« L’enfer, ce n’est pas les autres, c’est l’obligation de vivre avec eux. »
Sylvain Tesson
Pour ma semaine de vacances de mai, mon choix s’est porté sur un périple à vélo ! J’avais déjà essayé ce genre d’aventure durant 3 jours en Bretagne, mais cette fois-ci, direction le département de la Creuse pour en faire le tour durant 327 km, en 5 jours !
Mon projet à la base était de faire la Grande Traversée du Jura à vélo, mais les conditions météos m’ont obligé à revoir mes envies. J’ai cherché sur le site France Vélo Tourisme, qui est très bien fait et une bonne source d’infos, et ce Tour de la Creuse m’a paru comme la meilleure alternative !
L’organisation est simple, puisque contrairement à beaucoup d’autres itinéraires répertoriés sur le site, il s’agit d’une boucle. Le point de départ se situe à seulement 3h30 de voiture depuis chez moi, donc facile pour la logistique !
Et je ne voulais pas d’un itinéraire tout plat, type chemin de halage. Je recherchais un petit challenge sportif avec du dénivelé ! C’est parti !
Cliquez ici pour télécharger le fichier GPX du parcours.
Jour 1 : Crozant à Bénévent-l’Abbaye
Distance : 50 kilomètres
Je suis arrivé la veille au soir à Crozant, au camping municipal. C’était un mardi et tout était fermé, pas très vivant ! Mais au moins, j’ai pu démarrer tôt cette première journée. A 8h30, j’enfourche mon vélo et je descends du village pour atteindre le pont qui enjambe la Creuse.
Juste après démarre un petit sentier de randonnée pour aller au rocher de la Fileuse. Cela ne fait pas partie de l’itinéraire de la boucle à vélo mais je voulais m’y rendre car la réceptionniste du camping me l’a vivement recommandé. Ça prend une petite heure aller-retour, et le point de vue vaut le détour. On se trouve juste en face des ruines de la forteresse de Crozant, et du confluent de la Creuse et de la Sédelle.
Crozant est un village connu du secteur. Plusieurs raisons à cela : d’abord, il y a la forteresse datant du 13ème siècle. Puis le village est dans un endroit naturel très joli, qui a inspiré de nombreux peintres. D’ailleurs, on surnomme ce lieu la vallée des peintres. Bon, je suis incapable de vous citer les noms de ces artistes, car j’y connais rien du tout..! Mais s’ils venaient par ici s’installer et trouver de l’inspiration pour leurs peintures, ça veut dire que c’est pas dégueulasse comme endroit !
Après cette petite balade matinale, top départ pour la boucle à vélo !
L’office du tourisme de la Creuse a créé ce parcours, et après l’avoir fait, je peux vous dire qu’ils ont fait du très bon travail ! C’est bien balisé avec des petits panneaux aux intersections, l’itinéraire passe par les lieux d’intérêts du département, que ce soit naturel ou du patrimoine… Bref, une belle réussite !
Il n’y a pas de pistes cyclables, l’itinéraire emprunte uniquement des routes. Mais pas de panique, ce sont des routes avec une circulation quasi inexistante ! La Creuse est l’un des départements le moins peuplé de France, juste après la Lozère ! La densité n’est que de 20 habitants par km². Il n’y a déjà presque pas de circulation sur les axes principaux, alors imaginez sur les routes qui relient les petits villages et hameaux..! Bref, vous serez tranquille pour pédaler et vous ne respirerez pas les gaz d’échappement !
Cette première matinée se déroule bien, je suis encore frais physiquement et j’enchaîne les kilomètres facilement, malgré les montées / descentes à répétition. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. La Creuse ayant un climat continental, je suis là au bon moment car les hivers sont bien froids et les étés peuvent être étouffants à l’inverse !
Seul hic : mon vélo a un petit souci. J’ai l’impression de rebondir à chaque tour de la roue !
Après 25 kilomètres, j’arrive à la Souterraine, qui est une « ville » du département. En tout cas, assez grande pour avoir un réparateur de vélo ! J’y file après avoir acheté un sandwich à une boulangerie. Verdict : la jante n’est plus ronde, mais aplatie à un endroit, d’où ma sensation de rebondir lorsque je pédalais. Il a une jante correspondant à la taille de mon pneu, mais il va falloir changer le disque de frein aussi. Manque de bol, il est 12h et le garage ferme pour ne rouvrir qu’à 14h. Je mange mon sandwich en attendant.
A son retour, le réparateur change tout ça, et je peux repartir (mais pas mes plaquettes de frein arrière, qui sont mortes mais il n’en avait pas en stock). Morale de l’histoire : bien penser à vérifier son vélo avant de partir pour plusieurs jours ! Mon petit périple aurait pu s’arrêter après seulement 25 km si ce réparateur n’avait pas eu la bonne taille de jante ou le disque !
J’arrive à Bénévent-l’Abbaye vers 16h, après une raide montée. Je n’ai rien réservé comme hébergement et il n’y a pas de camping municipal ici. Je me balade au hasard dans le village, qui est plutôt mignon et animé (c’est pas la foule non plus hein, ça reste la Creuse !).
Par hasard, je vois un panneau indiquant « Aire de camping-car » et « Panorama Puy de Gaud ». La route qui y va monte sévèrement mais je me motive à aller voir. Bingo, le lieu est parfait pour un bivouac : la vue est splendide, il y a un robinet d’eau et des petites tables en bois.
L’avantage de la Creuse pour les amoureux de nature et de calme, c’est la faible densité de population. L’inconvénient de la Creuse pour un périple, c’est le manque de commerce dû à sa faible densité de population..! De ce fait, j’avais pris mon réchaud et 2 plats lyophilisés qui me restaient de précédents treks. Je mange donc au sommet du Puy de Gaud en contemplant le coucher de soleil, avant d’aller me mettre au chaud dans la tente.
Jour 2 : Bénévent-l’Abbaye au lac de Vassivière
Distance : 68 km
L’étape considérée comme la plus dure à cause du dénivelé ! Ah oui, car la Creuse, c’est pas du tout, mais alors pas du tout plat ! Il n’y a pas de haut col comme en montagne bien sûr, mais c’est sans arrêt des montées et descentes…
Il ne fait pas beau ce jour-là, au point que je roule les 2 premières heures sous une fine pluie. A vrai dire, ce n’est pas si grave car comme ça grimpe, j’ai moins chaud comme ça. Tant pis pour les paysages ! J’arrive rapidement au village de Châtelus-le-Marcheix, réputé beau, mais avec la pluie, c’est moins charmant. Je ne m’y attarde pas du coup.
Après ce village, les choses sérieuses commencent avec une très longue montée jusqu’au hameau de Villemonteix ! Les lacets, comme en montagne, s’enchaînent. Je suis obligé de faire une petite pause à 500 mètres de la fin car les cuisses sont en feu !
Puis descente jusqu’à Bourganeuf… Enfin, quand je dis descente, c’est pas si facile non plus. En Creuse, il n’y a pas de longues descentes, mais toujours une petite bosse qui vient briser ta vitesse et t’oblige à repédaler un peu pour grimper puis redescendre de plus belle.
Bourganeuf est assez grand, avec beaucoup de commerces. Il est 11h et j’en profite donc pour acheter à manger pour le midi, et aller dans un café pour me réchauffer. Je commande 1 litre de thé, que j’avale rapidement. Un papy était à table avec son verre de rosé déjà. On ne comprenait plus rien de ce qu’il disait, avec sûrement 3 grammes dans chaque poche. Triste…
Après Bourganeuf, deuxième grosse difficulté du jour avec une montée de 9,5 km jusqu’à Saint-Pardoux-Morterolles ! Les pourcentages ne sont pas élevés mais l’effort est en continu et long. Ça me convient : je n’ai pas de gros mollets pour appuyer comme un ours sur les pédales, par contre je suis endurant et capable de mouliner pendant 1 heure non-stop !
Une fois en haut, on entre dans le parc naturel de Millevaches en Limousin ! Bon, ça change pas grand chose aux paysages, mais c’est la petite récompense après le gros effort. Dans la descente, je m’arrête à la cascade des Jarrauds pour manger mon sandwich. Pour la petite anecdote, Bourganeuf a été la première ville française à recevoir l’électricité avec un lieu de production éloigné, grâce à cette cascade, en 1889 !
Les petits hameaux s’enchaînent ensuite, sur des routes désertes et un peu défoncées.
La fin de l’étape est dure physiquement. Après toutes les montées et le dénivelé positif avalé, je suis un peu cramé ! Je suis bien heureux quand je vois le lac de Vassivière, mon étape du soir. C’est le plus grand lac du département, mais il n’est pas naturel (suite à la construction d’un barrage). Je le longe quelques kilomètres avant d’arriver au Bistrot du Lac vers 14h45. Les premiers rayons de soleil commencent à percer l’épaisse couche de nuages. Je commande une bonne bière locale, puis vais m’installer au camping Bois et Nature, juste à côté. Un coin est réservé aux tentes, juste au bord du lac.
Le Bistrot du Lac fait aussi pizzeria, et elles sont plutôt bonnes ! Parfait pour le dîner !
Jour 3 : Lac de Vassivière à l’étang de la Naute
Distance : 64 kilomètres
Une météo maussade à nouveau au réveil. Il fait jour tôt fin mai, et je suis levé dès 7 heures. Départ à 8h30 en vélo. 4 kilomètres de petite montée jusqu’au village de Royère-de-Vassivière, le plus haut du parcours à environ 750 mètres d’altitude. Puis je file vers le lac de Taurion, très joli aussi.
Toujours pas de circulation à signaler, c’est calme et bucolique ! A noter aussi le nombre de buses que j’ai vu par jour..! Vu qu’il n’y a pas beaucoup d’habitants, la faune est bien vivante ici et donc les prédateurs aussi !
Passage par Felletin puis Aubusson, deux villes connues pour leur artisanat de la tapisserie, notamment la deuxième. Ce n’est pas un sujet qui me passionne spécialement, mais pour les intéressés il y a un musée à Aubusson. Je m’attendais à une ville très jolie, car assez connue dans le département. Mais j’ai été déçu, ne lui trouvant pas spécialement de charme ou d’intérêt.
Mais j’étais très content d’y arriver ! Pourquoi ? Car il y a un réparateur de vélo ici aussi (il y en a que deux d’ailleurs sur la boucle). Depuis Bénévent-l’Abbaye, je ne freine plus de l’arrière (soit environ 115 km !). Les plaquettes sont nazes. Donc uniquement le frein avant, y compris dans les grosses descentes. Mon passé de motard m’aide un peu (on freine à 70% de l’avant sur une moto), donc j’ai négocié toutes les descentes et virages sans faire de soleil heureusement ! Mais c’était quand même pas très safe !
Ce réparateur est génial, je lui mets 10/10 ! Celui de la Souterraine avait un très beau magasin, avec plein de vélos à vendre très chers, mais j’avais vraiment l’impression de l’emmerder à demander les réparations. Celui d’Aubusson, l’Atelier du Cycliste, a un local plus discret et sobre, mais il bricole super bien et super sympa. Je repars avec un vélo qui freine bien, et pu rien qui frotte et me ralenti (non seulement mes plaquettes étaient mortes, mais en plus elles étaient mal réglées et venaient frotter contre le disque, donc j’ai fait toute l’étape de montée d’hier avec cet inconvénient !). Merci en tout cas !
Je profite d’être dans cette ville pour manger dans un restaurant. En Creuse, on ne rigole pas avec les portions gargantuesques ! La quiche en entrée était aussi grande que l’assiette, et mon plat de spaghettis à la bolognaise aurait pu nourrir 2 personnes facilement.
Bref, je repars avec le plein de force, et un vélo en bon état. La montée de 8 kilomètres après la ville ne me fait pas peur et je la passe sans souffrir, malgré le soleil et la chaleur qui ont fait leurs apparitions !
A 14h30, j’arrive à un petit paradis : l’étang de la Naute. J’avais vu sur maps.me qu’il y avait un camping, mais je n’étais pas sûr de m’y arrêter car il était encore tôt et j’avais de l’énergie à revendre. Mais j’ai vite pris la décision de dormir ici !
L’étang est très beau, mais c’est surtout l’ambiance qui m’a convaincue. Le restaurant Les Copains d’Abord se trouve au bord de l’eau et est tenu par une équipe géniale. Philippe, le gérant, a créé le lieu comme un endroit culturel, avec des concerts, des animations, de la bonne nourriture… C’est style hippie et ça me plaît beaucoup ! Il n’y avait pas de concert le soir où j’étais mais c’était sympa de parler avec ces personnes. Léa, la proprio du camping, est elle aussi très sympa. Le camping est basique, avec juste un bloc sanitaire, mais l’essentiel encore une fois est ce qu’on ressent quand on est là. On se sent bien, au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes !
Je ne m’attendais pas à trouver ce genre d’endroit, un peu au milieu de nulle part, mais vraiment un coup de cœur ! Si j’avais été en voyage longue durée, je serai resté plusieurs jours, c’est sûr !
Jour 4 : L’Étang de la Naute à Châtelus-Malvaleix
Distance : 90 kilomètres
Départ dès 8 heures pour cette étape, la plus longue ! Je veux faire le plus de kilomètres possibles le matin, avant qu’il fasse chaud l’après-midi et que le vent se lève (vent du nord prévu, donc de face !).
Le début de cette étape est plutôt facile, toujours des montées / descentes mais plutôt courtes, et pour la première fois, des portions de plats de 2 kilomètres !
Après 25 km, je m’arrête à l’étang des Landes, réputé comme lieu d’observation des oiseaux. C’est le plus grand lac naturel de la Creuse.
Le portion suivante jusqu’à Chambon-sur-Voueize est facile et descendante. Chambon fait partie du classement des « villages préférés des Français ». Il est charmant avec ses petites ruelles, ses maisons en pierres et les volets de différentes couleurs… Je m’y suis baladé une petite demi-heure.
Dès la sortie du village, ça grimpe bien. Une biche traverse la route à 20 mètres devant moi !
Je roule ensuite un peu à l’économie, car je sais que l’une des plus grosses difficultés arrive ! Je double un couple en tandem, premiers touristes à vélo que je croise sur cette boucle ! Une petite pause s’impose au petit village de Bord-Saint-Georges, où je m’hydrate bien (il fait chaud déjà en cette fin de matinée) et mange des barres de céréales pour prendre des forces.
Ensuite, à partir du hameau de Ventenat, c’est parti pour la bonne grimpette ! 5 kilomètres de montée avec de bons pourcentages, surtout à la fin, et pas beaucoup d’ombre en plus. C’est dur, mais je ne veux surtout pas poser pied à terre ni faire de pause. C’est le petit challenge de la journée !
Après une vingtaine de minutes d’effort intense, j’arrive au sommet à 650 mètres de haut, au minuscule village de Toulx-Sainte-Croix. C’est un endroit connu du département du fait du panorama, mais je suis surpris de découvrir un village mort. Aucun commerce, pas une boulangerie, tout fermé… La plupart des villages traversés les jours précédents étaient comme ça aussi, mais je ne m’attendais pas à ça ici.
Outre son église séparée en deux bâtiments distincts (voir photo ci-dessus), la particularité du village est d’avoir une tour d’observation. L’entrée est gratuite, et de là-haut, on voit pas moins de 7 départements ! Par temps clair, on y aperçoit le Puy-de-Dôme, le Mont d’Or, les collines du Limousin etc… Vraiment une vue magnifique !
On se demande ce que cette tour fait ici. Elle a été construite par un abbé, qui devait un peu s’emmerder. Et il devait en avoir ras-le-bol de se pommer et de partir dans la mauvaise direction dès qu’il quittait le village, donc un matin il s’est dit « merde, je vais construire une tour et écrire les différentes directions là-haut ». Ce n’est pas vraiment ce qui est écrit sur les panneaux explicatifs, mais c’est mon hypothèse, qui sera sûrement confirmée par des historiens dans quelques années.
Je mange mon sandwich ici. Je suis arrivé à 12h30 au village, donc j’ai fait déjà 60 kilomètres dans la matinée, avec plusieurs stops tout de même. J’étais fier de moi, jusqu’à ce qu’un autre cycliste arrive. Un jeune de 25 ans, avec un vélo de course haut de gamme, qui fait le tour de la Creuse en 1 jour et demi (330 kilomètres en tout je rappelle !). Bon, il me rassure et me dit qu’il ne ferait pas mieux avec le vélo que j’ai. Il est sympa ! Mais c’est vrai qu’à refaire, j’essayerai d’emprunter plutôt un vrai vélo de route pour ce tour, vu qu’il n’y a aucune portion sur chemin.
Grosse descente ensuite, durant laquelle je m’arrête aux Pierres Jaumâtres. C’est un site naturel assez visité, avec de gros rochers en équilibre les uns sur les autres. Ce n’est pas l’œuvre d’un artiste (ou d’un autre abbé qui s’emmerdait), mais c’est la main de Dame Nature qui a créé ces pierres. A l’époque, il y avait des énormes rochers, mais l’érosion a fait son taff au cours des millénaires, et n’a résisté que les noyaux de ces rochers. Ces noyaux de roches se sont donc retrouvés posés ainsi.
La descente se poursuit jusqu’au village de Boussac, avec son château. La plupart du temps, le tracé du parcours passe par les villages, donc par habitude, j’ai pris la route qui grimpe jusqu’au village. Là-haut je ne vois plus de petit panneau vélo. Et mince, pour la seule fois du parcours, il ne fallait pas monter au village, mais prendre une montée dans l’autre sens. Pas grave, mes muscles sont bien chauds, c’était la montée bonus de la journée !
Ensuite, 20 kilomètres dans un relief moins prononcé, mais tout aussi beau, jusqu’au village de Châtelus-Malvaleix. Les principales difficultés sont passées, mais je suis quand même fatigué après 90 km de vélo, et surtout mal au cul !
Le camping municipal du village n’ouvre que le 1er juin, mais je m’y installe quand même. J’y rencontre Marc, un gars de 38 ans de Limoges et qui fait aussi le tour de la Creuse à vélo (décidément, je n’avais croisé aucun autre cycliste les jours précédents, et aujourd’hui j’en vois 4 !).
Même si le camping est fermé, un bloc sanitaire est resté ouvert avec douche et toilettes. Mais l’eau est vraiment glacée ! C’est bon pour les muscles paraît-il.
Le camping est au bord du plan d’eau de la Roussille. Il y a un petit restaurant, le Bar de Faire, où on a dîné un délicieux repas indien. Les gérants sont aussi des jeunes, qui essayent de créer quelque chose dans ces villages qui se meurent. La boulangerie a fermé il y a un mois. Le département se vide de ses habitants (un des rares départements de France qui perd en population à chaque recensement). Mais ces jeunes que j’ai rencontré redonnent de l’espoir pour ces territoires. Ils ont une vision alternative bien sûr, avec un engagement fort sur le bio, les circuits-courts… Mais aussi des projets sociaux en faisant en sorte que ces restaurants soient aussi des lieux culturels, des lieux d’échanges et de rencontres des habitants.
C’est l’un des constats que j’ai pu faire durant ces 5 jours. Oui, des villages se meurent, loin des caméras parisiennes. Les commerces ferment, il y a sûrement une détresse sociale et un sentiment d’abandon des habitants. Peu de services publics encore debout ici, pas de transport en commun, des lycées souvent loin, et encore plus pour les études supérieures, des offres d’emplois rares, et un monde rural qui travaille dur et souffre en silence.
Il n’est pas étonnant que le mouvement des Gilets Jaunes ait été très populaire dans ces territoires, bien plus que dans les villes bobos et les discours moralisateurs qui vont avec. Pas surprenant non plus que les votes aux élections vont vers les extrêmes. La question n’est pas d’être d’accord ou pas avec ces opinions ou prises de position, mais de les comprendre.
Pour recréer de la vie et du dynamisme, j’ai vu plusieurs lieux comme les Copains d’Abord ou le resto de Châtelus. Des épiceries qui font aussi lieu culturel (bibliothèque, exposition…) ; ou bien des boulangeries qui font aussi café et la poste… Bref, de petites initiatives qui valent de l’or pour ces villages. Un grand bravo à ces gens et beaucoup de respect pour leur courage et leur volonté !
Jour 5 : Châtelus-Malvaleix à Crozant
Distance : 58 kilomètres
Je me réveille après une nuit pourrie (réveillé très souvent, allergie aux pollens…). Même galère pour Marc, donc on part ensemble à 8 heures le matin. L’étape n’est pas la plus difficile du parcours mais assez vallonnée tout de même.
On roule bien, et on arrive en milieu de matinée au Bourg d’Hem, avec une vue sur la Creuse.
Une dizaine de kilomètres après (dont 5 de montée), on arrive au village de la Celle-Dunoise. Pas forcément le plus mentionné parmi les villages à voir, mais je l’ai trouvé pourtant très joli. Et là aussi je parle avec une femme qui a créé un tiers-lieu (définition wikipédia : espaces dans lesquels s’incarne la volonté d’une communauté de citoyens d’aller vers un monde meilleur. Ils redessinent avec bon sens, coopération et solidarité le territoire dans lequel ils sont ancrés, et se positionnent au cœur des échanges entre les acteurs publics, les acteurs privés et les citoyens). Là aussi, on peut y acheter de la nourriture, mais aussi emprunter des livres, voir des expos, participer à des débats, boire un café…
On arrive vers midi au village de Fresselines, où Claude Monnet a résidé et s’est inspiré des paysages pour peindre ses toiles. Village connu des touristes, pourtant la boulangerie a fermé il y a 2 semaines… Il subsiste cependant le restaurant du village, où on a mangé, avec toujours des portions généreuses.
Il reste 10 kilomètres pour finir, mais j’ai souffert ! Non pas que c’était plus dur qu’avant, mais après mangé, après les efforts de ces 5 jours, et un bon vent de face qui s’est levé le temps du déjeuner…c’était dur !
Mais on arrive à 14h à Crozant. La boucle est bouclée pour moi ! Marc continue car il a commencé à Bourganeuf le tour, donc encore 1 jour pour lui.
Je retourne à ma voiture, laissée au camping municipal le temps de mon parcours. Et retour à Nantes !
Ce tour de la Creuse a été une belle découverte pour moi. Un département méconnu, car peu habité et peu de publicités touristiques, mais qui vaut la peine d’y venir. Les paysages sont bien verts, dans un environnement préservé avec des lacs, des étangs, des forêts, des collines partout… Des villages charmants, même si la plupart paraissent désertés. On y rencontre tout de même des habitants accueillants, attachés à leur territoire, et qui m’ont toujours bien accueilli avec beaucoup de sourires et de salut de la main quand je les croisais.
2 commentaires
Christine Beauchamps · 12 novembre 2023 à 13h37
Bonjour et merci pour ce blog. Nous allons faire le tour de Creuse en Juillet , nous commençons à le prėparer et je suis tomber , par hasard sur votre pėriple, super bien expliqué, nous adorons !
Christine et Richard
Yakayaler · 13 novembre 2023 à 10h23
Merci pour votre commentaire ! Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter !