« Le voyage est un retour vers l’essentiel. »
Proverbe tibétain
Il me restait encore quelques jours au Népal avant mon vol vers Bangkok. Et après ces 3 treks, je n’avais plus l’énergie d’en refaire un 4ème. Un petit mail de workaway pour me rappeler que je devais payer pour renouveler mon compte m’a donné une idée ! Pourquoi ne pas faire du volontariat avant de quitter le Népal ?!
Après quelques recherches, j’ai trouvé l’endroit idéal : une ferme bio à Nagarkot, dans la vallée de Kathmandu.
Le lien pour ceux que ça intéressent : ici
Ce n’est qu’à une trentaine de kilomètres de la capitale, ce qui me convenait bien car je ne voulais pas faire de longs trajets en bus pour y aller.
Deux sœurs aux grands cœurs
La ferme est tenue par 2 népalaises adorables : Pramila et Shanta.
Elles sont originaires de la région de Chitwan, au sud du Népal, et sont venues ici il y a 3 ans. Elles ont bougé de leur région natale pour expérimenter une nouvelle vie plus proche des montagnes, et aussi parce que c’était leur karma comme elles disent.
Au début, elles étaient en location dans une petite maison, avant que le séisme de 2015 ne la détruise. Elles ont dû vivre quelques mois sous des bâches, le temps de construire leur propre ferme. La maison actuelle est petite, avec une cuisine et 3 chambres, et est faite en bambou et terre. C’est un endroit charmant, avec 3 terrasses de cultures, et une vue sur les collines et les montagnes du Langtang quand le ciel est dégagé (ce qui a rarement été le cas durant la semaine).
Les conditions de vie sont assez basiques, mais ça me suffit amplement. Mon lit est un matelas à même le sol, mais vu que les nuits sont assez froides, on a tous 2 couettes pour dormir. On mange assis sur le sol dans la cuisine, comme dans beaucoup de maisons d’Asie. Et interdiction de rentrer avec des chaussures à l’intérieur ; toujours pieds nus ou en chaussettes !
Une nourriture saine et délicieuse
Tout est bio dans la ferme évidemment. Les fruits et légumes servent uniquement à nous nourrir, mais il y en a suffisamment pour ne quasiment jamais rien acheter. La nourriture que prépare Pramila et Shanta est délicieuse ! Le meilleur dal bhat que j’ai mangé au Népal, des chapatis et soupes dont on ne s’en lasse pas. Et le mieux, on a appris à faire des momos, dont je raffole !
Le régime alimentaire est uniquement végétarien, mais ça ne me pose aucun problème puisque je le suis aussi désormais. Pas un morceau de viande depuis le début du voyage. C’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai jamais eu la turista encore (ce qui est un exploit vu comment j’étais sensible en Amérique du Sud !).
Ici, on vit en mode « écolo », par volonté et par contrainte à la fois. Il y a un compost pour enrichir les sols de la ferme, et un panneau solaire pour chauffer l’eau de la douche. Et on essaye d’avoir zéro déchet. Il n’y a pas de ramassage des ordures, donc l’unique moyen de se débarrasser des déchets non organiques est de les brûler, si on ne peut pas les réutiliser pour autre chose.
Un peu de boulot !
La ferme attire de nombreux volontaires. En moyenne durant ma semaine ici, on était environ 8. Toujours une bonne ambiance, chacun aidant aux tâches quotidiennes : ramassage des légumes, cuisine, faire le feu pour bouillir l’eau…
L’unique revenu est la vente de thé, produit à la ferme également. Notamment le thé Marigold, assez rare dans les commerces. La ferme est située sur le chemin de randonnée allant de Nagarkot à Bhaktapur, et c’est donc un bon endroit pour vendre aux trekkeurs. Quasiment tous les matins, l’un de nous montait son petit stand et essayait de mettre ses talents de vendeur en valeurs. Ça rapporte environ 5 euros par jour, durant la saison touristique.
J’ai aussi essayé le thé à la marijuana. Il y a quelques plants dans la ferme, et il n’y a aucun effet à consommer en thé. Mais ça nous arrivait d’en prendre un peu pour en fumer !
Le « travail » était plutôt relax. Si quelqu’un voulait passer une journée sans rien faire à se reposer, il n’y avait aucun souci à cela.
Partager de bons moments
Il y a aussi une très bonne ambiance avec les voisins, qui viennent souvent faire la causette ou échanger quelques légumes, avant de repartir voguer à leurs occupations.
Des népalais ont acheté un terrain près de la ferme. Et une tradition veut que les nouveaux propriétaires invitent les amis et tous les voisins à une journée de célébration, une « puja ». On a donc été tous invité le midi et l’après-midi. Il y avait une quarantaine de personnes, et un mini orchestre de 3 personnes.
On a mangé, bu et dansé tous ensemble. Chaque invité doit prendre le micro pour se présenter et dire quelques mots. Nous n’étions que 3 volontaires cette journée là, et le népalais organisant la fête était vraiment heureux et fier d’avoir 3 occidentaux présents ! On n’a donc pas échappé à prendre le micro chacun notre tour. Assez embarrassant mais marrant ! Ils ont apprécié que je sache dire « Bonjour, je m’appelle Guillaume » en népalais. Mais j’ai continué en anglais, car mon vocabulaire népalais s’arrête là !
Bref, ça a été une bonne expérience, et l’occasion de parler avec beaucoup de locaux et de découvrir des traditions que je ne connaissais pas. C’était exactement ce que je souhaitais en venant ici.
Une dernière (petite) rando au Népal
Ça a aussi été l’occasion de visiter les environs. Notre ferme est à 3 km de Nagarkot, village en haut d’une colline assez réputé pour sa jolie vue. Un matin, avec quelques autres volontaires, on s’est levé à 4h30 pour aller voir le lever de soleil depuis un point de vue à 1h30 de marche. Manque de pot, que des nuages ! Tant pis, je ne le referai pas 2 fois !
Stéphane, le québecois avec qui j’ai fait le trek de Gosaikunda, m’a rejoint à la ferme durant la semaine. On a fait une journée rando, avec Magnus, un danois, et Doung, une chinoise. Départ à 9h vers Changu Narayan, en passant par des forêts et des petits villages. On y arrive en fin de matinée. C’est un village avec de très anciens bâtiments, notamment le temple principal. Il a été construit au 4ème siècle avant JC et est l’un des plus anciens du pays. Le temple est beau en effet, mais j’en ai vu beaucoup déjà au Népal. La construction qui m’a le plus impressionné en fait est une statue en bois, au milieu d’un débarras, représentant une sorte de char avec des éléphants.
L’endroit n’est pas très touristique, et les 2 militaires chargés de la surveillance doivent bien se faire chier toute la journée !
Durant les 2 heures à visiter Changu, j’ai passé plus de temps à observer les locaux dans leurs vies quotidiennes plutôt qu’à photographier les bâtiments.
Ça a été les uniques visites de la semaine. Je préférais rester à la ferme à aider et à échanger avec Pramila, Shanta et les autres volontaires.
Mieux comprendre la société népalaise
On a eu des discussions très intéressantes sur l’histoire et les traditions népalaises. Notamment sur les mariages arrangés. Pramila nous a expliqué comment ça se passait et s’est confiée sur sa vie. Elle a été mariée à 20 ans, à un homme qu’elle n’avait jamais vu avant le jour du mariage. Elle a eu 2 enfants avec lui, qui ont maintenant 19 et 21 ans. Mais son mari est parti et s’est remarié avec une autre femme (pas légal au Népal, mais le divorce est plus ou moins toléré désormais), la laissant seule avec ses enfants.
Dans la plus pure mentalité bouddhiste, elle ne lui en veut pas du tout. C’est comme ça, on ne peut rien y faire comme elle dit. Une belle leçon de vie, surtout quand on voit comment elle s’en est bien sortie, avec sa fille qui étudie désormais aux USA et son fils à Kathmandu. Mais elle ne veut pas de mariage arrangé pour eux. Ils sont libres de décider eux-mêmes.
Shanta, elle, a eu moins de chance. Ses parents ne l’ont pas envoyé à l’école car ce n’était pas la place d’une fille selon eux. Elle a 32 ans désormais, mais n’a jamais été mariée.
Pramila et Shanta ont donc décidé de s’installer ensemble. Elles ont appris l’anglais au contact des volontaires qu’elles accueillent ; et elles ont appris vite puisqu’elles parlent très bien !
Merci pour tout…
Je quitte la ferme le vendredi 1er décembre, après une semaine riche d’apprentissages et de rencontres. Je remercie encore et encore tout le monde pour ces magnifiques moments ! Quand je reviendrai au Népal un jour pour tenter le Cho Oyu, je ne manquerai pas de revenir à cet endroit !
Avant de partir, j’échange de sac de couchage avec Magnus. Les prochains pays où je vais me rendre sont des pays chauds en général, et le mien est fait pour le froid (0°C) et prend de la place. Celui de Magnus est un 15°C, et vu qu’il reste encore un mois au Népal, il a besoin d’un meilleur sac. Tout le monde est gagnant, et je voyage donc plus léger !
Derniers jours à Kathmandu
Pour quitter Nagarkot, j’ai tenté le stop. J’avais lu dans un guide que le stop au Népal ne fonctionne pas vraiment. Ça a plutôt bien marché pour moi, puisque la première voiture qui passe s’arrête et accepte de m’emmener à Bhaktapur. En plus, c’était un 4×4, ce qui est parfait vu l’état de la route défoncée ! Et de Bhaktapur, bus local bondé comme toujours pour retour à Kathmandu, pour mes derniers jours de ce voyage au Népal. J’y passe le weekend car j’avais des amis à revoir avant de partir.
Et quelques trucs à faire, comme aller au coiffeur. Des amis ont tenté l’expérience au Népal, et ça n’a jamais été une réussite. Le coiffeur que j’ai choisi ne s’est pas loupé, tant mieux, même si j’ai eu peur quand il a sorti des ciseaux de 20 cm de long (euh, c’est les cheveux qu’il faut couper, pas ma tête hein ?!).
J’ai passé pas mal de jours au final à Kathmandu, y revenant toujours après les treks. Je connais beaucoup de bons petits restos où je me remplis le ventre pour moins d’un euro. Faut bien que je reprenne le poids que j’ai perdu pendant ces longues randonnées !
Direction la Thaïlande désormais, le mardi 5 décembre ! Triste de quitter ce si beau pays, et content d’aller en découvrir un nouveau, et surtout d’aller passer l’hiver au chaud (même très chaud sûrement !).
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