« Tout le monde veut vivre au sommet de la montagne, sans soupçonner que le vrai bonheur est dans la manière de gravir la pente. »
Gabriel Garcia Marquez
Les choses sérieuses commencent en Indonésie avec l’ascension du Mont Rinjani, deuxième sommet du pays avec ses 3 726 mètres. Il se situe sur l’île de Lombok, facilement atteignable depuis Bali.
Nous sommes arrivés en milieu de journée à Lombok, au village de Senggigi. Pour des raisons de facilités et de localisation, on a décidé d’y rester et d’y passer la nuit.
Échec sur échec
Lombok est une île vraiment grande dont il est impossible de faire le tour en une journée. On a loué des scooters pour se balader dans les environs. La journée a été bonne malgré qu’on a enchaîné les échecs !
Échec n°1 : la cascade. Le gars qui nous a loué les scooters nous avait conseillé une cascade. On la trouve sur l’application maps.me, donc hop en route ! On longe la très belle côte de Lombok avec des collines verdoyantes et des baies qui se succèdent.
Le GPS nous indique une route qui se transforme rapidement en chemin, puis on entre carrément dans une forêt. On continue avec les scooters tout de même le plus loin possible. La conduite est un peu sport mais j’adore ce genre d’aventure !
Après 15-20 minutes, maps.me nous dit que nous sommes à la cascade. Il y a un minuscule cours d’eau mais aucun bruit de chutes d’eau… Tant pis, on fait demi-tour pour aller voir un temple au bord de la mer. L’échec n°2 peut débuter !
Échec n°2 : le « temple » avec un guide très utile. On trouve l’endroit cette fois, mais il s’avère que ce n’est pas vraiment un temple. C’est juste un petit bâtiment qui ressemble plus à un abris en cas de pluie ! Il y a tout de même des statuts hindous où des croyants viennent déposer des offrandes. Un local nous a accueilli pour la visite. On n’est pas tombé sur le mec le plus compréhensible puisqu’il était handicapé et ne s’exprimait qu’en faisant des bruits étranges. Seul Julien pouvait le comprendre !
Après ces (més)aventures, on va à une plage pour le coucher de soleil. Le soleil se couche sur les îles Gili, avec en toile de fond les volcans Agung et Batur, à Bali.
Le Rinjani, trop easy…
Le lendemain, place au défi du séjour à Bali : l’ascension du Mont Rinjani ! On a réservé via une agence pour un trek de 3 jours / 2 nuits avec un guide et des porteurs.
Jour 1 : Sembalun (1 156m) – Crête du cratère (2 639m)
Une voiture passe nous chercher à notre hôtel à 5h du mat’. On fait un arrêt quelques minutes après pour que le chauffeur fasse sa prière à la mosquée ! Lombok est majoritairement peuplé de musulmans et les mosquées sont partout, avec les appels à la prière du muezzin qui vont avec.
Une autre pause pour le petit-déj’ et on arrive à Sembalun à 10h. La vue sur le volcan est déjà splendide et on peut mesurer l’ampleur du défi qui nous attend…
On est un groupe de 7 voyageurs, avec 5 porteurs pour transporter la nourriture, le matériel de camping… Ces porteurs sont hors-normes : ils ont fait le trek en claquettes, en portant entre 25 et 50kg, mais toujours souriants et ils ont été plus rapides que nous quand même ! De vraies machines !
Le dénivelé de la première journée est déjà important avec 1 500 mètres à monter. La brume, très présente en journée autour du volcan, nous enveloppe rapidement. On marche à un bon rythme, aidé par une bonne ambiance dans le groupe.
On arrive à notre campement à 16h30, installé sur une crête.
Dès que le soleil se couche, le froid se fait sentir notamment à cause du vent. Il doit faire environ 10 degrés, mais je ne suis plus du tout acclimaté à ce genre de température après plusieurs mois dans des pays chauds !
Même si la nuit est très belle avec les étoiles et la voie lactée, on s’emmitoufle rapidement dans nos sacs de couchage dans les tentes.
Plus j’avance, plus je recule…
Jour 2 : Crête du cratère (2 639m) – Sommet (3 726m) – Lac (2 000m)
Levé à 2h du mat’… 30 minutes après, nous voici partis pour la difficulté majeure du trek : l’ascension finale vers le sommet. Il fait bien froid et on met toutes les couches de vêtements que l’on peut. La pente est raide mais la vraie difficulté est le type de terrain : on marche dans un mélange de sable et de graviers issus des éruptions successives du volcan. On monte de 2 pas, on s’enfonce et on redescend de 1 pas avec l’écoulement des graviers. C’est vraiment épuisant et démoralisant parfois ! Les bâtons de trek que j’ai gardé depuis le Népal m’ont bien aidé.
Heureusement qu’on fait cette montée de nuit afin de ne pas voir le chemin qu’il reste à parcourir… Les mollets sont en feu, on est épuisé et obligé de faire des pauses très souvent.
Mais on a le mental et on arrive tous les 3 au sommet à 6h ! Le soleil se lève 10 minutes après, le timing a été parfait !
On est heureux et soulagé d’avoir atteint l’altitude de 3 726 mètres. Évidemment, la fatigue ne nous empêche pas d’immortaliser le moment avec la photo « classique » !
On reste une heure à admirer la vue là-haut. La vue à 360° est exceptionnelle et on voudrait y rester plus longtemps s’il ne faisait pas si froid !
On voit au loin de nouveau les volcans Agung et Batur, émergeant de la brume et dominant Bali.
Le lac et les parois du cratère s’illuminent au fur et à mesure. Une des particularités du Mont Rinjani est la pyramide parfaite de son ombre lorsque le soleil se lève.
Plus qu’à redescendre !
Après avoir bien profité de la vue là-haut, il est temps de commencer la longue descente. Il fait désormais bien jour et on voit mieux le chemin qu’on a emprunté.
On domine toute l’île et on voit les fissures provoquées par les éruptions en contrebas.
Les singes se trouvant dans les forêts en bas ne sont pas stupides et montent le matin pour venir à la rencontre des randonneurs et espérer trouver quelques biscuits ou fruits à se mettre sous la dent.
On marche sur la crête pour revenir au campement, ce qui nous donne plusieurs points de vue sur le cratère. Un autre volcan s’est formé il y a quelques centaines d’années et est aujourd’hui actif avec des fumées s’échappant en permanence.
Une fin de journée idéale
On prend le petit-déj au campement à notre retour. Malgré les jambes lourdes et le réveil plus que matinal, la journée n’est pas finie ! On a encore 600 mètres de dénivelé à descendre pour aller camper au bord du lac.
On marche bien et on y arrive assez tôt, vers 14h.
La présence de sources d’eau chaude nous a motivé à marcher vite pour ne pas arriver trop tard ! Les sources sont au pied d’une cascade, où de l’eau chaude sort par des rochers en contact avec le magma du volcan. Il y a 3 bassins naturels avec une eau allant de 30 degrés à 50 degrés (aïe ça chauffe dur !). On y reste 2 heures à se détendre après tous ces efforts.
On dort plus bas que la veille, à 2 000 mètres, dans un endroit protégé du vent. La nuit a donc été moins froide et on a ainsi pu un peu mieux dormir.
Jour 3 : Lac (2 000m) – Crête du cratère (2 641m) – Senaru (601m)
De nouveau, levé à 4h du mat’… C’est vraiment dur la vie de voyageur parfois ! Départ à la frontale à 5h pour monter sur un autre versant du cratère.
Une descente interminable…
Une fois en haut, il nous reste ce que je déteste le plus : une très longue descente qui va nous achever les cuisses et les genoux. Pas moins de 2 000 mètres de dénivelé négatif !
On redescend dans la jungle, où on aperçoit des singes et de gros lézards.
Fin du trek à 14h lorsqu’on arrive à Senaru ! On se félicite d’avoir réussi à accomplir ce trek en entier.
Il aurait été impossible de faire ces trois jours de trek sans le guide et surtout les porteurs… Ils sont indispensables : ils portent tout l’équipement, ils préparent de délicieux repas…
Totalement épuisés !
C’est un trek relativement court par rapport à ceux que j’ai pu faire au Népal ou en Amérique du Sud, mais le niveau d’intensité et la difficulté sont très élevés !
Le même chauffeur qu’à l’aller, à la conduite très sportive, nous ramène à Senggigi.
On retourne au même hôtel, mais on demande rapidement à changer de chambres à cause de puces de lit. La douche chaude fait du bien, tout comme le resto et la nuit pour récupérer !
Le lendemain, on quitte Lombok pour aller à Ubud, en plein cœur de Bali. Le trajet a été long puisqu’on est arrivé à 18h alors qu’on nous avait promis une arrivée à 14h… Il faut rester calme, c’est l’Asie !
Peu importe, maintenant on peut dire qu’on a vaincu le Mont Rinjani !
4 commentaires
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