La Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors en trois jours, de Corrençon-en-Vercors à Châtillon-en-Diois, est un superbe trek que j’ai fait en novembre ! Avec une quatrième journée bonus pour faire le Tour du Mont Aiguille !
Et dans la forêt je pars, pour perdre mon esprit et retrouver mon âme.
John Muir
La saison 2024 des treks n’est pas encore totalement terminée, même en ce début novembre ! Après les Sept-Laux, la Lauvitel, le Vallaissonnay et le Tour du Beaufortain, je pars à la découverte d’un nouveau massif des Alpes : le Vercors !
Mobilité douce
La Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors débute à Corrençon-en-Vercors. Ce trek n’est pas une boucle et nécessite donc de s’organiser pour rejoindre le début.
Je pars tôt du travail le jeudi 31 octobre, saute dans un train pour Grenoble (45 minutes depuis Chambéry), puis un bus de la région pour rejoindre Corrençon (1h15 de trajet).
C’est la basse saison à Corrençon-en-Vercors et tout a l’air très calme. Le bus me dépose près du golf, où se trouve le gîte d’étape des Hauts-Plateaux. Ce dernier est géré par l’office du tourisme. Il faut réserver par téléphone au préalable. Ils m’ont donné le code de la boîte à clés pour rentrer et m’ont demandé de mettre 20 euros dans la boîte aux lettres. Tout simplement !
Je suis seul dans le refuge : un grand dortoir de 10 pour moi tout seul ! Je cuisine pour dîner et me couche assez tôt ensuite.
Jour 1 : Corrençon-en-Vercors à la Cabane de la Jasse du Play
Dénivelé : + 700 m / – 250 m
Kilomètres : 18,9 kilomètres
Durée : 7h (avec les pauses)
Je commence à marcher à 7h30, et c’est parti pour la Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors !
C’est l’automne avec toutes les feuilles oranges ou tombées au sol. Rapidement, j’arrive à un point indiquant qu’ici passe le 45ème parallèle (à mi-chemin entre l’équateur et le pôle nord). Également une stèle en mémoire des héros du maquis du Vercors. La Résistance s’y était réfugiée car le Vercors est une immense forteresse naturelle.
Le soleil se lève progressivement et vient réchauffer l’air ambiant. La brume se dissipe et laisse voir toute la végétation du Vercors. La première partie de la rando se déroule uniquement dans la forêt.
Passage par la très belle prairie de Darbounouse.
C’est très calme, je n’ai croisé en tout et pour tout que trois randonneurs dans la journée. L’automne est la saison idéale pour parcourir le Vercors avec moins de monde et de belles couleurs.
Pause repas vers 12h30 face à de belles montagnes à la forme typique du Vercors. Un autre randonneur arrive et on finit par manger ensemble en discutant. C’est un gars de Grenoble en itinérance durant quelques jours aussi.
La cabane de la Jasse du Play
A 14h30, j’arrive à la cabane de la Jasse du Play où je vais passer la nuit. Les Hauts-Plateaux du Vercors sont très sauvages et aucun village ou refuge gardé ne s’y trouve. Par contre, il y a plusieurs petites cabanes de bergers pour passer la nuit. C’est très rustique : cabane en pierre, un poêle, une table en bois, un plancher bois en mezzanine pour dormir et basta. Mais j’aime beaucoup !
Une scie est à disposition pour couper du bois et préparer le feu pour réchauffer la pièce. Je me rends également à la source d’eau avant que la nuit tombe, à 800 mètres de la cabane. C’est le défaut du Vercors : c’est un massif calcaire et toute l’eau s’engouffre dans les entrailles de la Terre. Il n’y a aucun ruisseau ou rivière, et les quelques sources sur les Hauts-Plateaux sont souvent à sec. Il faut donc se renseigner les jours d’avant (le site refuges.info est le plus fiable).
Mes réserves d’eau sont suffisantes, le feu dans le poêle a bien pris… Ne reste plus qu’à contempler le beau paysage et admirer le soleil se coucher.
Moi qui pensais être tranquille dans la cabane, ça n’a pas été le cas… De nombreuses personnes sont arrivées au cours de l’après-midi et dans la soirée, dont des groupes. Je n’avais vu quasiment personne sur les sentiers mais on s’est retrouvé à 15 à dormir dans la cabane ! Certains ont dû dormir au rez-de-chaussée et tout le monde était bien collé à l’étage. Bref, pas la nuit la plus idyllique comme j’imaginais !
Jour 2 : Cabane de la Jasse du Play à la Cabane du Pré Peyret
Dénivelé : + 800 m / – 810 m
Kilomètres : 14,2 kilomètres
Durée : 5h45 (avec les pauses)
Avec tout le monde dans la cabane et mon super sac de couchage, je n’ai pas du tout eu froid pendant la nuit.
Cadeau de la nature : je me suis levé pour pisser dans la nuit, et en sortant à l’extérieur, j’ai entendu les loups au loin ! C’est toujours impressionnant à entendre et je rêve d’en revoir un en vrai, comme lors de mon trek des Aiguilles Rouges.
Je commence à marcher vers 7h45. En parlant avec d’autres randonneurs la veille au soir, j’ai modifié mes plans pour la journée : je vais passer par le Grand Veymont, point culminant du Vercors !
Il a fait froid dehors cette nuit, en témoigne l’herbe gelée.
Je quitte le sentier classique de la Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors pour en emprunter un autre qui s’élève rapidement à travers les pierriers. Le Pas de la Ville est ensuite atteint sans difficulté.
Là aussi un petit mémorial pour la Résistance en souvenir de deux jeunes fusillés par les Allemands (17 et 20 ans…).
L’ascension n’est pas finie et se poursuit sur un sentier parfois étroit et en rocher. Avec le gros sac à dos, il faut mettre les mains à deux ou trois passages mais rien de bien compliqué, si ce n’est le vide pour ceux qui ont le vertige.
Le Grand Veymont
Rapidement, le parcours redevient facile et monte progressivement jusqu’au sommet du Grand Veymont à 2 341 mètres.
Je reste scotché par le panorama incroyable. En face, les Écrins et ses immenses sommets enneigés ; sur la gauche au loin, j’aperçois même le Mont Blanc !
Mais la star est un autre sommet, juste en face : le Mont Aiguille. C’est la montagne emblématique du Vercors selon moi avec ces immenses parois et le grand plateau herbeux au sommet. Unique !
Je reste 30 minutes à me reposer et profiter du paysage. Depuis le sommet du Grand Veymont, il est très facile de comprendre pourquoi le Vercors apparaît comme une forteresse imprenable : les immenses falaises tombent de 1 000 mètres directement dans la vallée ! Aucune route n’y mène et les allemands avaient donc bien du mal à y déloger les Résistants.
De l’autre côté, vers les Hauts-Plateaux, les pentes sont plus douces et ne tombent pas à la verticale, même si ça reste bien pentu !
A la montée comme à la descente, j’ai pu apercevoir de nombreux bouquetins, pas farouches. Ces acrobates hors-pair sont en sécurité sur ces falaises.
Plusieurs vautours ont profité des courants ascendants pour se montrer également.
Vers la cabane de Pré Peyret
Vient le temps de la descente, avec toujours le Mont Aiguille en visu. Quelle perfection de la nature !
Pause déj sur un plateau herbeux face au Mont Aiguille et aux Écrins, et avec le Grand Veymont juste à côté.
La descente se poursuit progressivement à travers un paysage bien dégagé.
Le sentier suit le cours d’un torrent asséché et passe ensuite dans une petite vallée verdoyante. Le contraste !
Je rejoins la cabane de Pré Peyret vers 13h30. Il est tôt mais c’est parfait : je vais pouvoir m’assurer de mettre mon matelas à un endroit agréable dans la cabane, et avoir le temps de me faire une petite toilette à la source d’eau à côté.
Lecture et balade le reste de l’après-midi, avant de monter à une colline un peu avant 17h pour assister au coucher de soleil.
Heureusement, nous sommes bien moins nombreux que la veille pour dormir dans la cabane. Il fait nuit à 17h30, donc tout le monde dîne tôt. Je me retrouve ainsi dans mon sac de couchage peu après 20h.
Jour 3 : Cabane du Pré Peyret à Châtillon-en-Diois
Dénivelé : + 600 m / – 1 700 m
Kilomètres : 22,5 kilomètres
Durée : 7h15 (avec les pauses)
Départ dès 7h. Le chemin monte doucement pour atteindre le col du Pison.
Les températures ont été négatives dans la nuit et tout paraît figé dans le froid. Le lieu est encore plus féérique avec le gel.
Le chemin se dirige vers la montagne de Glandasse. C’est vraiment un nom que j’apprécie beaucoup ! Mais pour y aller, c’est tout sauf la glande…
Comme souvent lors de cette randonnée, le sentier n’est pas facile à repérer. J’ai pourtant un bon sens de l’orientation et suis habitué à marcher en montagne, mais le GPS de mon téléphone m’a bien aidé sur ce trek. J’avais les deux cartes IGN en papier avec moi évidemment, mais ça n’aurait pas suffit pour trouver le bon chemin. Ce GR n’est pas le mieux balisé !
La Glandasse
Passer par ce coin du Vercors était sympa car ça permettait de voir la vallée de Die en contrebas, à la différence des précédents jours où on surplombait la vallée de Grenoble. Le ciel bleu est toujours au beau fixe, malgré une mer de nuage en contrebas dans les plaines lointaines.
Au détour d’un virage, j’aperçois un grand chamois s’enfuir. Après une dernière partie raide, sans chemin évident, j’atteins le sommet du Dôme du Glandasse à 2 041 mètres. Je suis absolument seul, après n’avoir croisé qu’un seul randonneur en 3h30 de marche. Pause bien méritée avec ce panorama somptueux.
Descente d’un peu plus de deux kilomètres pour atteindre la cabane de Châtillon vers 12h. Plusieurs topos découpent la Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors en 4 jours et préconisent de passer la dernière nuit ici. Mais il est trop tôt pour mettre fin à la journée, et la source d’eau est à sec en plus !
Je déjeune tranquillement ici mon dernier repas lyophilisé.
Petit conseil : ne pas hésiter à faire les 50 mètres pour aller à la colline derrière la cabane. Elle surplombe des immenses falaises magnifiques !
Descente vers Châtillon-en-Diois
Je prends mon temps pour essayer de repousser l’inévitable : les 1 200 mètres de D- pour rejoindre Châtillon-en-Diois et terminer ce trek. De mon perchoir, j’aperçois déjà le village en contrebas.
La descente est un peu raide sur le début mais se fait plutôt bien. Cela fait quelques randonnées où je ne ressens plus de douleurs à mon genou lors des descentes, contrairement à auparavant. Ce serait une bonne nouvelle que mon genou se soit solidifié tout seul !
A 14h30, je termine cette étape de 23 km en arrivant à la petite place de Châtillon-en-Diois. Et voilà, la Traversée des Hauts-Plateaux du Vercors est finie !
Trois jours magnifiques avec une météo d’automne parfaite pour randonner dans le Vercors. Cela faisait un moment que je souhaitais faire ce trek mais la météo avait toujours été capricieuse, m’obligeant à revoir mes plans.
Le côté sauvage des Hauts-Plateaux est l’atout n°1 de cette randonnée. Pas une seule habitation et donc des animaux faciles à voir (bouquetins, chamois, oiseaux, cris de loups…). L’ascension du Grand Veymont et du Dôme du Glandasse ont permis en plus d’avoir de beaux panoramas !
Morgane, ma coloc, est venue me récupérer à Châtillon-en-Diois. On roule 30 kilomètres et on s’arrête au village de Chichiliane. On passe la nuit au Gîte du Randonneur, à 25 euros chacun. Une bonne douche et une nuit réparatrice !
La journée bonus : le Tour du Mont Aiguille !
Le lendemain, une quatrième journée de randonnée bonus : le Tour de ce fameux Mont Aiguille !
Dénivelé : + 1 130 m / – 1 130 m
Kilomètres : 17,6 kilomètres
Durée : 7h (avec les pauses)
On se gare au hameau de la Richardière, d’où l’on débute la rando aux alentours de 8h15. Le hameau est tout petit mais on arrive à réaliser l’exploit de revenir à la voiture après 5 minutes de marche (on a tourné en rond sans s’en rendre compte !).
Le Mont Aiguille est bien visible d’ici avec son imposante face sud-est.
Les couleurs de l’automne et la lumière matinale le rendent encore plus beau. Le sentier alterne entre forêt dense et vue dégagée sur le mont. Dur de ne pas faire de nombreuses photos !
On commence à grimper à travers la forêt. Les jambes sont lourdes après les trois jours de trek dans le Vercors… Je sens que je vais souffrir aujourd’hui !
Passage par le charmant village de Trézanne et sa belle église au toit de chaume. On commence petit à petit à tourner autour du Mont Aiguille et le voir de profil.
Le sentier grimpe en direction du col du Papavet, d’où l’ont voit le Mont Aiguille complètement de profil. Cette vue est bien différente de l’imposante face que l’on voyait du départ. D’ici, il mérite ce nom « Aiguille ». Il aurait même un petit air de Pierra Menta !
Petite pause au col pour reprendre des forces avant de descendre vers la face nord-ouest du mont. Le chemin est très calme, on croise très peu d’autres randonneurs.
Le rocher du Mont Aiguille
Arrive la difficulté majeure du jour : la montée au col de l’Aupet et ses + 600 de dénivelé positif. En temps normal, je n’aurais pas eu de difficulté… Mais là, j’en ai chié ! Je n’arrivais pas à suivre Morgane mais heureusement qu’elle était là pour me motiver ! Finalement, on atteint le col avec vue sur les falaises du Vercors et le Grand Veymont.
On poursuit la montée pour aller au pied des parois du Mont Aiguille !
Une belle émotion pour Morgane qui avait envie de venir ici depuis plusieurs années. Heureux de pouvoir partager ça ensemble !
D’ici part la voie pour grimper la Tour des Gémeaux. Une belle grimpe de 250 mètres de haut avec un niveau abordable. On y reviendra un jour avec la corde et tout le matériel !
On y trouve aussi une plaque commémorative en latin. Sa première ascension en 1492 est considérée comme l’acte de naissance de l’alpinisme. Un lieu historique pour tous les passionnés de montagne ! Le seigneur Antoine de Ville l’a grimpé, avec plusieurs autres hommes, sur ordre du roi Charles VIII. Les techniques étaient bien différentes à l’époque puisqu’ils ont utilisé plusieurs échelles en bois pour y parvenir.
Pause déjeuner au col de l’Aupet avant d’entamer la descente vers la Richardière. On y arrive en milieu d’après-midi pour récupérer la voiture et filer ensuite sur Chambéry !
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