« Celui qui a une maison n’en a qu’une, celui qui n’en a aucune en a mille. »
Proverbe indien
Ce trek de 3 jours est le plus connu de Birmanie et celui que fait la plupart des voyageurs. Il rejoint Kalaw au lac Inle en passant par des vallées, la campagne et plusieurs petits villages. J’avais vraiment envie de refaire une rando, ça me manquait après le Népal !
J’ai pris un bus de nuit de Bagan à Kalaw le 26 au soir. Les Birmans n’ont pas trop compris le principe de bus de nuit justement j’ai l’impression. Pour la plupart des destinations, les bus partent tôt en début de soirée et arrivent en pleine nuit. Ça serait plus logique de les faire partir vers 22h et d’arriver ainsi au petit matin.
Je me suis fait déposer en pleine nuit donc, à 3 heures du mat’, dans la petite ville de Kalaw. J’avais repéré une auberge pour ne pas arriver comme un con et ne pas savoir où aller (Dormitory Golden Kalaw Inn). J’y ai fini ma nuit, allongé dans mon sac de couchage sur une table basse..! Pas la nuit la plus confortable mais ça passe.
Les nuits sont fraîches, puisque la ville se situe à 1 300 mètres d’altitude.
En soi, pas grand chose à faire ou à voir ici. Je rencontre Matthieu à mon auberge, et on fait le tour des agences ensemble pour le trek. Finalement, celle qui nous paraît la mieux est la moins chère : 23 euros tout compris pour 3 jours de rando !
En plus, cette agence n’utilise pas le sentier classique et passe par des chemins alternatifs. Il y a donc moins de monde et l’expérience est plus authentique. Le nom de l’agence est Jungle King.
Jour 1 (20 km) :
Départ de Kalaw à 9h. On est un groupe de 6 personnes, avec notre guide, Simon. Bon, en vrai, je ne pense pas que ce soit son vrai prénom mais plutôt celui qu’il utilise pour son métier.
Jeu des 7 familles (ou 8)
En Birmanie, tout le monde a les mêmes noms de famille. Ils sont fixés d’après le jour de naissance, et non en fonction du père. Mais il n’y a pas 7 noms possibles, mais 8 puisque le mercredi est divisé en 2 jours distincts. C’est une sacrée merde pour l’administration apparemment !
Simon est d’origine Gorkha, une ethnie du Népal. Les Gorkhas étaient les meilleurs soldats du pays et ont été recrutés dans l’armée anglaise. Vu que la Birmanie a fait partie de l’empire britannique, certains Gorkhas y sont donc arrivés un peu par hasard, avant de s’y installer. C’est le cas de l’arrière grand-père de Simon.
On part de Kalaw directement en marchant. On monte dans les collines surplombant la ville. Les vallées sont recouvertes de champs d’agriculture, donnant aux paysages différentes couleurs. Ça me rappelle clairement la rando faite au cratère de Maragua, en Bolivie, en compagnie de ma sœur et Thomas.
Tout au long du trek, on passe dans de petits villages traditionnels. Il y a beaucoup d’enfants, qui nous disent tous bonjour avec un grand sourire.
Mieux comprendre le Myanmar
Simon nous explique beaucoup de choses sur les différentes plantes, et nous fait goûter plusieurs fruits qu’on ne connaissait pas. Ses connaissances sont impressionnantes et c’est vraiment cool d’avoir un guide comme ça. De plus, on peut parler d’autres sujets avec lui, comme de religion ou politique. Il parle sans complexe de la junte militaire, et de l’histoire de son pays. Il nous fait part aussi de sa déception de Aung San Suu Kyi, qui n’a encore rien fait pour régler les problèmes des Birmans.
Et l’année 2017 n’aura pas été bonne pour l’économie du Myanmar. Le tourisme avait explosé en 2016, avec une fréquentation en forte hausse. Mais l’année 2017 est beaucoup moins bonne, notamment à cause du conflit avec l’ethnie des Rohingyas qui donne une mauvaise image du pays (qui n’est en fait pas vraiment un conflit, mais plutôt un génocide).
Une multitude de villages traditionnels
Durant cette première journée, nous aurons traversé des villages de 2 ethnies différentes, parlant chacune sa propre langue. Simon peut tout de même communiquer avec eux et sert donc de traducteur si besoin.
Les maisons sont en bambous tressés, une technique ancestrale. Le 1er soir, on dort dans une de ces maisons, dans un petit village.
La famille appartient à l’ethnie Pa-O. Ils sont très discrets et ne parlent pas un mot d’anglais évidemment. C’est rustique, avec de petits matelas à même le sol, mais l’endroit me plaît terriblement.
La nourriture a été excellente en plus, et en quantité !
Jour 2 (22 km) :
Réveil tôt après une bonne nuit de sommeil, malgré le Singapourien de notre groupe qui ronfle fort !
On commence à marcher à 8h. On passe encore à travers des champs. Les paysans viennent tous de récolter les piments rouges. Ils les font sécher devant les maisons ; la quantité est dingue ! Des tonnes et des tonnes de piments, destinées à la consommation nationale et à l’exportation. Mais ils ne touchent pas grand chose par rapport au prix de vente.
On marche à travers de beaux paysages, en surplombant des vallées, comme la veille.
On fait une pause à une rivière où on peut se baigner. Un paysan arrive en même temps pour le bain de son buffle. Il le lave avec attention, et en prend soin comme si c’était un membre de sa famille ! Pour les gens d’ici, cet animal représente une aide précieuse et indispensable pour le travail des champs.
Durant le dernier village traversé, on a pu voir des hommes fabriquer les paniers en bambous servant à récolter les fruits et légumes. Tout fait main !
La nuit au monastère
On arrive à notre endroit pour la nuit vers 16h30. On ne dort pas chez l’habitant cette fois, mais dans un monastère bouddhiste. Le leader du monastère est un moine de seulement 26 ans. Une vingtaine d’enfants moines vivent ici également, et fréquentent l’école du village. Ce sont soit des orphelins, soit des enfants de parents pauvres qui ont décidé de les confier au monastère.
Une partie de foot est en cours à notre arrivée, et on est invité à y participer. Mais c’est vraiment difficile de savoir qui est dans son équipe : tous les gosses se ressemblent (crâne rasé, robe rouge de moine…) !
On passe donc la nuit ici, allongé sur un petit matelas dans le monastère.
Jour 3 (16 km) :
Les moines se réveillant dès 5 heures, nous nous levons tôt aussi !
Mauvaise surprise
Au petit-déj, on apprend qu’on a un nouveau guide. Simon, notre guide, s’est battu hier soir, et a foutu un coup de bouteille de bière en pleine tête à un autre guide ! J’imagine qu’il s’est fait virer du coup. Dommage, et c’est bizarre car il était super sympa et paraissait calme. En tout cas, l’autre guide a un énorme bandage sur le crâne ce matin.
Notre nouveau guide n’a pas été top, et n’a pas expliqué grand chose.
La dernière journée a été courte, seulement 4 heures de marche. Mais encore une fois, on prend des chemins alternatifs et on ne croise aucun autre groupe de randonneurs. Le paysage change par rapport aux premiers jours, avec une terre ocre.
Mais toujours les mêmes sourires sur tous les visages. Un vrai bonheur de voir ça !
Arrivé à destination !
On rejoint le lac Inle en fin de matinée. On arrive au sud-ouest du lac, à un petit village avec des maisons sur pilotis. Un couple nous prépare notre dernier repas du trek, encore délicieux.
On prend ensuite un petit bateau pour traverser le lac en 1 heure et remonter au village de Nyaung Shwe, où il y a toutes les auberges.
On voit notamment les fameux pêcheurs du lac, avec leur technique particulière et unique. Debout sur la pirogue, ils utilisent une jambe pour ramer, et remontent une sorte de grand panier de pêche. C’est un vrai numéro d’équilibriste !
J’ai adoré ce trek ! Moins beau que ceux du Népal évidemment, mais très authentique. Prendre des chemins alternatifs a été super puisqu’on n’a croisé quasiment aucun autre randonneur.
Les villages traversés étaient « vrais ». J’avais peur que, vu que la région est touristique, les villageois sortent des souvenirs à vendre à chaque fois qu’ils nous voient. Mais pas du tout, ils voguent à leurs occupations quotidiennes sans se soucier vraiment de nous. A part pour nous faire de grands sourires sincères pour nous dire bonjour.
Les Birmans sont vraiment des gens incroyables !
4 commentaires
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