« Il n’est pas signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société malade »
Jiddu Krishnamurti
Après un peu plus de 6 mois de voyage en Asie, me voici désormais à Singapour. Cette ville – État marque un vrai changement par rapport à ce que j’ai pu voir auparavant. Les grattes-ciel ont été la solution pour faire vivre les 5 millions d’habitants occupant ce minuscule territoire.
La ville de l’argent
C’est aussi la ville la plus chère au monde ; il faut donc être débrouillard pour visiter sans se ruiner ! J’ai logé les 2 premières nuits chez un russe expatrié ici depuis 2 ans, via le site couchsurfing. Andreï vit en plein centre-ville, dans un appart de taille plutôt modeste mais avec un loyer de 2 500 dollars par mois ! Les voisins ont tous des Ferrari et Porsche dans les garages…
Après quelques jours, je n’étais même plus surpris de voir une Maserati ou Lamborghini dans la rue ! Sachant qu’ici les véhicules coûtent 3 fois plus chers qu’en France à cause des taxes, je vous laisse imaginer combien coûte ce genre de bolide !
Andreï m’aura donné beaucoup de conseils pour visiter la ville, et on aura pas mal causé de nos voyages respectifs. Il a aussi vécu en Estonie auparavant, et souhaite désormais s’expatrier en Espagne. Il m’a avoué ne pas vouloir retourner en Russie tant que Vladimir Poutine sera président.
Une bonne expérience ce couchsurfing ! Cependant, c’était plus dur de trouver un autre hôte pour les jours de semaine, donc je me suis rabattu sur une auberge située elle aussi en plein centre-ville. 15 euros la nuit, aïe !
Un autre record : c’est la ville qui compte le plus de millionnaires au monde. Ça sent l’argent par ici et les gens ne s’en cachent pas.
Évidemment, un p’tit routard comme moi arrivant ici est un peu l’intrus dans ce joli tableau. D’ailleurs, à la sortie de l’avion, la douane fouille le sac d’une seule personne parmi tous les passagers. Qui ? Moi bien sûr ! Dommage pour eux, je suis en règle !
Une liste d’interdits longue comme le bras
C’est un petit exploit d’être en règle dans cette ville vu tous les interdits. Beaucoup de voyageurs se font avoir car il est interdit de transporter des…chewing-gums ! Non non, ce n’est pas une blague… C’est pour préserver la propreté de la ville, une obsession des autorités.
Ayant visité plutôt des pays pauvres ou en développement auparavant, j’ai été stupéfait de la propreté. La ville la plus clean que j’ai vu de ma vie ! Pas un papier par terre, pas un mégot… Si les policiers vous surprennent, c’est 500 dollars d’amende. On ne voit aucun policier d’ailleurs dans les rues, bizarre non ? Il y a des caméras de surveillance absolument partout et la plupart sont habillés en civil donc incognito ! Comment devenir parano…!
Une pluie d’amendes
Pour rejoindre le centre-ville depuis l’aéroport, j’ai pris le métro, véritable fierté des singapouriens. Il va absolument partout, et on n’est jamais très loin d’un arrêt. Pratique pour se déplacer et visiter ! Lui aussi est très propre, on pourrait y manger par terre. En fait non, car manger ou boire dans le métro entraîne aussi 500 dollars d’amende.
Se balader à pied est agréable, malgré la chaleur humide (climat équatorial). Grâce à un réseau de transports publics parmi les plus efficaces au monde, il y a peu de circulation. Les avenues sont tout de même larges, les trottoirs sont en bon état et tout est fait pour que le piéton soit en sécurité. Un peu trop même ! Il y a des panneaux partout pour indiquer de ne pas faire ça, de respecter ceci…
Les singapouriens sont bien éduqués et attendent tout le temps que le p’tit bonhomme soit vert pour traverser, même s’il n’y a absolument aucune voiture à l’horizon. Ce non-respect vous coûtera aussi 500 dollars si vous vous faites chopper ! Mais après 6 mois de voyage à traverser des 4 voies dans les grandes villes en slalomant entre bus, scooters, voitures, camions…j’ai totalement perdu le réflexe de regarder si le bonhomme est vert ou rouge pour traverser. Heureusement, je n’ai pas été surpris et pas eu d’amende. Ouf !
C’est bon, on peut visiter ?
Une fois que j’ai plus ou moins assimilé toutes ces règles (plutôt moins que plus d’ailleurs), j’ai pu visiter la ville. Comme toutes les métropoles du monde moderne, c’est une ville multiculturelle.
En 1819, Sir Thomas Stamford Raffles achète l’île de Singapour pour créer un comptoir de commerce. L’Empire Britannique fait venir des chinois et indiens en masse pour travailler. L’île passe sous contrôle japonnais pendant la seconde guerre mondiale, avant d’être reprise par les anglais. Puis Singapour est intégrée à la Malaisie avant d’être définitivement indépendante en 1965. Tous ces changements ont donné cet aspect multiculturel.
L’inévitable Chinatown
Les chinois représentent tout de même 75% de la population. Le Chinatown est de ce fait assez grand, mais je l’ai trouvé assez calme pour un quartier chinois où normalement c’est tout le temps le bordel. Ça reflète l’ambiance aseptisée de la ville…
LMais c’est dans ce quartier que j’ai pris la plupart de mes repas. La vie coûte très chère à Singapour, sauf pour la nourriture. Le secret ? Aller dans les food court ! Il s’agit de grandes cantines avec beaucoup de stands proposant des repas pas chers. Le People’s Park Food Court est le plus économique que j’ai trouvé : je mangeais de bons plats en quantité pour 2,5 euros. Pour le trouver, il faut aller au sous-sol d’un centre commercial. C’était bondé de locaux !
Il y a aussi plusieurs vrais restos dans Chinatown mais assez attrape-touriste je pense (bien que je ne les ai pas testé du coup).
Dans ce quartier, on trouve encore des maisons traditionnelles de Singapour, contrastant avec les immenses buildings derrière.
Le meilleur endroit que j’ai trouvé pour voir ces shophouse (le nom de ces maisons d’époque) est la rue Tanjong Pagar. Elles sont vraiment jolies avec les différentes couleurs et la forme des fenêtres.
Little big India
Un autre quartier intéressant est Little India. En vrai, il n’est pas très « little« , il est même plutôt « big » ! Les indiens ne représentent que 10% de la population, bien que j’ai l’impression d’en voir tout le temps et partout… Dans ce quartier, on trouve l’inévitable temple hindou comme dans chaque quartier indien. Je l’ai visité durant une cérémonie donc intéressant.
Se balader dans Little India est un bonheur pour les couleurs et les odeurs d’épices. C’est marrant car la semaine dernière, un voyageur rencontré m’avait dit qu’il n’y a que dans les quartiers indiens des villes étrangères que c’est le cas. En Inde, ça sent juste la merde partout en fait…!
J’ai particulièrement apprécié me balader ici car les règles ont l’air un peu plus flexibles. Le mec qui réussira à faire attendre un indien à un feu rouge n’est pas encore né ! C’est un quartier vivant comme j’aime, avec plein de délicieux restos pas chers (mmmmh la bouffe indienne !).
Quartier arabe branché
Juste à côté de Little India se trouve le quartier malais, ou quartier musulman, avec Arab Street. Il est connu pour abriter la plus grande mosquée de la ville. Toutes les religions sont présentes à Singapour donc on trouve des temples bouddhistes et hindous, des églises catholiques, des mosquées, des synagogues..
Ce quartier devient de plus en plus à la mode pour les sorties et on trouve des bars sympas dans Haji Lane Street. Bon, c’est très « hipster » donc pas l’ambiance qui me correspond ! Mais ça vaut la peine d’y venir pour apprécier le street art (il n’y a que là qu’on trouve des graffitis de toute façon car évidemment c’est interdit).
Quartier des affaires
Mais l’endroit le plus connu de Singapour et qui a fait sa renommée est la Marina Bay et le quartier des affaires. On y trouve les plus hauts grattes-ciel, ces colosses de verre et de béton. C’est le reflet de la réussite fulgurante de la ville, qui attire aujourd’hui les plus grandes entreprises et de nombreux expatriés. C’est le 3ème pays au monde en terme de PIB par habitant. Il doit ce développement économique à son port, le 2ème au monde, mais aussi à sa puissante place financière.
Une armée d’êtres économiques
Dans ce quartier, que des hommes en costard les yeux braqués en permanence sur leurs téléphones. Ils gagnent beaucoup d’argent, certes, mais par pitié euthanasiez-moi si je ressemble à ça un jour ! Ces fameux gens toujours pressés…
Le smartphone est un vrai problème ici, et non une avancée. Dans le métro, c’est juste impensable : j’étais en permanence le seul sans regarder mon téléphone (à la fois, je n’en ai pas donc pas compliqué pour moi). Personne ne se parle, personne ne se dit bonjour ou fait un sourire… C’est d’une tristesse ! La ville étant moderne, tout est « connecté ». Ainsi, pour utiliser les vélibs, il faut un smartphone donc impossible pour moi… Pas de smartphone, pas de vélo !
La démesure du Marina Bay Sands
Le nouveau symbole de la ville est le Marina Bay Sands. C’est un complexe immense regroupant un hôtel de luxe avec 2 500 chambres, un casino, un centre commercial chic où on peut faire une balade sur l’eau en barque… Les 3 tours sont liées par une sorte de planche de surf au sommet où se trouve la plus longue piscine à débordement du monde. La démesure !
Tous le soirs, on peut assister à un spectacle eau et lumière durant 15 minutes. C’est vraiment réussi pour le coup !
Singapour se visite la nuit
D’ailleurs, pour voir la ville sous son aspect le plus démesuré, le mieux est de se balader de nuit. Ne vous inquiétez pas, Singapour est la ville la plus sûre au monde. Vous pouvez vous balader avec une liasse de 10 000 dollars dans la main, personne ne viendra vous voler.
Les quais sont animés le soir avec une multitude de restos et bars. J’ai regardé les prix mais ça ne correspondait pas du tout à mon budget, donc je me suis contenté de m’y promener. C’est une zone uniquement piétonne, où il y a de belles photos à faire depuis les nombreux petits ponts.
Je suis également allé dans le quartier colonial où les anciennes grandes demeures ont été reconverties en hôtels, musées, ou bâtiments administratifs. C’est très calme la nuit, il n’y a pas grand monde dans ces rues !
En haut du Marina Bay Sands
Pour avoir la plus belle vue de la ville, il faut se rendre au 57ème et dernier étage du Marina Bay Sands. L’entrée n’est pas donnée mais ça vaut clairement le coup. J’y suis allé vers 17h30 pour voir la ville de jour. On voit aussi la mer avec une multitude de cargos et pétroliers au large.
Vient ensuite le coucher de soleil derrière les grattes-ciel.
Ce n’est toujours pas le moment de partir ! La nuit s’installe petit à petit et les lumières de la ville apparaissent. Du sommet, on peut assister à 19h45 au spectacle son et lumière du Gardens by the Bay (voir l’article 2 pour savoir de quoi il s’agit).
Bien que je préfère une belle nuit étoilée, il faut tout de même avouer que voir cette ville la nuit est assez unique.
Ni tout blanc, ni tout noir
La modernité de la ville est stupéfiante, surtout quand on sait que son développement a commencé très tard par rapport aux villes européennes.
Cependant, j’ai été moins enchanté par la surveillance et répression pour un rien. On devient parano à la fin ! Singapour est d’ailleurs décrite comme une « démocratie autoritaire » ou une « dictature bienveillante » par les diplomaties occidentales. Ici, pas le droit de contester le parti au pouvoir depuis 1965. Pas de liberté politique, de liberté de manifester…
Alors évidemment, Singapour est une des villes les plus avancées au monde en terme de sécurité, de santé, d’éducation… Mais tout est trop aseptisé pour moi. Je ne pourrai absolument pas vivre dans ce genre d’endroit ; je m’ennuierai et me sentirai comme une fourmi de plus (une fourmi avec un costard me répondront les jeunes cadres dynamiques !). Mais c’est un choix aussi des singapouriens, qui préfèrent sacrifier une partie de leur liberté pour la sécurité (mauvais choix selon moi…).
Des visites intéressantes
Par contre, c’est une ville cool à visiter durant quelques jours. J’ai aimé me promener dans les différents quartiers, avec chacun sa culture et ses particularités.
Finalement, ça ne m’a même pas coûté cher en plus : les transports publics ou la marche pour me déplacer, 5 euros par jour pour la nourriture… Surtout, je me suis bien démerdé pour le logement : 2 nuits en couchsurfing, 3 nuits en auberge et la dernière nuit à l’aéroport (classé comme le meilleur au monde depuis des années). Coût pour 6 nuits : 45 euros, ce qui n’est pas trop mal pour cette ville !
Lors de votre séjour à Singapour, pour fuir un peu cette société trop organisée, la ville possède de nombreux espaces naturels, aussi surprenant que cela puisse paraître ! Et ça, c’est dans l’article suivant !
5 commentaires
Bandar Seri Begawan : le guide de la capitale de Brunei - Y a qu'à rêver · 11 décembre 2018 à 15h48
[…] remarque pas vraiment en ville au final. Ce n’est pas la démesure ou le luxe ostentatoire de Singapour. On voit quelques belles voitures, les avenues sont larges et propres, des centres […]
Canggu et Padang Bai : profiter des plages de Bali - Y a qu'à rêver · 13 décembre 2018 à 10h56
[…] avion depuis Manille tard le soir, aux alentours de minuit. Contrairement à mon arrivée à Singapour ou aux Philippines, l’immigration ne m’a pas emmerdé. C’est déjà un bon début […]
Les requins-baleines d'Oslob et la précieuse Siquijor - Y a qu'à rêver · 14 décembre 2018 à 10h59
[…] une petite semaine à Singapour, me voici aux Philippines désormais ! Tous les voyageurs s’étant rendus dans ce pays […]
Singapour (2) - Du 31/03 au 06/04/2018 - Y a qu'à rêver · 14 décembre 2018 à 15h31
[…] Singapour côté ville, voici Singapour côté nature ! Avant de venir ici, je ne pensais pas devoir faire un […]
Boucle en scooter de Ha Giang : l'authenticité du nord - Y a qu'à rêver · 14 décembre 2018 à 22h10
[…] passe 2 nuits avant de prendre l’avion pour Singapour le 31 mars, après 1 mois au […]