« Ces pagodes de Rangoon sont au nombre des merveilles qu’en passant sur la Terre il faut avoir vues. »
Pierre Loti
Yangon est la plus grande ville du pays avec environ 5 millions d’habitants, et en était la capitale jusqu’en 2005. Même si ce n’est pas ce que je préfère les immenses villes, c’est toujours intéressant d’y rester et de ressentir l’atmosphère qui s’y dégage.
Des généraux décérébrés
Lorsque je suis arrivé au Myanmar, j’étais persuadé que Yangon en était la capitale. C’est seulement quelques jours après que j’ai appris que ce n’était pas le cas. C’est la capitale économique, mais pas la capitale politique et administrative. En 2005, la junte militaire a décidé de changer et a officiellement reconnu Naypyidaw comme capitale du Myanmar. Une décision surprenante et incompréhensible pour tout le monde, birmans ou étrangers.
Naypyidaw, signifiant la « demeure des rois », a été construite au milieu de nulle part. La junte n’avait donné aucune explication. On dit que le gouvernement avait peur d’une attaque américaine par les côtes à l’époque, ou bien qu’il souhaitait s’écarter de la turbulente Yangon, connue pour abriter des mouvements étudiants et des moines protestataires. Le gouvernement a lourdement investi dans cette nouvelle capitale avec des quartiers chics, des espaces verts… J’ai rencontré un seul voyageur s’y étant rendu. Il y a des avenues immenses (2 x 8 voies), mais elles sont absolument désertes. Peu de monde y vit, à part des garnisons de militaires. Bref, encore une folie de ces généraux complètement timbrés !
Où loger à Yangon ?
Visiter Yangon peut être fatiguant. Un trafic infernal évidemment, et une taille démesurée : ça fait presque 6 fois Paris !
J’ai logé dans Chinatown, un quartier bien placé d’où on peut aller à pied aux endroits incontournables (auberge Shwe Yo Vintage). A quelques minutes de la 19ème rue aussi, où j’ai passé deux bonnes soirées dans des bars un peu glauques parfois mais avec des prix imbattables (moins de 1 euro le cocktail !).
Les marchés de Yangon
Il y a plusieurs marchés proches de ce quartier, notamment celui de la 26ème rue. Un marché local s’étirant sur 200 mètres. Beaucoup d’odeurs et de couleurs avec tous les légumes, les épices, les poissons et viandes. Il y a des vendeurs sur les deux côtés de la rue, et même au milieu à même le sol. Lorsqu’un véhicule ose s’engager dans cette rue bondée de passants, les vendeurs du milieu doivent tout bouger, ou bien laisser tel quel et le camion passe au-dessus. Mmmmh, les délicieux légumes sauce gaz d’échappement !
Également un quartier indien à côté, avec beaucoup de bons restos pas chers, et des temples hindous.
L’urbanisme surprenante du centre-ville
L’architecture du centre-ville est intéressante. Il y a de vieux bâtiments coloniaux au style anglais. Yangon était un centre de pouvoir majeur de l’Empire Britannique. Ils sont aujourd’hui totalement décrépis et défoncés par l’humidité et la végétation qui pousse sur les murs. Mais ça donne un vrai charme.
Comme dans toutes les villes connaissant un boom économique, sans aucun plan d’urbanisme, on remarque des contrastes surprenants. A côté de buildings abritant des banques, on trouve de vieilles maisons tenant debout par miracle, longeant un trottoir totalement défoncé. Un resto chic, et à côté, une petite gargote et des cuisines ambulantes avec tables et chaises en plastique à même la rue.
Une ville multiculturelle
Lorsqu’on se promène, on aperçoit plusieurs églises datant de l’époque coloniale. Il y a encore une communauté chrétienne bien présente. Mais aussi plusieurs mosquées, notamment vers où je logeais, avec les appels du muezzin. J’ai même vu une synagogue aussi. Un vrai mélange d’un peu toutes les religions, même si les édifices bouddhistes restent largement majoritaires. J’avais déjà remarqué ce côté multiculturel à Kalaw et à Mawlamyine notamment.
On voit souvent des jeunes jouant au foot-volley dans les rues ; pas avec un ballon en cuir, mais avec une petite balle en bambou. C’est le sport populaire au Myanmar. Des jeunes m’ont invité à me joindre à la partie. Ils sont très doués par rapport à moi !
La plus belle pagode au monde
L’endroit le plus connu de Yangon ne sont pas ces quartiers, mais la pagode Shwedagon. Encore une ! Mais celle-là vaut vraiment la peine d’être visitée, croyez-moi ! C’est la plus belle au monde tout simplement. Elle se situe à 3km de mon auberge, et c’est plus vite fait à pied qu’en taxi vu la circulation.
Cette pagode a plus de 2 500 ans. Elle est au cœur de la vie religieuse birmane, mais aussi de la vie sociale puisqu’elle est le point de rassemblement des quelques manifestations de masse, toujours sévèrement réprimées comme en 2007.
Le stûpa central est énorme : 98 mètres de haut et 43 de diamètre, tout recouvert d’or.
Mais il n’est pas le seul. Tout autour, sur une grande esplanade, on trouve une dizaine d’autres stûpas et temples, tous plus brillant les uns que les autres. En tout, il y a plus de 4 tonnes d’or massif ici ! Sans compter les milliers de pierres précieuses. Ça éblouit tellement ça brille ! Les anglais disaient d’ailleurs qu’il y avait sûrement plus d’argent ici que dans les coffres de la couronne britannique.
C’est un endroit que j’ai trouvé incroyable, où se mélange touristes et birmans en pèlerinage. Je décide d’attendre que la nuit tombe pour voir la pagode s’illuminer. Des moines font leur apparition et commencent à prier. Entendre ces prières devant un tel chef-d’œuvre est un moment particulier et inoubliable.
Une fois visité ces incontournables, je décide de poursuivre mon exploration de la ville d’une autre manière.
Le RER birman
Je me rends à la gare centrale des trains. A ma grande surprise, ce n’est pas trop le bordel, et je trouve facilement le train qui m’intéresse. Ou bien peut-être que je m’habitue à la « logique » asiatique, si jamais il y en a une !
Il s’agit du train circulaire, faisant le tour de la ville. L’équivalent du RER de Paris, sauf qu’ici, les rails datent de l’époque coloniale et l’entretien est inexistant. Je vous laisse imaginer l’état du réseau. Ceux qui se plaignent en permanence de la SNCF n’ont qu’à venir faire un tour par ici !
Il y a deux types de trains : un nouveau avec la clim et vitres fermées ; et l’ancien, sans vitres et sans portes. Je prends ce dernier, permettant de mieux observer les environs. Le trajet coûte 200 kyats, soit environ 15 centimes d’euros. Pas chère pour une activité qui dure 3 heures. Ah oui, le train est très très lent, et s’arrête toutes les 10 minutes à une « gare ». Ces gares sont généralement de petits abris en bois, avec 2 ou 3 bancs.
Ce trajet permet de voir les différents quartiers de la ville. Des maisons en tôle ont été construites à seulement 30 centimètres des rails parfois. Les plus pauvres y vivent et n’ont nulle part ailleurs où aller.
A l’extrémité nord du trajet, on quitte la ville et passe par les campagnes avec de petites maisons en bois.
Il y a une vraie vie le long de ce chemin de fer, avec des marchés à certaines gares.
Lors des arrêts, de nombreux vendeurs ambulants montent et tentent de vendre de la nourriture.
Le meilleur endroit pour des rencontres
Il n’y a pas mieux pour une immersion dans la société birmane. Dans le train se mélange des moines, des couples de la classe moyenne, des paysans avec leurs énormes sacs de légumes pour aller les vendre aux marchés, des jeunes filles plutôt aisées… C’est mieux que n’importe quel cours de sociologie.
Tout au long de ce trajet, j’ai vu beaucoup de sourires sur les visages et des regards intrigués sur ma présence. La communication était difficile car ils ne parlaient pas anglais. Alors on se débrouille en faisant des signes, ou en dessinant sur une feuille de papier.
Ce train circulaire est une bonne expérience authentique. Sans doute ce que j’ai préféré à Yangon. Je n’ai même pas vu les 3 heures passer !
Généralement, les voyageurs ne font que passer à Yangon, en visitant seulement la pagode. Moi, j’ai pris mon temps pour appréhender cette ville. Résultat : j’ai adoré !
Mais le Myanmar, c’est fini, après plus de 3 semaines… Je pars le samedi 13 janvier en avion vers Bangkok de nouveau !
2 commentaires
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