« A quoi sert de voyager si tu t’emmènes avec toi ? C’est d’âme qu’il faut changer, non de climat. »
Sénèque
Je poursuis ma route à travers les endroits peu touristiques de la région de Boyaca. Après El Cocuy, me voici à Sogamoso, ville moche de 100 000 habitants. Alors pourquoi venir ici ? Pour les environs, qui sont superbes ! Au programme : lac, páramo, villages charmants…
Les Colombiens visitent ces endroits car c’est relativement proche de Bogotá et donc facile d’y venir juste pour un weekend.
Se loger à Sogamoso
L’intérêt de loger à Sogamoso et non dans un des petits villages aux alentours est pour une raison pratique. Depuis cette ville, des petits bus partent dans toutes les directions et c’est donc plus facile de visiter la région.
En plus, sur conseil d’un ami, je me suis logé dans un hôtel-ferme à 30 minutes de marche du centre-ville. Un endroit tranquille et bonne ambiance : la Finca San Pedro.
Lago de Tota
Le premier endroit auquel je me suis rendu est le Lago de Tota, le plus grand lac de Colombie.
En plus, il y a une petite plage de sable blanc, histoire de se reposer et de prendre le soleil. Le weekend, quand j’y suis allé, de nombreux Colombiens y viennent en famille ou entre amis pour passer la journée ou même camper. Certains osent même aller se baigner malgré une eau bien froide !
Un écosystème en danger
Mais aujourd’hui, ce lac est en grand danger. L’agriculture fait vivre beaucoup de monde puisque 70 % des oignons consommés en Colombie proviennent de ces champs. Ils entourent le lac, et l’utilisation de pesticides et de fertilisants est une pratique répandue. Le lac est bien pollué, même si on a du mal à y croire au vu de la couleur de l’eau.
Mais il n’y a pas que ça, ce serait trop beau… Une entreprise brésilienne de sidérurgie pompe 500 litres d’eau par seconde sans aucune compensation. Et une entreprise pétrolière française exploite un gisement tout près, et la rivière qui coule à côté n’invite vraiment pas à la baignade.
L’ONG Fundación Montecito
J’ai appris tout ça suite à une rencontre spéciale à Sogamoso. Le frère du patron de l’hôtel où je suis dirige une ONG de protection de l’environnement, la fundación Montecito. J’ai beaucoup parlé avec lui. Une personne passionnée, intéressante et ultra-motivée dans son projet. Enfin, pour ses projets car il a de nouvelles idées en permanence : sensibilisation des enfants, aide aux paysans pour les orienter vers une agriculture bio, création d’un hôtel écologique, développement de sentiers de trekking pour faire découvrir la région et sa biodiversité…
J’ai tout de suite eu envie de bosser avec lui et d’aider à mon niveau. Il était intéressé aussi par ma vision et ma motivation. Mais il ne me reste plus assez de jours de voyage pour bien m’impliquer dans un projet, et quand je fais quelque chose, je veux le faire bien. Donc ça ne s’est pas fait au final, mais j’ai gardé son contact car je reviendrai un jour en Colombie…
En tout cas, un grand respect à lui et à tous les volontaires (dont des français) qui l’aident dans son combat. Bon courage, et je suis sûr qu’avec une motivation pareille, ces efforts ne seront pas vains !
Bref, revenons au voyage…
Le village d’Iza
Proche du lac se situe également le petit village d’Iza. L’impression que le temps s’y est arrêté tellement c’est calme, et les habitants sont surpris de me voir me balader. Mais si je m’y suis arrêté, ce n’est pas sans raison non plus. Les spécialités de ce village sont les desserts.
Il était 14h30 et je n’avais toujours pas mangé. J’étais donc là pour bouffer, et je n’ai pas fait qu’à moitié. J’ai d’abord vu sur la place principale un resto avec de la cuisine argentine (de la viande rouge au barbec donc). Vu comment j’adore ça, je n’ai pas résisté et me suis enfilé 300 grammes de bonne viande rouge. Après, un petit tour pour trouver un dessert et voilà ! Merci et au revoir Iza !
Le páramo d’Ocetá
Un autre « incontournable » était d’aller au páramo d’Ocetá, considéré comme le plus beau au monde.
Il est accessible depuis Mongui, un autre petit village très joli où il est agréable de s’y promener une heure.
Pour visiter le páramo, on peut y aller seul mais c’est très facile de s’y perdre. De plus, j’en avais déjà vu un au Parc National d’El Cocuy. Ce qui m’intéressait était d’en visiter un avec un guide qui connait bien ces écosystèmes uniques.
L’audace, la solution à tout
L’hôtel avait un contact avec une guide, mais ça coûtait cher je trouvais. Du coup, j’y suis allé à l’audace, et comme toujours (ou presque), ça paye !
Je suis arrivé tôt à Mongui, à 8h30. Je suis allé au petit office du tourisme, et le mec m’a indiqué qu’il y avait un groupe de trois personnes qui partait dans 30 minutes avec un guide. J’ai attendu le guide, et négocié pour me rajouter au groupe. Après 13 mois de voyage en Amérique du Sud, la négociation est devenue un de mes points forts ! J’ai payé seulement 20 000 pesos pour la journée (au lieu des 75 000 que coûte la guide de l’hôtel si on est seul…).
Les trois autres personnes étaient des colombiens de Bogotá. Ils avaient leur 4×4 et on a pu monter en haut en voiture, ce qui évite la marche peu intéressante de Mongui au páramo qui dure deux heures. On a donc passé cinq heures à marcher et découvrir cet endroit merveilleux.
C’est pas sorcier
Mais le páramo, c’est quoi Jamy ? Et bien Fred, c’est un écosystème tropical de haute altitude, que l’on trouve seulement à partir de 3 700 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Il y fait froid et pleut souvent, ce qui fait que le sol est saturé d’eau avec beaucoup de lac.
60 % des páramos au monde se trouvent en Colombie (les autres sont au Venezuela, Équateur et un peu au Pérou). Ce sont des endroits importants pour la Colombie puisque la grande majorité de l’eau que consomment les colombiens s’y trouve.
Les páramos abritent une plante que l’on ne trouve nulle part ailleurs, les frailejones. Il y a 50 espèces différentes de frailejones, et 12 sont au páramo d’Ocetá.
On a vu quelques animaux aussi : oiseaux, canards, et une biche. Dans ce voyage, j’ai nagé avec des requins marteaux, des lions de mer, des raies, des tortues géantes ; j’ai vu des boas, des caïmans, des baleines, des pingouins, des iguanes, des lamas… Mais pas encore vu de biche ! Je ne pouvais pas partir sans ça quand même (ironie bien sûr) !
C’était vraiment une bonne journée, et notre guide, José, était quelqu’un de passionnant. Il connait par cœur le fonctionnement de cet écosystème, et lui aussi essaye de le protéger. Car c’est en danger également à cause d’un grand propriétaire terrien qui détourne l’eau pour irriguer ses champs (il n’aurait pas fait long feu lui au cours de la Révolution Cubaine…).
J’ai donc mis en contact José et Felipe, le responsable de l’ONG. Ça a été ma bonne action… Mais je suis vraiment frustré de ne pas pouvoir rester ici plus longtemps et aider ces gens.
Ma région favorite !
En tout cas, encore un bel endroit ! J’adore cette région de Boyaca, ma préférée en Colombie je pense. Des paysages magnifiques, des gens authentiques et super sympas…
Il est temps de quitter Sogamoso désormais. J’en garderai un très bon souvenir, et n’oublie pas cette ONG…
Direction ma dernière étape avant Bogotá : Villa de Leyva.
1 commentaire
Felipe · 16 mai 2016 à 3h46
Gracias Guillermo, por tus buenas referencias a nuestra región, y en particular al trabajo de nuestra ONG!… no pudimos hacer tareas juntos esta vez, tendrás que regresar! 🙂
Abrazo, Felipe