« Celui qui ne voyage pas ne connaît pas la valeur des hommes. »

Proverbe maure

Premier trek de plusieurs jours en Colombie, et tout s’est merveilleusement bien passé pour aller jusqu’à cette mystérieuse cité perdue dans la jungle de la Sierra Nevada de Santa Marta.

Elle a été construite par la civilisation Tayrona vers 700 ans après JC, mais découverte seulement en 1976, bien que les indiens de la région la connaissaient déjà avant.

Pour s’y rendre, un seul moyen : marcher 4 jours aller-retour. Pas le choix que de le faire avec une agence, c’est une obligation. On passe par des communautés indiennes, et la zone n’est pas très sûre car il y avait beaucoup de champs de coca et de marijuana avant.

Colombie Trek Ciudad Perdida Kogui

Le bon plan !

Le trek coûte cher ; trop cher pour mon budget routard : 200 euros. Mais sur conseil d’un ami, j’ai proposé mes services de traducteur à une agence, qui a accepté sans hésiter. J’ai ainsi payé la modique somme de 90 euros pour 4 jours tout compris. Belle affaire (ou belle escroquerie…) !

Je suis parti avec un groupe de 16 personnes, dont beaucoup de francophones. Première surprise lors des présentations : on a un guide (normal), une cuisinière (normale), et un…traducteur (euh, je sers à quoi moi ?!). Finalement, l’agence se rendra compte de son erreur et le traducteur partira le deuxième jour. Mais honnêtement, je n’ai pas traduit beaucoup de phrases… Mon niveau d’anglais ne me le permettait pas de toute façon !

Bien entouré

Notre guide et la cuisinière, qui formaient un couple et avaient 2 enfants, ont été plus qu’adorables. Sympas, souriants, et faisant leurs métiers à merveille. On a mangé comme des rois pendant 4 jours. Ça me change de mes treks en solo où c’est pâte, pâte, et pâte… Gabriel, le guide, connaissait parfaitement la région et l’histoire.

Le trek se déroule donc en 4 jours : 2 jours aller, 2 jours retour par le même chemin. Ce n’est pas une énorme distance en kilomètre, mais les conditions climatiques rendent ce trek assez physique. Il fait chaud mais surtout très humide (90 %). Un petit air d’Amazonie ! Et aussi les moustiques, les tiques, les araignées… Bref, tous nos amis les insectes. Il y a même les « petits » serpents qui vont avec !

Colombie Trek Ciudad Perdida serpent

Heureusement, on longeait la rivière et les endroits où on passait la nuit étaient toujours à côté de piscines naturelles.

Un trek très fréquenté

Les endroits pour dormir étaient très bien, avec des lits pour les premiers arrivés, ou des hamacs ; et même des douches ! Vraiment pas comme les treks en solo, que je préfère largement pourtant. Plus de liberté, et cette notion est devenue importante pour moi après plus d’un an de voyage.

On partait tôt le matin à chaque fois. Debout à 5h (dur !) et départ à 6h quand le soleil se levait. On marchait le plus possible avant qu’il ne fasse trop chaud, et ainsi profiter plus des paysages car des nuages de brumes arrivaient souvent dans l’après-midi.

Colombie Trek Ciudad Perdida

Mais il y avait trop de monde sur les chemins à mon goût. Dur de marcher seul sans entendre un conna** qui parle fort ou écoute de la musique. Ce trek devient de plus en plus populaire, et je parie que dans 5 ans, avec le boom touristique que connait la Colombie, ce sera devenu beaucoup trop fréquenté.

La cité perdue

Au matin du troisième jour, nous arrivons au but, après avoir monté les 1 200 marches : la Ciudad Perdida. On y est resté 3 heures, à parcourir le site et à écouter les explications de notre guide.

Colombie Trek Ciudad Perdida

On a ainsi vu les nuages remonter du fond de la vallée et disparaître dans le ciel, laissant la place à un beau ciel bleu.

Colombie Trek Ciudad Perdida

Il n’y a plus grand chose sur le site. Les maisons étaient construites en matière naturelle, et se sont donc « décomposées » au fil du temps. Il reste seulement les fondations et toutes les terrasses.

Colombie Trek Ciudad Perdida

Les indiens Kogui

Deux maisons de l’époque ont été reconstituées. Le site est sacré encore pour les indiens Kogui, qui sont un peu partout dans la région. Ils y viennent régulièrement pour y célébrer le soleil, la Pachamama… Le site est ainsi fermé à la visite un mois entier lors de cérémonies importantes.

Colombie Trek Ciudad Perdida kogui

Il y avait le chamán qui était là avec sa famille. Il faisait des cérémonies pour la pluie, en nous expliquant ses croyances.

Le coup de gueule

C’est sans doute le moment qui m’a le plus énervé et dégoûté du tourisme de masse. On était nombreux devant lui, mais les 3/4 des gens étaient plus intéressés à le prendre lui, ou sa famille, en photo ; sans même demander la permission. Ce ne sont pas des animaux dans un zoo !

Ce sujet me tient à cœur. Pour avoir eu l’énorme chance et privilège de rencontrer et de pouvoir parler avec 2 chamáns durant mon voyage, je connais la valeur de ces Hommes. Ils ont une intelligence hors du commun, un savoir immense, sont humbles… Ces rencontres, à chaque fois, m’ont bouleversées. Pour avoir vu de mes propres yeux ce qu’ils savent faire avec les plantes médicinales ou avec l’ayahuasca, je crois profondément en leurs sciences et croyances. Je les respecte, et les admire.

(Ce qui va suivre ne va pas être poétique mais vient vraiment du fond du cœur !)

Voir plein de gringos prendre des photos de ces gens comme si c’étaient des sauvages, ne pas écouter leurs discours et ne même pas prendre au sérieux leurs connaissances me fait gerber. Ces touristes sont des abrutis finis, dépourvus de cerveau. Ils pensent qu’ils ont la chance de prendre en photo un indigène, une sorte de « sauvage ». Mais c’est qui le sauvage ? Au vu de notre société et de nos comportements, la question se pose…

Je n’aime pas prendre ces gens en photo. Ces personnes si belles, habillées tout de blancs, ces regards si particuliers, ces discours…resteront gravés dans mon cœur. Et c’est ça le plus beau d’un voyage. Aucun bouton « supprimer » ne pourra les effacer, contrairement à une simple photo.

Bref, revenons à la visite…

Le site est beaucoup plus grand que ce à quoi je m’attendais. Depuis un point en hauteur, la vue est superbe.

Colombie Trek Ciudad Perdida

L’armée est encore là pour surveiller les lieux et maintenir la région en sécurité.

Le tourisme, en plein essor, a aussi des effets positifs puisque 250 familles en vivent directement. Familles qui auparavant étaient tournées vers la culture de coca et de marijuana pour gagner un peu d’argent.

Il est donc nécessaire de développer un tourisme responsable et durable pour que tout le monde en profite, dans le respect des croyances et des traditions.

Quatre jours de trek se terminent donc. Un joli trek dans la jungle où j’ai aussi rencontré des compagnons géniaux (heureusement, il y a aussi des gens biens dans le monde !).

Départ demain vers Minca, à une heure de Santa Marta où je suis revenu passer la nuit.


2 commentaires

Passer du bon temps sur les hauteurs de Minca - Y a qu'à rêver · 19 décembre 2018 à 12h20

[…] le trek de quatre jours de la Ciudad Perdida, j’avais besoin d’un endroit calme et joli pour me reposer. On m’a […]

Explorer le parc Tayrona, près de Santa Marta - Y a qu'à rêver · 29 décembre 2018 à 17h02

[…] autre aventure m’attend désormais : le trek de 4 jours pour aller à la Ciudad Perdida […]

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