« Je suis la riche Potosi, le trésor du monde, la reine des montagnes et la convoitise des rois… »
Devise de la ville de Potosi donnée par le roi d’Espagne Charles Quint dans les années 1550
Retour sur l’altiplano, dans la ville de 100 000 habitants la plus haute au monde, à 4 090 mètres d’altitude.
Cette ville a une histoire particulière et on pourrait en parler longtemps. C’est le symbole du pillage des ressources par la colonisation.
La ville la plus riche au monde
Elle est dominée par le Cerro Rico (colline riche), où gisaient des filons d’or et d’argent.
Les Espagnols l’ont exploité pendant trois siècles. Huit millions d’esclaves Indiens Aymaras et Quechuas, ainsi que des Noirs d’Afrique y sont morts. 48 heures de travail d’affilées dans les mines où les températures atteignent 40 degrés, exposés à plein de saloperies toxiques… Leur seul remède était la feuille de coca.
C’est tout simplement le plus gros gisement d’argent de l’Histoire de l’humanité. A l’époque, Potosi était une ville aussi importante que Londres ou Paris.
La naissance du capitalisme
Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les Espagnols ont très mal géré cette richesse monumentale. C’était le pays le plus riche durant ces trois siècles. Ils ont dépensé sans compter, sans investir pour développer leurs manufactures. Ils achetaient tout à la France, à l’Angleterre, à la Belgique et aux Pays Bas. Si bien que cet argent a profité non pas à l’Espagne, mais à ces pays d’Europe du Nord. Lorsque les mines sont devenues moins rentables, l’Espagne était surendettée…
Toute cette masse d’argent créée et l’esclavage avec le commerce triangulaire a permis à des pays de s’enrichir au dépens d’autres, et marquent ainsi la naissance du capitalisme. On se rend donc compte de l’importance de Potosi dans l’Histoire.
Tourisme ou voyeurisme
Aujourd’hui, les mines sont encore en activité. 6 000 hommes y travaillent car il y a encore de l’étain, du zinc et du fer à extraire. L’attraction touristique principale de la ville est de visiter ces mines via une agence. Mais les conditions de travail n’ont pas changé du 19ème siècle et se rapprochent de Germinal. Des gens y meurent pendant que d’autres font du tourisme et prennent des photos…
L’espérance de vie des mineurs est de 45 ans. Tous mourront d’infections pulmonaires et de cancers.
Jouer au mineur pendant trois heures ne m’intéressait pas du tout dans ces conditions. D’autant que les agences ne reversent quasiment rien de leurs bénéfices aux mineurs. A ce niveau, ce n’est plus du tourisme mais du voyeurisme. Alors désolé à tous mes amis voyageurs ayant visité ces mines, mais en toute honnêteté et en toute amitié, sur ce coup là, je vous emmerde…
D’ailleurs, les mineurs ont bloqué l’accès à Potosi durant trois semaines en juillet pour réclamer de meilleurs salaires.
La Casa de la Moneda
On a donc préféré visiter la Casa de la Moneda pour apprendre l’histoire de la ville. C’est le plus grand et le plus important bâtiment civil colonial des Amériques.
C’est ici que l’on frappait la monnaie. Les machines utilisées à l’époque sont encore sur place.
La visite guidée d’une heure et demie a été très intéressante. Quelques petites anecdotes apprises comme ce coffre qui servait à envoyer l’argent en Espagne, équipé de 13 serrures et d’un système d’ouverture spécial. Ultra sécurisé !
Aujourd’hui, les pièces Boliviennes sont faites au Chili et les billets en France.
On s’est baladé dans le centre de la ville, qui est joli mais assez petit. Il y a beaucoup d’églises et des rues bordées de maisons coloniales.
Mais si on marche quinze minutes en dehors du centre, on arrive vite aux quartiers pauvres où les petits immeubles délabrés en briques remplacent les belles maisons. On se rend compte alors que toutes les richesses de la ville n’ont pas profité à la population, et ni à la Bolivie d’une manière générale.
Ça a été intéressant de voir cette ville et d’apprendre son histoire ; bien qu’on ait tous les trois été malades…
Direction Tupiza désormais, le sud de la Bolivie !
1 commentaire
Explorer le Kawah Ijen : un tourisme responsable ou non ? - Y a qu'à rêver · 30 décembre 2018 à 15h06
[…] me rappelle les mines de Potosi en Bolivie, que j’avais refusé de visiter car des mineurs y travaillaient comme à […]