« Tous les globe-trotters du monde le savent, c’est dans les rues qu’ils se frottent à l’identité d’un pays, tant esthétique que politique, tant mystique qu’économique. »
Manu Chao
La Paz… Capitale la plus haute au monde, de 3 200 à 4 000 m d’altitude, entourée de la Cordillère Royale avec une centaine de montagnes à plus de 5 000 m. Le cadre fait rêver ! On m’avait dit beaucoup de bien et de mal de cette ville.
Mais comme toujours, le mieux est de se faire sa propre opinion en baroudant dans la ville et les environs !
Une frontière mouvementée
Le passage de la frontière entre le Pérou et la Bolivie a été un peu mouvementé. Il y a deux passages possibles : l’un par Copacabana, et l’autre par Desaguadero. N’allant pas de suite au lac Titicaca, je suis passé par Desaguadero, censé être plus rapide. Mais cette frontière, c’est un bordel MONSTRUEUX ! Des milliers de gens passent d’un pays à l’autre avec des marchandises et plein de trucs… On a beaucoup attendu, pour qu’au final la douane ne m’accorde que 30 jours sur le territoire bolivien. Pas assez pour moi ! Heureusement j’ai réussi à augmenter ce délai au bureau d’immigration de La Paz.
A peine arrivé dans La Paz, notre bus tombe en panne pendant 30 minutes. Du coup, on a le temps de regarder le véritable chaos qu’est la circulation dans cette ville. Aucune règle, la loi du plus fort, avec des bus datant d’une autre époque, crachant leurs fumées noires.
Je me suis trouvé un hôtel en plein centre-ville de La Paz, très roots et pas cher : 35 bolivianos en chambre privée (diviser par 7,5 pour avoir le prix en euro). Il y a un marché parfait pour manger à côté (Mercado Lanza) : petit-déj, déjeuner et dîner me coûte en tout 3-4 euros par jour.
Je rencontre rapidement des amis, dont certains que j’avais déjà vu à Arequipa, au Pérou.
Winter is coming
Le premier jour, on veut visiter mais… il neige ! Je ne m’attendais pas à voir ça au mois de juillet, même si ici winter is coming. Après avoir parlé avec des boliviens, on apprend que ce temps est vraiment exceptionnel et anormal. Ouf ! En effet, les jours suivants seront ensoleillés, mais pas chauds.
Coca power !
On est allé visiter le musée de la coca pour se mettre au chaud. C’est un tout petit musée retraçant l’histoire de la feuille de coca, ses usages, la lutte qu’a mené l’ONU pour tenter de l’interdire… Ça m’intéresse car je suis devenu un consommateur de cette plante : pas la cocaïne évidemment, mais mate de coca plusieurs fois par jour. On a aussi appris que le Coca Cola a été créé à partir d’un vin Corse : le vin Mariani, qui était à base de coca !
Petit musée intéressant mais qui manque d’images et de vidéos pour illustrer et le rendre plus pédagogique.
Durant mon séjour à La Paz, j’ai eu l’occasion de goûter la bière à la coca. Mais en réalité, on ne sent pas trop le goût de la plante ; c’est plus marketing qu’autre chose à mon avis.
D’autres petits musées visités dans le vieux quartier colonial :
- Museo de costumbrista qui présente le passé de la Bolivie à travers des photos, des maquettes…
- Museo del Litoral Boliviano : suite à la guerre du Pacifique contre le Chili, la Bolivie a perdu son accès à la mer. Ce musée explique cette page de l’Histoire, encore d’actualité puisque les boliviens espèrent toujours récupérer cet accès et que le Président actuel, Evo Morales, a porté plainte devant la justice internationale. Il y a même un jour férié en Bolivie pour la « Journée de la Mer » !
- Museo de metales preciosos : des objets anciens dont certains en or, trouvés sur des sites archéologiques, notamment à Tiwanaku.
- Casa de Murillo : héros national qui a tenté de virer les espagnols en 1809 mais qui a fini pendu…
El Alto, un autre monde
La Paz est aussi connue pour ses nombreux marchés. C’est simple, il y en a absolument partout ! Celui que j’ai préféré est la Feria d’El Alto, l’immense quartier pauvre en haut de la ville avec 1,2 millions d’habitants, à 4 000 m d’altitude (et oui, les riches vivent en bas, où le climat est meilleur et la respiration plus facile).
Pour y aller, on prend le téléphérique construit récemment. De là-haut, superbe vue sur la ville et les montagnes.
Dans ce marché, c’est vraiment n’importe quoi ! On y vend de tout : des pièces détachées de vieilles voitures, des jouets, des vêtements, des CD, de la nourriture, et même des voitures et camions ! Les gens s’y bousculent, tout ça dans une bonne ambiance. J’adore !
Vous achèteriez bien un p’tit fœtus ?
D’autres marchés sont sympas comme celui de Buenos Aires où je me suis acheté un pull en laine d’alpaga pour 8 euros. Aussi le marché des sorcières où on peut acheter des herbes, des objets magiques, des insectes morts et des fœtus de lama ! Ces fœtus sont utilisés par les indiens Aymaras pour faire des offrandes à la Pachamama.
Dans un des marchés, j’ai même fait un achat surprenant. Je n’avais plus de livre à lire donc je suis allé en chercher dans un marché. Je suis tombé sur un livre en français parlant de l’Histoire de la Bretagne à l’époque où Nantes était la capitale. Dans les premières pages, il y a même une dédicace de l’auteur faite à Nantes en 2014 ! Comment ce bouquin s’est retrouvé sur un marché de La Paz un an plus tard ?!
Catch bolivien
On est retourné dans le quartier d’El Alto pour voir autre chose de folklorique : las Cholitas. Sorte de catch bolivien avec des femmes en habits traditionnels, mais aussi avec des hommes parfois.
Le public participe à fond, n’hésitant pas à jeter des épluchures, des bouteilles en plastique et des os de poulets sur la lutteuse qu’il n’aime pas !
A la fin, j’ai eu droit à une petite photo avec les stars de la soirée !
Ça ne vaut pas Tintin…
Dans un tout autre registre, à 1h30 en bus public de de La Paz, il y a le site archéologique Tiwanaku. La civilisation Tiwanaku a précédé les Incas et le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Pour l’anecdote, Hergé s’est inspiré de cet endroit pour « Tintin et le Temple du Soleil ». De ce fait, j’attendais beaucoup de cet endroit du coup ! Malheureusement, le site ne m’a pas impressionné et est mal conservé et entretenu…
Il y a juste quelques statues intéressantes. Les deux musées compris dans l’entrée du site ne sont pas terribles non plus.
Bref, petite déception. Mais il est difficile d’égaler les ruines du Pérou, qui sont splendides pour la majorité.
Un quartier sur la lune
Toujours dans les environs proches de La Paz, on s’est rendu à la Valle de La Luna, au sud de la ville. Pour y aller, on passe par les quartiers riches et chics. Ces quartiers sont hallucinants avec de grandes villas ultra-sécurisées, dignes de la Côte d’Azur. Ça contraste avec le quartier d’El Alto… Ici, à l’écart du bruit de la ville, vivent des politiciens, des industriels et quelques narcotrafiquants à ce qu’il paraît !
Après une heure de bus, on arrive à la Valle de la Luna : un canyon avec des formations géologiques spéciales. On s’y promène 1 heure.
Un invité prestigieux à mon anniv’
Le lendemain, 8 juillet : mon anniversaire, 24 ans ! Et qui vient aujourd’hui à La Paz ? Le Pape en personne ! Papa Francisco comme on dit ici !
La ville est bouclée pour sa venue et la vente d’alcool est interdite (les Boliviens ont une fâcheuse tendance à se mettre la tête à l’envers lors des grandes fêtes, et le président ne veut pas que le Pape voit ça…)
Avec des potes, on s’est posé près de l’église San Francisco pour l’attendre.
On a parlé avec plusieurs Boliviens : de religion évidemment (90 % des boliviens se disent catholiques), de politique et du président actuel Evo Morales… On a également assisté à un des nombreux spectacles de rue : souvent, des comiques viennent sur la place publique improviser un petit numéro pour gagner de l’argent.
Mais en ce qui concerne le Pape, c’est une autre histoire ! Il s’est pointé une heure en retard et est passé dans sa Papa mobile comme une fusée. On l’a donc juste aperçu, après avoir attendu 2 heures. Mais bon, pour moi qui ne suis absolument pas catholique, ce n’est pas un drame. Je suis plus triste pour les gens qui campaient là depuis la veille et qui ont passé toute la nuit dans le froid pour espérer le voir…
Le soir, on a finalement trouvé un bar qui vend de l’alcool, malgré la présence du Pape. On a donc pu fêter mes 24 ans comme il se doit dans cette ville magique qu’est La Paz ! Bonjour la galère le lendemain avec une gueule de bois à plus de 3 500 m d’altitude..!
Vue d’ensemble de La Paz
Enfin, dernier bon plan : pour avoir une vue d’ensemble, il existe plusieurs miradors puisque la ville est dans une cuvette, avec de magnifiques montagnes en arrière plan (l’Illimani ci-dessous).
Le dernier soir, avant de partir, c’est le 15 juillet, et le 16 est un jour férié. On m’avait dit que les boliviens ne buvaient pas souvent mais que quand ils commençaient… Ça se confirme, ils se sont tous pris une énorme murge dans les rues de La Paz noires de monde. Les vieux, les jeunes, les femmes… A partir de 18h jusqu’au lendemain matin, ils se sont retournés le crâne ces boliviens ! Deux potes se sont fait voler leurs portables dans tout ce bordel… Mais bon, c’était marrant à voir. Nous, on est allé dans le bar bohème de la ville avec musique live et liqueur de coca à boire ! Bonne petite soirée avant le départ !
La Paz, hâte d’y revenir !
Après 13 jours à La Paz, il est temps de changer de cap : direction Cochabamba, à l’est.
Apparemment, tout peut se négocier ici, encore plus qu’au Pérou. Le bus La Paz – Cochabamba coûte normalement 100 bolivianos. J’y suis allé 15 minutes avant le départ d’un bus où il restait de nombreuses places, et je n’ai finalement payé que 20. Bonne affaire !
Des routards m’avaient dit que soit on adore, soit on déteste La Paz, mais qu’il n’y a pas de juste milieu. Je fais définitivement partie des personnes qui adorent cette ville. L’ambiance y est particulière, avec toujours des animations. Les gens sont sympas, et le cadre est exceptionnel avec la Cordillère Royale…
J’y reviendrai avec ma sœur et son copain dans quelques semaines, et j’en suis ravi !
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10 commentaires
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