« J’ai foi en le Chili et dans son destin » 

Salvador Allende

Je suis de retour au Chili désormais, dans la capitale. Ville méga-grande : 6 millions d’habitants, soit 1/3 de la population du pays.

Pour me rendre à un hôtel que j’avais repéré, il y a un métro qui part du terminal de bus et arrive presque devant. Je ne savais même plus que ça existait ce moyen de transport ! C’est trop facile, même pas de combis, truffis ou autres colectivos à chercher comme dans mes précédents pays. Mais bon, après le trajet en bus de 10 heures, ce n’est pas plus mal !

La première nuit, on se fait réveiller à 1h du mat’ par…un séisme ! Il n’était pas fort mais pour nous autres qui ne sommes pas habitués, c’est tout de même flippant de voir les vitres et les lits trembler…Ça commence bien !

Grosse claque au Musée de la Mémoire

Sur conseils de plusieurs routards rencontrés, je suis allé visiter le Musée de la Mémoire et des Droits Humains.

Chili Santiago Musée de la Mémoire des droits humains

On se prend une grosse claque en visitant ce musée. Il évoque Salvador Allende, la dictature de Pinochet et toutes les horreurs commises par cet Hitler Sud-Américain.

Je vais expliquer un peu tout ça, car cette histoire sombre du Chili mérite d’être plus connue.

Le sauveur Salvador Allende

Le Chili a connu tout un tas de juntes militaires, de dictateurs, et de coups d’états. Toutes ces personnes avaient l’objectif de vendre le pays et ses ressources immenses aux pays capitalistes, quitte à massacrer leur propre peuple (jusque-là, rien d’extraordinaire pour un pays d’Amérique Latine…).

Mais en 1970, Salvador Allende arrive au pouvoir après des élections. Il a un programme s’inspirant de l’idéologie marxiste et ne cache pas son amitié avec Che Guevara et Fidel Castro. Guevara dira d’ailleurs qu’Allende cherche à faire comme la Révolution Cubaine mais par d’autres moyens (sans les armes).

Bien sûr, les USA ne voient pas ça d’un bon œil et Kissinger dira même : « Je ne vois pas pourquoi nous nous croisons les bras sans agir alors qu’un pays devient communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple ». Dire que ce type a été prix Nobel de la Paix alors qu’il devrait être en prison… Bel exemple du respect de la démocratie en tout cas !

Allende met en œuvre une réforme agraire pour redistribuer aux petits paysans leurs terres qui avaient été volées par les grands propriétaires terriens et les multinationales nord-américaines. Il nationalise les gisements de cuivre (premier exportateur mondial), et d’autres secteurs importants afin que la richesse du pays appartienne au peuple et non aux grands monopoles.

Chili Santiago Salvador Allende
La vengeance des USA

Les USA coupent alors tous les crédits et tentent d’imposer un embargo sur le cuivre chilien (ils aiment ça les embargos !).

Mais le 11 septembre 1973, l’armée, avec l’aide de la CIA et le financement de l’Oncle Sam, déclenche un coup d’état. Allende est retranché dans le palais présidentiel de la Moneda. Le palais est bombardé par les avions et les tanks de l’armée. Les images feront le tour du monde et sont hallucinantes. Bombarder ainsi un président démocratiquement élu sans qu’aucun autre pays ne bouge le moindre petit doigt…

Patria o muerte

Comme beaucoup de révolutionnaires (Castro, Guevara, Chavez, Sandino…), il pensait « Patria o muerte » (la Patrie ou la mort). Il ne s’est donc pas rendu et s’est suicidé dans la Moneda. Dans sa dernière allocution à la radio (que l’on peut entendre au musée), il déclara : « Ce sont mes dernières paroles, j’ai la certitude que le sacrifice ne sera pas vain. J’ai la conviction, du moins, qu’il y aura une sanction morale qui châtiera la félonie, la lâcheté et la trahison. »

La dictature criminelle de Pinochet

Le général Pinochet dirige la nouvelle junte. Il annule les réformes d’Allende et adopte une nouvelle constitution. Commence alors une répression atroce : 300 000 sympathisants de gauche, communistes, syndicalistes, et militants sont arrêtés. 35 000 sont torturés dans des camps partout dans le pays et des milliers sont exécutés ou disparus. Même des enfants et des adolescents font partie des victimes…

Un immense mur dans le musée expose les visages de tous ces morts et disparus, pour leur rendre hommage. Impressionnant…

Aucune condamnation…

L’opposition se reforme petit à petit et des élections sont organisées en 1990 (soit presque 20 ans après la prise de pouvoir de Pinochet). Pinochet est arrêté une première fois en 1998, puis 2001… Plusieurs procédures judiciaires ont été tentées mais toutes ont échouées. Il meurt en 2006, à 91 ans, sans jamais n’avoir été condamné. Alors qu’il aurait dû mourir dans une cellule comme un chien…

La justice chilienne n’est vraiment pas au top… Malgré un tribunal immense.

Chili Santiago tribunal justice
Con Allende siempre

Le musée en tout cas a été très intéressant, on peut facilement y rester trois heures. Il m’a vraiment passionné et en plus il est gratuit (bonne initiative pour que tout le monde y ait accès). C’est vraiment émouvant d’apprendre cette histoire. On écoute le dernier discours d’Allende, on voit les vidéos d’archives de la répression, on lit des articles sur les morts et les disparus avec la gorge serrée… Beaucoup de chiliens qui visitaient le musée avaient les larmes aux yeux. Vraiment un coup de cœur ce musée depuis le début de mon voyage…

Salvador Allende est encore bien présent dans la société chilienne, dans les esprits. Il faut conserver cet héritage et faire revivre ses idées dans ce pays.

Chili Santiago Allende

Visite du centre-ville de la capitale

Je me suis bien baladé également dans la ville, que j’ai trouvée plutôt bien pour une capitale. Il y a plusieurs places, jolies et bien animées.

Chili Santiago
Chili Santiago

On sent que ça bouge culturellement avec plein de peintres dans la rue, des gens qui te filent des invitations pour une expo ou un concert…

Mais il y a tout de même quelques rues assez calmes et de belles maisons anciennes (surtout dans le quartier Paris-Londres).

Chili Santiago quartier Paris-Londres

Voir la capitale de haut

Il existe un beau point de vue depuis le Cerro Santa Lucia.

Chili Santiago Cerro Santa Lucia

Mais qui ne vaut pas celui du Cerro San Cristobal dominant la ville, et d’où l’on peut voir les montagnes enneigées de la cordillère. Il permet aussi de se promener dans l’un des plus grands parcs urbain du monde (740 hectares, soit 2 fois Central Park). Dommage que le nuage de pollution gâche la vue !

Chili Santiago Cerro San Cristobal

A ma grande surprise, j’ai bien aimé Santiago (normalement, je n’aime pas trop les grandes villes, donc la capitale avec ses 6 millions de personnes me faisait un peu peur !). C’est grand, moderne, animé… Mais vous l’aurez compris, j’ai surtout aimé le Musée de la Mémoire.

Et comme a dit Allende :

 » ¡ Viva Chile, Viva El Pueblo, Vivan Los Trabajadores ! »

Catégories : Chili

4 commentaires

Buenos Aires - Du 04/12 au 11/12/2015 - Y a qu'à rêver · 20 décembre 2018 à 13h32

[…] généraux, pilotes des avions de la mort…) ont été jugés et condamnés à perpétuité. Le Chili devrait suivre cet […]

Mendoza et la Route des Andes - Du 22/09 au 25/09/201 - Y a qu'à rêver · 21 décembre 2018 à 14h08

[…] me voila désormais de nouveau au Chili, dans la capitale […]

Valparaiso - Du 28/09 au 01/10/2015 - Y a qu'à rêver · 21 décembre 2018 à 18h23

[…] 1h30 de bus seulement depuis Santiago, j’arrive à Valparaiso, ou Valpo. Je me fais aborder dans la rue par un français qui vit […]

La Ruta del Che en Bolivie : La Higuera et Vallegrande - Y a qu'à rêver · 23 décembre 2018 à 13h15

[…] Certains ont pu s’échapper, et atteindre le Chili où ils ont été aidés par un autre grand Monsieur de l’Histoire de ce continent :…. […]

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