. Il est primordial d’être honnête avec soi-même et c’est sûrement une question d’ego qui m’a poussé sur cette voie-là.

Quand j’y repense, je n’arrive toujours pas à comprendre l’objectif précis que j’avais. Devenir un célèbre voyageur ? Sylvain Tesson n’a pas Facebook et est le plus respecté des routards français ! Penser qu’un réseau social va faire de vous une personne spéciale est une erreur monumentale…

Le fantasme de l’influenceur, c’est d’être une salade (nouvelle citation)

En parlant de photos, les réseaux sociaux ont un effet pervers sur ce sujet. Bien évidemment, Instagram est le réseau par excellence pour satisfaire le côté voyeur de chacun. On défile toutes les photos, on « like »… La vie des autres apparaît sous nos yeux, bien que ce soit souvent totalement inintéressant.

Des personnes rencontrées m’ont souvent conseillé d’être actif sur Instagram. Ça propulserait mon blog à coup sûr selon eux. L’objectif ? Devenir ce qu’on appelle un « influenceur » suivi par des milliers de personne. Mais à partir du moment où ton but est de cumuler les abonnés et les likes, tu n’as plus rien d’un voyageur libre. Tu te rabaisses à un vulgaire produit (un compte Instagram) vendu sur un marché (internet) à des clients (les abonnés). En gros, tu es une vulgaire salade dans le rayon légumes de Carrefour.

Fuir les influenceurs

Les réseaux sociaux sont devenus tellement importants que certaines personnes ne s’imaginent plus voyager sans. Ils sont capables d’avoir une forte emprise sur nous, allant même jusqu’à modifier notre manière de vivre. J’ai vu une nette différence dans ma façon de voyager entre l’Amérique du Sud et l’Asie du Sud-Est.

En Amérique du Sud : pas de téléphone, pas d’ordi, pas de tablette…rien ! Je ne me suis pas fait influencer par le blogueur connu du moment pour les lieux à voir, les endroits où dormir… J’ai fait le truc à ma sauce, selon mes envies et mon instinct.

En Asie du Sud-Est, où j’ai voyagé avec un petit ordi, j’ai suivi des blogs étant passés par les pays où j’étais, j’ai suivi des pages Facebook… Par curiosité mais aussi pour aller dans les meilleurs endroits possibles. J’ai moins fait travailler mon instinct, moins fait confiance au feeling

Résultat : j’ai vécu plus d’émotions en Amérique du Sud (trop même car ce voyage est gravé en moi à jamais je crois !) qu’en Asie du Sud, pour la simple et bonne raison que j’étais totalement libre. Personne n’influençait mes choix, je suivais la direction du vent et voguais là où mon cœur me disait d’aller.

Les mêmes voyages, dans les mêmes endroits, avec les mêmes photos…

Un autre effet pervers, moins évident, est l’homogénéisation de nos voyages. C’est-à-dire ? On aurait tendance à penser que les réseaux sociaux sont un des moteurs principaux de ce monde en mouvement, avec des initiatives intéressantes un peu partout. C’est en partie vrai, mais ils sont aussi un puissant vecteur de conformisme et d’imitation.

Lorsque j’étais sur Facebook, je suivais les aventures d’autres voyageurs. Et sans arrêt les mêmes photos, dans les mêmes endroits… Je n’ai pas échappé à la règle et mes voyages ont été influencés par les photos que j’ai pu voir auparavant, reproduisant ainsi les mêmes choses. J’ai particulièrement remarqué ce phénomène lors de mon voyage en Asie du Sud, le paradis des backpackers.

Les mêmes clichés en boucle défilaient sur mon fil d’actualités Facebook. Bref, la créativité de chacun en prend un coup ! On essaye tous d’imiter une photo célèbre alors que chacun d’entre nous aurait pu prendre une photo différente du lieu avec un angle différent, une lumière différente…reflétant mieux notre personnalité et nos goûts.

Les photos classiques en voyage : le rocher en Norvège, celui à Rio, les rizières de Bali...
Un frein aux rêves de chacun

Tous les ans, le Lonely Planet, le Guide du Routard ou bien des blogueurs connus vont publier leurs Top 10 des destinations incontournables. Les voyageurs vont s’y précipiter, reproduisant les mêmes voyages dans les mêmes endroits…pour avoir au final les mêmes hashtag sur leurs comptes Instagram…

Cet effet d’homogénéisation nuit donc à la créativité et aux aspirations de chacun en réduisant le nombre de destinations pour se limiter à celles à la mode sur les réseaux.

Vous allez penser que je suis gonflé de dire tout ça alors que j’écris moi-même ma vie sur ce blog. Vous n’avez sûrement pas tort, le besoin d’estime faisant partie de la Pyramide de Maslow s’appliquant à chaque être humain.

Mais ma démarche est liée à mon goût pour l’écriture pour raconter des histoires et anecdotes… Je ne suis qu’un conteur, une sorte de troubadour des temps modernes. Je me contente d’écrire, et si ça peut plaire à quelques personnes, tant mieux.

Mes carnets de voyage, ça vaut de l'or pour moi !

Le chemin est long avant de maîtriser totalement sa personnalité. Moi, il m’aura fallu plus de 2 ans de voyage pour comprendre l’inutilité des réseaux sociaux.

Dorénavant, pour me contacter, vous avez le petit bouton « Contact » sur le blog, ou mon numéro de téléphone pour les intimes !