Le Tour du Beaufortain est l’un des plus beaux treks des Alpes françaises, avec les alpages, les hauts sommets à proximité, et des lacs partout. Je l’ai réalisé en 6 jours en y ajoutant quelques variantes pour pimenter le tout !
« Il n’y a pas de place dans la haute montagne pour le fantastique, parce que la réalité y est par elle-même plus merveilleuse que tout ce que l’homme pourrait imaginer. »
René Daumal
Ce trek du Tour du Beaufortain, j’en avais envie depuis de nombreuses années à vrai dire. Mais soit pas assez de jours disponibles, soit météo défavorable… Bref, il y avait toujours une petite contrainte. Mais cette fois-ci, en cet été 2024, c’est la bonne occasion !
Cet été a déjà été riche en trek avec le Tour des lacs des Sept Laux, le Tour du Lauvitel, et le Tour du Vallaisonnay.
Quelques chiffres pour illustrer ce tour du Beaufortain :
Distance : 100,5 kilomètres
Dénivelé positif : 5 410 mètres
Durée : 5 jours et demi
Après avoir laissé passer un épisode orageux, je pars le lundi 19 août en voiture depuis Chambéry, où j’habite. 45 minutes plus tard, je me gare près du plan d’eau de Queige, le premier village du Beaufortain une fois quitté Albertville. C’est d’ici que débute le Tour du Beaufortain. Je m’équipe de mon sac et de mes bâtons, et en marche !
Jour 1 du Tour du Beaufortain : Queige – Les Saisies (piste Covetan) :
Distance : 18,3 kilomètres
Dénivelé : 1390m D+ et 380m D-
Durée : 7 heures (10h – 17h)
Autant le dire tout de suite, la première journée n’est pas la plus épanouissante… Il s’agit surtout de monter à travers la forêt, parfois sur des sentiers raides. Le temps était nuageux ce lundi et c’était donc l’idéal pour ne pas avoir trop chaud, et tant pis pour les paysages…puisque de toute façon il y avait peu d’occasions d’avoir une vue dégagée !
Ces conditions m’ont permis d’avoir un bon rythme et de m’élever assez rapidement. Petite pause le midi au lac des Saisies, qui n’est pas vraiment un lac d’ailleurs. Il s’agit d’une grande zone humide, dénommée “la tourbière des Saisies”. J’ai fait un détour de 1,2 km aller / retour pour voir ce lieu. La flore y est assez unique puisque le sol est très acide et seuls quelques écosystèmes peuvent y prospérer.
A la recherche d’un endroit pour dormir
Vers 16h, j’arrive au refuge du Lachat, où je vois Hugo, un autre randonneur qui s’est garé en même temps que moi le matin sur le parking et qui fait le trek avec son berger australien. Un panneau indique que le bivouac est interdit dans la réserve naturelle des Saisies et qu’une zone a été aménagée plus loin le long d’une route départementale. On s’y rend et on constate que la zone ne fait pas rêver… C’est un parking au bord de la route, avec quelques tables. Mouais, ça nous embête royalement de planter notre tente ici et d’avoir le passage des voitures, même si c’est peu passant la nuit.
Un peu plus haut se situe la piste de ski du Covetan, que j’ai descendue plusieurs fois l’hiver dernier quand je suis venu aux Saisies. Il y a un petit replat avec un ruisseau à proximité. On décide d’y monter pour y poser nos tentes. Ce n’est pas le bivouac rêvé, car pas de vue dégagée mais c’est toujours mieux qu’au bord d’une route !
Un plat lyophilisé en guise de dîner et je me couche assez tôt, fatigué après cette première journée.
Jour 2 du Tour du Beaufortain : Les Saisies (piste Covetan) – Refuge de la Roselette
Distance : 19,6 kilomètres
Dénivelé : 810m D+ et 500m D-
Durée : 8 heures (7h30 – 15h30)
Debout à 6h30 et départ 1 heure plus tard avec Hugo. C’est toujours nuageux au réveil, alors que les prévisions météos indiquaient de belles éclaircies. On commence à marcher pour se diriger vers le Chard du Beurre, un sommet des Saisies à 1 900 mètres d’altitude. Au fur et à mesure, on passe au-dessus de la couverture nuageuse pour notre plus grand bonheur.
J’ai pique-niqué systématiquement à ce sommet quand je venais skier car la vue y est juste incroyable. C’est d’ailleurs sympa d’y revenir l’été car les paysages sont totalement différents ! J’étais habitué à voir les horizons recouverts de neige, alors que le vert est la couleur dominante en été. Le Mont Blanc nous fait face, en contrejour, et autour de nous se dresse la muraille des Aravis et les sommets du Beaufortain avec la mythique Pierra Menta.
Le grenier à neige de la Savoie
Redescente ensuite au col de la Lézette et on traverse les Saisies. L’espace skiable est grand et on voit de nombreuses remontées mécaniques. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus beau évidemment pour une randonnée, mais je ne peux pas trop critiquer car je suis bien content qu’elles soient là l’hiver venu !
Petit détour par le Mont Clocher avec une superbe vue sur le Mont Blanc. Mais pas hyper calme car il y a un chantier à proximité pour installer un nouveau télésiège débrayable 6 places. L’exploitation des montagnes se poursuit pour aller toujours plus vite et plus haut… Les Saisies, malgré la relative faible altitude, sont surnommées “le grenier à neige de la Savoie” car les courants froids du Mont Blanc permettent un enneigement très satisfaisant. Mais jusqu’à quand va-t-on continuer à investir dans des remontées mécaniques supplémentaires au lieu d’investir dans des projets de transitions en montagne pour développer la viabilité à l’année de ces territoires ?
On poursuit sur une piste en terre pour atteindre le col de Véry, où se trouve le refuge de la Croix de Pierre. On pensait déjeuner ici mais on a eu la mauvaise surprise de trouver celui-ci fermé. Étrange en plein mois d’août !
Les Contamines, un endroit magique été comme hiver !
Tant pis, on continue pour se diriger vers les Aiguilles Croche et basculer dans la vallée de Hauteluce, un de mes endroits préférés de Savoie ! Le sentier en balcon est magnifique avec la vallée en contrebas et le lac de la Girotte en face. On pensait que ça serait relativement plat jusqu’au col du Joly mais il y a une portion bien raide qui fait mal aux jambes quand on a le ventre vide et qu’il fait très chaud !
On fait une bonne pause à une cascade pour se rafraîchir avant de poursuivre et d’atteindre le col du Joly vers 14h. Ce col est magnifique et est accessible via la télécabine de la Ruelle en hiver, tout au fond de la vallée de Hauteluce, pour ensuite pouvoir accéder au domaine skiable des Contamines. J’y suis venu 11 fois l’hiver dernier pour skier, j’adore vraiment cet endroit ! Le Mont Blanc, gigantesque, est juste en face.
On s’arrête manger au restaurant Chez Gaston : une grosse assiette de fromages / charcuterie de la région. Parfait pour reprendre des forces !
Même si on est très lourd après ce repas, ce n’est pas bien grave car il ne nous reste plus que 30 minutes de marche avant l’étape du soir. On se dirige vers le refuge de la Roselette, sur les pistes de ski des Contas, où une zone de bivouac magnifique a été aménagée. On y plante nos tentes et on peut accéder aux douches et boire une bonne bière après cette belle journée de randonnée !
Le soleil descend dans le ciel et le massif du Mont Blanc change de couleurs pour prendre des teintes rose / rouge. Vivement cet hiver pour revenir skier ici !
Jour 3 du Tour du Beaufortain : Refuge de la Roselette – Plan Mya
Distance : 19,1 kilomètres
Dénivelé : 900m D+ et 890m D-
Durée : 7 heures (8h00 – 14h45)
Le réveil est plus difficile ce matin, je suis bien emmitouflé dans mon sac de couchage et je n’ai pas envie d’en sortir !
Hugo est parti très tôt car il comptait faire une grosse étape. Je n’ai pas de contrainte de temps alors nos chemins se sont séparés ici. Mais il avait déjà pas mal randonné dans le Beaufortain et ses conseils m’ont fait modifier l’itinéraire initial que j’avais imaginé. Donc merci à lui !
Je décolle vers 8h et me dirige vers le refuge des Prés. A partir d’ici, le Tour du Beaufortain rejoint pendant quelques kilomètres le sentier du Tour du Mont Blanc, que j’avais fait en 2019. L’affluence se fait sentir et je vois énormément de monde sur le chemin. Venir marcher plusieurs jours en montagne n’est plus réservé à une communauté de passionnés, mais est une activité qui s’est démocratisée très vite. Tant mieux pour les territoires de montagnes et les gens qui vivent du tourisme, et tant pis pour ma tranquillité matinale en ce jour !
Le Bonhomme
Le sentier se dirige vers le col du Bonhomme, et je me rappelle que ce n’est pas le col le plus facile… Souvenir rapidement confirmé : il est assez long, raide… Durant la montée, je fais la rencontre de deux jeunes australiens, tout juste arrivés dans les Alpes pour passer quelques mois à travailler en Suisse après. Ils font le Tour du Mont Blanc et sont absolument fascinés par les paysages et ces montagnes majestueuses. Quand je leur dis que je vis à 45 minutes d’ici, ils ont la même réaction : “oh, you live in paradise, you know that ?!”. Et oui, je suis d’accord avec eux !
Rendu au col du Bonhomme, à 2 329 mètres d’altitude, petite pause avant de poursuivre car la montée n’est pas pour autant finie. Et oui, un autre col est juste après : le col de la Croix du Bonhomme, à plus de 2 400 mètres. Je ne sais pas qui c’est ce bonhomme mais il aurait pu mettre sa croix au même endroit que ses fesses…
La montée n’est pas très longue mais se déroule dans les rochers donc pas très rapide. Malgré la brume aujourd’hui, j’aperçois le lac de Roselend en contrebas et quelques sommets de la Vanoise.
Peu après ce nouveau col, j’arrive au refuge portant le même nom. C’est un gros refuge des Alpes car plusieurs treks connus y passent : le Tour du Mont Blanc, le Tour du Beaufortain, et le GR5 (la Grande Traversée des Alpes). Il y a déjà du monde et pas envie d’attendre 1 heure pour manger.
La crête des Gittes
Je réchauffe un lyophilisé que je déjeune en contemplant ce qui va arriver ensuite : la crête des Gittes !
Elle culmine à 2 539 mètres et est longue de 2 kilomètres. Le sentier fut taillé dans la montagne par le 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins vers 1910. L’objectif était d’y installer des batteries d’artillerie pour protéger la frontière. Ça n’a jamais vu le jour mais au moins il y a un beau sentier de randonnée désormais !
Je m’engage sur la crête avec un ciel relativement dégagé. Mais très vite, des nuages arrivent et je me retrouve dans le brouillard ! Sensation assez féérique : la brume m’enveloppe puis se dissipe d’un coup laissant apparaître les paysages, puis de nouveau dans la brume… Les nuages vont vite, donnant l’impression d’être vraiment en haute montagne.
Le sentier est plutôt facile mais peut impressionner les personnes sujettes au vertige car ça reste une crête avec un vide ou des pentes raides de chaque côté parfois. Moi j’ai adoré ce passage de deux kilomètres ! Au bout, le lac de Roselend s’est déjà bien rapproché.
Descente pour atteindre la route du col de Roselend, où il y a énormément de monde car possibilité de nombreuses balades à la journée à faire. Je poursuis pour atteindre le refuge de Plan Mya. J’installe mon bivouac sur les hauteurs avec de jolies fleurs juste à côté de ma tente.
Le lac de Roselend
Douche froide au refuge et je me rends ensuite à un très joli belvédère juste au-dessus du lac de Roselend, plus grand lac du Beaufortain. Au retour à ma tente, un agriculteur vient à ma rencontre pour me demander de bouger ma tente. Je me suis installé sur un terrain lui appartenant et il ne veut plus de bivouac car ça abîme l’herbe des alpages pour ses vaches. Il produit du Beaufort (un de mes fromages préférés) alors c’est pour la bonne cause. Je replie mes affaires et bouge un peu plus loin.
Jour 4 du Tour du Beaufortain : Plan Mya – Lac d’Amour
Distance : 13,9 kilomètres
Dénivelé : 930m D+ 540m D-
Durée : 7 heures (8h20 – 15h30)
Départ un peu avant 8h30. Grâce aux conseils de Hugo, j’ai modifié cette étape : au lieu de poursuivre le long des hauteurs du lac de Roselend, je reviens sur mes pas jusqu’à la route. Je fais du stop et la première voiture qui passe, un couple de lillois en vacances, s’arrête. Ils me déposent 2 kilomètres plus loin, à l’entrée de la Combe de la Neuva. J’aurais pu le faire à pied mais marcher le long de la route, avec des travaux en plus, ne me tentait pas du tout pour commencer cette journée !
La combe de la Neuva : coup de cœur !
Bref, me voici à l’entrée de cette belle vallée. Je ne mets pas longtemps à comprendre pourquoi Hugo m’a conseillé de passer par là. C’est magnifique ! Il y a des cours d’eau, des fleurs, des troupeaux de vaches, et le Mont Blanc nettement visible. Ça monte progressivement mais ce n’est pas difficile. Je prends le temps de contempler le paysage et d’observer la nature. La Combe de la Neuva est un vrai coup de cœur de ce Tour du Beaufortain !
Je double un frère et sa soeur, respectivement 73 et 75 ans, habitant à Queige. Ils randonnent très souvent dans les Alpes, y compris pour passer les hauts cols et quelques sommets… C’est beau d’être autant en forme à cet âge !
La Combe de la Neuva devient plus raide sur la fin, à l’approche du col du Grand Fond, culminant à 2 671 mètres tout de même. La fin est pentue et se fait à travers un pierrier et un névé.
Mais quelle récompense ! D’un côté, la combe de la Neuva et le Mont Blanc ; de l’autre, le lac de Presset et la Pierra Menta ! Je reste 30 minutes à ce col, profitant de ce paysage somptueux.
Le lac de Presset et la Pierra Menta
Vient le temps de la (courte) descente vers le lac de Presset, avec le refuge juste à côté. J’y arrive à midi, parfait pour y prendre le déjeuner. Au menu : une énorme omelette au fromage !
De la terrasse, j’ai tout le temps d’observer le chemin que je vais prendre par la suite. Ce chemin n’apparaît pas sur les cartes IGN, mais il est incroyable !
Je quitte le refuge une fois bien repu, en me dirigeant vers le col du Bresson. Mais juste avant celui-ci, je bifurque vers la gauche et me dirige droit sur la Pierra Menta. Les derniers mètres se font en mettant les mains sur la roche et en grimpant un peu. Mais ça y est : je suis au pied de la Pierra Menta, et je peux même toucher cet énorme rocher !
Panorama à couper le souffle avec le lac d’Amour, le lac de Roselend, les glaciers de la Vanoise et la Grande Casse… Incroyable ! On aperçoit deux grimpeurs sur une paroi de la Pierra Menta. La vue doit être pas mal de là-haut aussi !
Le lac d’Amour, plus beau spot de bivouac !
C’est ici que je rencontre Thibault, un gars de 32 ans d’Annecy, qui fait le tour du Beaufortain aussi. On sympathise et on poursuit ensemble pour descendre vers le lac d’Amour, à 2 250 mètres, où on s’arrête vers 15h30. Ce lac est LE spot de bivouac du Beaufortain, un lieu magique. Un plateau bien plat avec de l’herbe, le lac à la couleur incroyable, la Pierra Menta juste en face… Difficile de faire mieux !
Pour préserver la nature, il est désormais interdit de se baigner dans les lacs du Beaufortain. La crème solaire, les savons, le piétinement des fonds…abîment ces écosystèmes fragiles. Je vais me laver en aval du lac, où il y a des cascades (en utilisant un savon biologique je précise !).
Je ne me lasse pas d’observer le lac et les alentours. Au point que vers 18h30 je prends mon réchaud, un plat lyophilisé etc…et je monte sur une colline au-dessus du lac pour dîner et avoir une meilleure vue.
Avec le soleil qui descend, c’est un spectacle unique. Le lac est un vrai miroir et tout s’y reflète. On a même du mal à distinguer le vrai paysage du lac ! Je comprends pourquoi le lac d’Amour est si recommandé pour le bivouac !
Le soleil se couche derrière la chaîne des Aravis, mettant en valeur la Pointe Percée, la Tournette et le Mont Charvin. La roche de la Pierra Menta devient d’un rouge puissant.
Ce quatrième jour du Tour du Beaufortain a vraiment été magnifique, mais ce n’est pas fini !
Jour 5 du Tour du Beaufortain : Lac d’Amour – Lac Tournant (par les lacs de la Tempête et sommet du Grand Mont)
Distance : 19,7 kilomètres
Dénivelé : 1290m D+ et 1530m D-
Durée : 9h30 (7h50 – 17h30)
Réveil tôt pour une journée indécise. J’ai deux options en tête : une plutôt facile, une autre dantesque… J’aviserai le moment venu en fonction de l’état de forme, de la météo etc…
Je quitte mon bivouac 5 étoiles un peu avant 8 heures (c’est mieux qu’un hôtel de luxe, je vous le garantis !). Quinze minutes plus tard, je suis au col du Coin à près de 2 400 mètres. Le soleil se lève et les premiers rayons du soleil commencent à transpercer les sommets pour illuminer la vallée et la réveiller de sa torpeur.
Descente vers le refuge de la Coire, où je fais une petite pause et discute avec les gardiens. Je rattrape Thibault puis on se quitte à une pause, il me rattrape, je m’arrête ensuite… Bref, on ne marche pas ensemble mais on n’arrête pas de se croiser !
Le sentier va désormais beaucoup descendre jusqu’au lac de Saint Guérin, en passant par le lac des Fées, avec une couleur transparente assez incroyable !
Ce petit lac des Fées ne paie pas de mine de loin, mais une fois auprès, le regard y plonge et s’y perd.
Le lac de Saint Guérin sous le soleil
Le lac de Saint Guérin, à 1 550 mètres, est un lac artificiel suite à la construction d’un barrage (comme celui de Roselend d’ailleurs). Il est situé juste au-dessus de la commune d’Arêches. C’est la troisième fois que j’y viens et la première avec un grand soleil. Enfin !
Il y a un parking et donc beaucoup de monde à s’y promener, à faire du canoë etc… Une passerelle himalayenne a été installée pour permettre de faire le tour du lac. Je fais une petite pause au bord du lac pour contempler sa belle couleur et les collines alentours.
Thibault me rattrape et me rappelle que c’est maintenant que je dois faire le choix de l’option facile ou de l’option difficile. La météo est belle, je suis fatigué après ces journées de rando mais j’ai encore de l’énergie, et Thibault est motivé. C’est vite décidé : direction les lacs de la Tempête et le sommet du Grand Mont !
On quitte donc le sentier officiel du Tour du Beaufortain pour monter vers les lacs en passant par le col de la Louze à 2 119 mètres. Il fait très chaud mais cette première montée s’est faite sans trop de difficulté. Vue magnifique depuis le col sur le lac de Saint Guérin et le Mont Blanc en arrière-plan.
Le calme avant la tempête
Les lacs de la Tempête sont un kilomètre plus loin. Bel endroit qui donne envie d’y poser la tente et de passer la nuit. Mais ce n’est que le début d’après-midi et on a encore des objectifs pour la journée !
On y fait quand même une bonne pause pour manger un repas lyophilisé et prendre des forces. Je remarque à ce moment-là que j’ai du mal à boire l’eau de ma gourde avec mon filtre, ce qui indique que ce dernier est bientôt à jeter.
Ensuite vient la montée de l’enfer..! Sur maps.me est indiqué un petit sentier montant au sommet du Grand Mont en partant des lacs. Il y a 600 mètres de D+, ce qui reste “classique” pour un trek en montagne, mais j’en ai rarement autant chié ! La montée est super raide et casse-gueule, dans les pierriers, puis dans des petits cailloux (tu fais un pas pour monter, les petits cailloux se tassent sous le poids du corps et te font redescendre…comme monter une dune de sable !)… Il n’y a pas un coin d’ombre évidemment car plus aucune végétation à cette altitude. Seulement de la roche !
Ce n’est pas un chemin à prendre pour ceux qui n’ont pas l’habitude la montagne, et on s’est fait la même réflexion avec Thibault : on était bien content de pas être tout seul ici ! Après de gros efforts, on rejoint le chemin “normal” qui part du col de la Louze. Le sommet n’est plus très loin et on l’atteint vers 15h30. Il n’y a personne à part nous !
Le Grand Mont, récompense ultime !
Quel panorama à 360 degrés incroyable, juste dingue ! On voit absolument tout : le massif du Mont Blanc, la chaîne des Aravis, les glaciers de la Vanoise, les Bauges, Belledonne, et même les Hauts-Plateaux du Vercors au loin. Je me rends compte par la même occasion que je reconnais désormais très bien les différents sommets et massifs des Alpes du Nord !
C’est assez bluffant de voir autant de massifs montagneux depuis ce sommet qui culmine à 2 686 mètres. Je ne regrette pas d’avoir choisi l’option difficile après avoir vu ça !
On reste trente minutes là-haut avant d’entamer la descente. Mais on ne prend pas le même chemin qu’à la montée, heureusement !
La descente me paraît bien difficile après tous les efforts de la journée. Notre objectif était de rejoindre le refuge des Arolles pour bénéficier d’une bonne douche et boire une bière.
Passage par le lac Cornu et le lac Seston, aux couleurs somptueuses et qui donnent envie de s’y arrêter. Mais on résiste à la tentation en se disant que la journée du lendemain va être longue si on stoppe ici.
Peu après, on arrive au lac Tournant, posé dans une belle prairie avec une cascade et de l’herbe. Cette fois, on s’y arrête. On n’a pu la force de continuer jusqu’au refuge, qui n’est pourtant qu’à 2,5 km. Mais cet endroit se prête à merveille pour le bivouac alors tant pis pour la bière. Il est 17h30 et je vais me baigner dans l’eau glacée du ruisseau.
On dîne tôt et on est dans les sacs de couchage dès 20h30. Assommés par cette journée éreintante mais magnifique !
Jour 6 du Tour du Beaufortain : Lac Tournant – Arêches
Distance : 9,94 kilomètres
Dénivelé : 90m D+ et 1050m D-
Durée : 3 heures (7h00 – 10h)
Malgré la grosse fatigue, je n’ai quasiment pas dormi… Je me suis levé deux fois dans la nuit pour vomir. Soit j’ai bu de la mauvaise eau (avec mon filtre qui commence à montrer des signes de fatigue…), soit petite insolation à cause des efforts sous un gros soleil hier. Je ne saurai jamais la cause mais le résultat est le même : je me réveille en piteux état ! Pas possible de beaucoup manger au petit-déj, et sans énergie.
Levé très tôt du coup, tout comme Thibault. Je lui dis de ne pas m’attendre, que je vais être un boulet aujourd’hui et je ne veux pas le ralentir car il a un impératif et doit être assez tôt à Annecy.
Je fais les deux kilomètres de montées-descentes jusqu’au refuge des Arolles. Il me reste théoriquement encore 15 kilomètres et 1 700 mètres de D- jusqu’à la voiture mais je suis déjà épuisé. Je n’ai pas l’envie ni l’énergie… De plus, cette dernière journée n’est pas très intéressante, comme la première, car il s’agit surtout de sentiers dans la forêt.
Option rapide pour finir le trek
Au refuge, il y a un chemin qui descend droit vers Arêches, d’où il y a sûrement des bus pour aller vers Queige. Ou bien des véhicules pour faire du stop. Si je continue sur le sentier officiel du Tour du Beaufortain, je n’aurai pu d’échappatoire à part l’obligation de finir à pied jusqu’à Queige. Ma décision est prise : je n’ai pas envie de prendre de risque inutile et je descends vers Arêches, à 7 km. C’était la décision la plus sage je pense.
J’arrive à Arêches vers 10h. Je passe par hasard devant l’office du tourisme et le mec me renseigne qu’un bus gratuit part dans 30 minutes depuis la petite place à côté pour aller à Queige. Parfait !
A 11h, je suis de retour à ma voiture sur le parking près du plan d’eau de Queige. Et à midi j’arrive chez moi à Chambéry pour me reposer de ces aventures !
Le Tour du Beaufortain est un trek à la hauteur de sa réputation ! Je n’ai pas été déçu tant les paysages sont magnifiques. Malgré le petit imprévu de la dernière nuit, malgré les nombreuses remontées mécaniques du deuxième jour, malgré le côté monotone du premier jour dans la forêt… Malgré tout ça, ce trek est une merveille !
Les alpages et le pastoralisme encore bien présent, les lacs aux couleurs incroyables, les sommets magnifiques et les panoramas grandioses sur les Alpes du Nord : un mélange idéal pour une belle semaine de trek !
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