« Un des grands malheurs de la vie moderne, c’est le manque d’imprévu, l’absence d’aventures. »
Théophile Gautier
Direction l’extrême nord de la Colombie et du continent Sud Américain ! Après avoir été à Ushuaïa, ville la plus australe au monde en Terre de Feu Argentine, c’était une sorte de défi pour moi d’aller là-bas en Colombie. Ça s’est transformé en une aventure inoubliable !
Je suis parti dans la région de la Guajira depuis Minca avec un couple de français, Mathilde et Noé.
La Guajira est très peu peuplée. Les habitants sont des Wayúu, une communauté indigène présente seulement ici. Malgré la présence de charbon qui a été à l’origine du chemin de fer, la Guajira est la quatrième région la plus pauvre du pays. Et oui, car c’est la multinationale nord-américaine Exxon qui exploite le gisement, compagnie qui se soucie bien peu de la redistribution des richesses.
Ne pas venir pour les villes !
Première étape pour nous à Riohacha, ou Suchiimma en langue Wayúu, à trois heures de bus de Santa Marta. Ville sans aucun intérêt mais qui permet de faire une pause avant de se lancer sur les pistes du désert.
Ce n’est pas une destination pour routards et ça, on l’a bien compris en arrivant dans la ville. On a marché deux heures à la recherche d’un logement mais aucun hôtel bon marché, juste une auberge pour voyageurs pratiquant des tarifs élevés (10 euros la nuit, je n’avais jamais payé aussi cher en Colombie). Pas le choix, on y passe la nuit…
C’est une ville où on n’a pas senti les habitants très aimables, pas du tout même. C’est la première fois que j’ai cette impression dans ce pays, où les gens sont généralement très accueillants et souriants.
Autre chose que j’ai remarqué : la frontière avec le Venezuela étant toute proche (moins de 100 km), la moitié des voitures ont des plaques d’immatriculation de ce pays frontalier.
Bref, on achète beaucoup de nourriture et d’eau avant de partir, car on nous a prévenu que tout est plus cher où l’on va.
Le lendemain, taxi collectif jusqu’à la ville d’Uribia, qui a pour slogan « Capitale Indigène de la Colombie ». Cette ville nous a clairement rappelé la Bolivie : c’est le bordel, des vélos taxis partout, des stands dans la rue qui vendent tout et n’importe quoi, des maisons tenant debout par miracle…
C’est parti !
De là, on monte à l’arrière d’un pick-up pour aller vers Cabo de la Vela, dans la zone de l’Alta Guajira. Ces pick-up servent à transporter des personnes, de la nourriture, des boissons… Et même un gars du coin avec son coq de combat ! C’est l’unique moyen pour nous d’atteindre Cabo de la Vela sans passer par une agence.
Le trajet fait mal au cul, mais c’est assez cool d’être à l’arrière de ce véhicule sur les pistes du désert. Un local est descendu en plein milieu de nulle part, aucune maison visible à la ronde. Il s’est pourtant mis à marcher dans une direction bien précise. Où allait-il ? Mystère, mais en tout cas il était déterminé à y aller !
Le village idyllique de Cabo de la Vela
On arrive à Cabo de la Vela en milieu d’après-midi. C’est minuscule, avec seulement une rue principale. Le sol est recouvert de sable partout. On a dormi les deux nuits en hamac, sur la plage. Le pur bonheur de s’endormir avec le vent frais de la mer et de se réveiller avec le bruit des vagues.
Il n’y a pas beaucoup de touristes, c’est vraiment calme. J’en avais marre des villes touristiques de la côte des Caraïbes, et j’ai trouvé ici mon petit paradis.
Beaucoup d’étrangers font le déplacement pour le kite-surf. C’est un spot mondialement connu pour ses conditions parfaites, tout au long de l’année.
Seuls au monde
Les environs sont tellement beaux… On peut se balader à pied autour du village, dans le désert. Des plages sont assez proches et sont les bienvenues pour se rafraîchir.
Le plat connu ici est la langouste et ne coûte que 10 euros.
Une amie argentine, Victoria, nous a rejoint accompagnée d’une colombienne et de deux françaises. Après deux nuits à Cabo, prochaine destination : Punta Gallinas. Noé et Mathilde n’ont pas l’argent pour y aller. Je m’entendais bien avec eux et aurais bien aimé faire encore un bout de chemin ensemble, mais asi es. Je continue donc avec les quatre filles (bien entouré !).
Un trajet riche en rebondissements..!
Aucun transport public ne va jusqu’à Punta Gallinas. La Colombienne, Trinidad, a trouvé un bon plan pour y aller, presque 2 fois moins cher que les prix qu’on nous avait dit auparavant.
Départ à 5 heures du mat’ dans un 4×4. Au bout de 30 minutes, les ennuis commencent : sur une des roues, ce ne sont pas les bons boulons et donc la roue ne tient pas bien… Ce n’était pas le chauffeur le plus prévoyant ! Impossible de continuer ainsi. Le chauffeur appelle un de ses amis, qui arrive 30 minutes après avec un nouveau 4×4.
Ah, c’est parti ! Mais non en fait… Ce nouveau chauffeur remarque après une demi-heure de route qu’il ne peut pas nous amener jusqu’à Punta Gallinas puisqu’il doit aller dans la journée à Uribia et qu’il n’aura donc pas le temps. Celui-là avait une bonne voiture, mais un gros manque d’organisation !
Un autre ami arrive. Celui-là a une bonne voiture, n’avait rien de prévu puisqu’il n’a pas dormi de la nuit et ne comptait donc pas travailler. Il a l’air fatigué mais nous emmène jusqu’à la Bahia Hondita, d’où on prend un petit bateau pour traverser de l’autre côté.
Enfin arrivé ! La Bahia Hondita est d’une beauté à couper le souffle. Tout ce vert au milieu du désert, avec le bleu de la mer des Caraïbes. Rien que pour voir ça, je ne regrette déjà pas le déplacement !
On dort une nuit ici, toujours en hamac. Seulement une centaine de Wayúu y vivent et sont attachés à cette terre ancestrale.
Objectif atteint !
Le mec nous louant les hamacs nous amène faire un tour du coin dans son 4×4.
Première étape à l’endroit « mythique » de la région : le phare de Punta Gallinas. Ce phare n’est pas beau, juste un pylône avec une lumière en haut, comme à Cabo de la Vela.
Mais c’est mythique car c’est le point le plus au nord de l’Amérique du Sud ! Une joie immense d’y être arrivé… Ushuaïa est à 10 500 km. J’en ai fait de la route sur ce continent…
La mer des Caraïbes au pied des dunes
On se rend ensuite à la Duna de Taroa. Sur le chemin pour s’y rendre, on en prend plein la vue.
Voir cette dune a été le summum… Imaginez-vous : vous êtes dans un endroit sans personne, avec une dune de sable de 30 mètres de haut qui se jette dans la mer des Caraïbes… Juste incroyable.
On peut descendre cette dune pour aller se baigner. Cette plage et cette mer juste pour notre petit groupe…
Le soir, on marche vingt minutes pour aller à une plage. Baignade et coucher de soleil. Le rêve. C’était ma dernière baignade de ce voyage dans la mer. Pas plus idyllique comme endroit…
On passe une bonne nuit silencieuse dans nos hamacs.
Une région très pauvre…
Notre chauffeur à qui il manquait des boulons a résolu son problème et revient nous chercher le lendemain matin, à 7h30.
Dans le désert, de nombreux gamins, y compris très jeune, bloquent la piste avec une corde pour que les voitures s’arrêtent pour quémander des bonbons, des gâteaux… Ça fait mal au cœur de les voir ainsi, d’être obligé de faire la manche pour manger un peu.
Retour dans les terres !
Retour directement à Uribia. De là, même technique qu’à l’aller : taxi collectif, et bus jusqu’à Santa Marta, où l’on arrive en milieu d’après-midi. Je reprends un bus en début de soirée pour retourner dans les terres, à San Gil (12 heures de bus). Je quitte donc la côte des Caraïbes sur un souvenir merveilleux, inoubliable. C’est mon gros coup de cœur de la Colombie pour l’instant. Un vrai paradis.
Ce voyage est bien plus qu’un rêve…
2 commentaires
Passer du bon temps sur les hauteurs de Minca - Y a qu'à rêver · 19 décembre 2018 à 12h20
[…] voilà reposé et prêt à reprendre la route. Direction la région de La Guajira demain, un désert au bord de la mer des Caraïbes et le point le plus au nord de l’Amérique […]
Faire du parapente à San Gil et randonner à Barichara - Y a qu'à rêver · 19 décembre 2018 à 13h50
[…] trois semaines passées sur la côte des Caraïbes, retour dans les terres. Un long trajet en pick-up, puis taxi collectif, puis deux bus différents, m’a amené à la petite ville de […]