« Si je devais naître pauvre en Amérique latine, je prierais le bon Dieu pour qu’il me fasse naître à Cuba »
Manu Chao
Après 17 heures de bus depuis Baracoa, j’arrive au petit matin à Trinidad. Dans le bus, j’avais rencontré Fabrizio, un Argentin de Cordoba qui m’a conseillé quelques adresses pas chères pour dormir.
Mais lui ne s’arrête pas ici et remonte vers La Havane pour aller ensuite au Mexique rencontrer des membres du Mouvement Zapatistes de Libération Nationale (extrême gauche révolutionnaire).
Avec ses conseils, j’ai pu me loger pour 10 euros la nuit avec petit déj’. Pas cher et la casa est bien. Par contre ce n’était pas sûr que je puisse rester 3 nuits, des gens ayant réservé d’après ce que j’ai compris.
Un ville coloniale magnifique
Bref, Trinidad est une ville de 70 000 habitants, connue pour avoir la plus belle architecture coloniale de Cuba. En effet, je consacre toute la première journée à vagabonder dans les rues et toutes les petites ruelles, à me perdre dans la ville. C’est ainsi que je découvre des monuments et de belles maisons partout.
Les inévitables vieilles voitures…mais pas que !
Évidemment, les vielles et belles voitures qui sont un des emblèmes de Cuba trônent fièrement dans les ruelles.
Mais les voitures n’ont pas le monopole des déplacements à Cuba. On croise encore des hommes à cheval ou en carriole au détour d’une rue. C’est surprenant et un voyage à Cuba est un voyage dans le temps par moment !
Je visite trois musées : une galerie d’art avec des tableaux de Trinidad, une maison d’un ancien esclavagiste un peu fou transformée en musée, et le Museo Nacional de la Lucha Contra Bandidas (luttes contre les bandes contre-révolutionnaires).
Il y a une station radio qui domine la ville et d’où la vue est belle paraît-il. Je m’y rends en milieu d’après-midi. La chaleur rend cette petite montée bien difficile ! Arrivé en haut, je rencontre une personne travaillant ici et m’explique ce qu’on voit. L’endroit s’appelle le Cerro de la Vigia. Deux hollandais m’avaient suivi en montant, on redescend donc ensemble. Bonne nouvelle : ils ont pensé à acheter un peu de bière !
Un homme incroyable
En rentrant à ma casa, j’ai fait une rencontre très surprenante, et dont je me rappellerai longtemps.
Je croise un vieux avec une brouette en guise de taxi. Il ne fait pas fureur, comparé aux calèches. Durant la discussion, je lui dis que je viens de Rennes. Il connait et me répond « Ille-et-Vilaine, numéro 35, proche des Côtes d’Armor et du Morbihan ». Il me site également les préfectures de ces départements, sans erreur ni hésitation. Comme vous pouvez l’imaginer, je suis sur le cul et lui demande comment il connait tout ça. Il me répond naturellement qu’il est juste passionné d’Histoire (il connait bien la révolution française et le siècle des lumières aussi, plus que moi sûrement) et de géographie. Il connait par cœur la plupart des pays européens et américains.
Et ce n’est pas fini ! Encore plus hallucinant, il écrit des poèmes sur des villes, dont Rennes. Il me le lit. Je n’en reviens pas… Dans ses vers, il cite par exemple le jardin du Thabor, où j’allais parfois quand j’étais petit.
Il n’a jamais quitté Cuba mais il voyage à travers ses poèmes. J’ai parlé plus d’une heure avec lui. Vraiment une rencontre unique. Il a une culture incroyable, des connaissances illimitées, écrit des poèmes, mais son boulot c’est d’être taxi avec une brouette… Tout le paradoxe de Cuba : les gens ont une très bonne éducation (système scolaire entièrement gratuit et reconnu dans le monde entier) mais pas de travail adéquat.
La Valle de Los Ingenios
Le lendemain, encore des coqs pour le réveil : je vais finir par tous les tuer si ça continue ! Aujourd’hui, je me rends à la Valle de los Ingenios : une vallée où à l’époque coloniale il y avait des entreprises de sucrerie. Aujourd’hui, il n’y a plus rien, seulement des visites et encore quelques habitants qui y vivent. On peut prendre un train pour faire le trajet. Un train bien à l’ancienne, tiré par une locomotive datant de 1919.
La vallée est très jolie et les deux endroits où s’arrêtent le train sont intéressants. L’histoire de l’esclavage et le fonctionnement des haciendas y sont expliqués. Durant la visite, je rencontre 6 français, dont un qui a déjà travaillé à L’Hermitage, le village où j’habite. Le monde est petit !
Le soir, je rencontre un groupe de cubains de 20-25 ans. Les verres de Cuba Libre s’enchaînent !
Une nouvelle famille
Mais le lendemain, debout tôt car je change de casa pour aller à une autre 200 mètres plus loin, encore moins chère car je vais partager ma chambre. Il y a deux allemandes et un argentin déjà. Les proprios sont géniaux et nous considèrent comme des membres de leurs familles.
Playa Ancon
Avec les trois autres voyageurs, on loue des vélos à la journée pour aller à Playa Ancon, à 15 km de la ville. Ça parait court mais avec les vélos cubains…ça se transforme vite en véritable torture ! Le mien est bloqué au premier plateau et la selle est en bois (impossible de s’asseoir !).
La Playa Ancon est réputée pour être l’une des plus belles de Cuba. En effet, elle est magnifique, mais du coup il y a pas mal de touristes. On y passe tout de même la journée. Le temps change vite et retour à Trinidad en vélo sous la pluie !
Le soir, l’ambiance est sympa à table avec un français (moi je précise), deux allemandes, un argentin, un couple cubain et leur fille. Ça parle fort et ça rigole jusqu’à tard !
Trinidad est vraiment une ville magnifique. Les trois journées passées ici ont été superbes, avec de belles rencontres surtout.
3 commentaires
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