« La liberté consiste à choisir entre deux esclavages : l’égoïsme et la conscience. Celui qui choisit la conscience est l’homme libre. »
Victor Hugo
« Bienvenue au paradis » : ce sont les premiers mots qui me sont venus lors de mon arrivée sur l’île de Kapas. L’île est petite et je ne pensais rester que deux nuits à la base, mais le séjour s’est prolongé !
Avant le paradis
J’ai d’abord passé une journée à Kuala Terengganu, une ville de 400 000 habitants et capitale de la province portant le même nom. La ville s’est modernisée récemment grâce aux revenus du pétrole. Peu de voyageurs y passent et je le ressens aux regards curieux se posant sur moi dans la rue.
J’ai fait quelques rencontres originales de ce fait comme un médecin jordanien ici pour quelques mois dans le cadre d’une recherche médicale. Ou bien un malaisien appartenant à une association religieuse protestante bizarre (The Gideons International). Il m’a offert une version du Nouveau Testament, dont je ne sais pas quoi en faire car ça ne m’intéresse pas du tout !
Chinatown, temples hindous et mosquées : on est bien en Malaisie !
Le Chinatown est petit mais animé en journée. En revanche, cette ville ne vit pas beaucoup la nuit car tout ferme tôt, y compris dans le quartier chinois.
Durant ma journée ici, j’en ai profité pour visiter la grande mosquée dont les minarets dominent le centre-ville. Les musulmans qui étaient présents m’ont très bien accueilli, pensant que je partageais la même religion qu’eux à la vue de ma barbe. Un homme m’a fait une petite visite guidée gratuite, juste parce que ça lui faisait plaisir qu’un étranger vienne visiter son lieu de culte.
Évidemment, il y a plusieurs temples bouddhistes chinois également, notamment le Ho Ann Kiong. Les chinois sont en revanche moins accueillants ; une sorte d’indifférence.
D’ailleurs, il y avait un chinois dans mon dortoir à l’auberge et ce n’est vraiment pas un cadeau… Il avait un durian avec lui, ce fruit à l’odeur nauséabonde. Il a empesté le dortoir et il a fallu que je lui demande de le mettre à l’extérieur pour faire partir cette odeur. En plus de ça, les chinois rotent sans arrêt et se raclent la gorge très bruyamment. La grande classe !
Bref, tout comme à Kuala Lumpur et surtout à George Town, le street art est présent également à Kuala Terengganu. C’est le seul pays d’Asie où on en trouve autant.
Un choix mûrement réfléchi !
Mais si je suis venu jusqu’ici après un long trajet depuis le Taman Negara, ce n’est pas pour visiter les quelques lieux d’intérêts de la ville. Les îles de la côte est de la péninsule malaisienne sont parmi les plus belles du pays. Les plus connues étant Perhentian et Tioman, où tous les voyageurs vont.
Cependant, je n’avais pas envie de faire comme tout le monde et voulais trouver mon paradis loin du tourisme. C’est sûrement la dernière fois que je me rends sur une petite île en Asie et je voulais quelque chose d’original pour l’occasion. Après quelques recherches, un nom est apparu : Pulau Kapas (Pulau signifiant « île »). Bingo, c’est parti !
L’île de Kapas n’est qu’à six kilomètres du continent, mais c’est un tout autre monde. Pour s’y rendre, il suffit de prendre un bus local depuis Terengganu jusqu’à Marang (30 minutes) et de là prendre un des speedboats pour rejoindre l’île en quinze minutes.
Au rythme de Kapas
L’île est minuscule : seulement 2km², aucune route et aucun véhicule, aucune habitation hormis quelques bungalows le long des plages et c’est tout ! Contrairement aux autres îles, Kapas est bon marché et pas la peine de débourser beaucoup pour se loger. J’ai trouvé un lit en dortoir pour 5 euros au Kapas Beach Chalet, le spot le plus chill de l’île avec des hamacs, des transats et toujours quelqu’un jouant de la guitare le soir.
Il y a peu d’hébergements sur l’île donc même s’il n’y a pas beaucoup de voyageurs, il est préférable d’arriver tôt pour ne pas se retrouver à dormir en tente sous une chaleur écrasante.
Muy buena onda !
Dès mon arrivée, je rencontre d’autres voyageurs : 4 chiliens, 3 espagnoles, 2 argentins et une française. Je n’avais jamais vu autant de sud-américains en un seul endroit en Asie. L’île n’est connue que des routards latinos, pour mon plus grand bonheur ! Pas la peine de parler anglais ici, l’espagnol est de rigueur !
On a formé un groupe génial durant ce séjour.
Le rythme de vie est très relax : pas de wifi donc déconnecté du monde, sieste toutes les après-midi, on vit pieds nus car le sable est partout… Une vraie bande de hippies ! Un panneau à mon hôtel résumait bien le mode de vie : limitation de vitesse à 0,3 km/h. Tranquillement le matin, doucement l’après-midi comme diraient mes amis marseillais !
Le spot de snorkeling secret d’Asie !
Et que dire des fonds marins… Une merveille ! Pas la peine de partir en excursion sur un bateau pour s’émerveiller. Il suffit de prendre un masque et un tuba (fournit gratuitement à mon auberge) et de partir nager depuis les plages. Les meilleurs spots sont au nord de l’île et ils sont incroyables ! L’eau est turquoise et transparente, pas de courant ni de vagues donc idéal pour avoir une bonne visibilité.
Après seulement 15 minutes sous l’eau, un requin à pointe noire de 1,5m apparaît ! Un second quelques minutes plus tard… Je suis comme un gamin et n’arrête pas de nager pour essayer de les suivre.
C’est un aquarium géant avec des poissons partout et une multitude de coraux en bon état. Je regrette vraiment de ne rien avoir pour filmer sous l’eau et vous faire partager ces moments. Honnêtement, je pense que Kapas est le meilleurs spot de snorkeling que j’ai vu en Asie tout simplement. Ça se rapproche (un peu) des Galápagos !
Du coup, tous les matins et en fin d’après-midi, c’était snorkeling avec des surprises à chaque fois : raies, poissons némos… J’ai rarement autant nagé qu’ici ! Les plus belles plages de l’île au nord ne sont accessibles que par kayak ou à la nage. Elles sont totalement désertes et merveilleuses. Imaginez : sable blanc sans personne, eau turquoise et calme, la jungle derrière… Comment faire mieux ?!
La perle de la côte Est
Certaines personnes du groupe étaient déjà allées aux îles Perhentian ou Tioman. Ils sont tous unanimes : Kapas est une perle et encore plus incroyable que ces endroits connus !
Tout est très bien préservé à Kapas. Les locaux sont respectueux de l’environnement et ont compris l’intérêt qu’ils ont à protéger leur paradis. Des affiches dans toutes les auberges indiquent les bons gestes à adopter pour préserver les coraux, les déchets sont triés et réutilisés au maximum, des panneaux solaires alimentent l’île en électricité… Quel bonheur de voir un endroit écolo et de rencontrer des gens sensibles au développement durable en Asie !
Vu que c’est tout petit, il ne faut pas venir ici si vous voulez tout un tas d’activités. Il y a un petit centre de plongée, un petit chemin pour rejoindre l’autre côté de l’île (mais infesté de moustiques) et c’est tout… Le reste du temps, c’est détente et baignade.
Kayak à Kapas
J’ai loué à kayak à la demi-journée pour aller explorer un peu plus. C’était le jour de mes 10 mois de voyage ! Que le temps passe vite quand je pense au chemin parcouru depuis le Népal ! Une expérience incroyable de nouveau avec tous ces moments de bonheur (et de galère aussi) qui resteront gravés en moi…
Me retrouver seul sur un kayak était un bonne occasion pour penser à tout ça et me rendre compte de ces instants merveilleux que j’ai vécu (et c’est loin d’être fini !). Je n’ai pas fait que penser bien sûr, j’ai aussi beaucoup ramer !
D’une île à l’autre
J’en ai profité pour changer d’île en allant sur Gemia, une île encore plus petite au nord de Kapas. Il n’y a qu’un seul resort à Gemia, et il est plutôt très cher. Même si on n’est pas client, on a tout de même le droit d’accoster sur l’île et de profiter des plages.
Pas de requins ou de raies cette fois, mais une tortue ! Elle était petite mais très lente, ce qui m’a permis de nager au-dessus d’elle durant au moins cinq minutes. Le top !
J’ai vraiment adoré les quelques heures à ramer et à nager dans ces lieux paradisiaques. On se sent tellement loin de tout !Soirées deu de cmap et planctons
Soirées feu de camp et planctons
Les soirées sur l’île étaient cool également. Pas de grosses sonos diffusant une musique électro, mais un petit feu de camp sur la plage en buvant une bière et en jouant des instruments.
Comme ailleurs en Asie, il est possible de nager avec le plancton phosphorescent la nuit. Même si je l’ai déjà fait plusieurs fois, c’était un bonheur de vivre ça de nouveau. A la suite de nos mouvements dans l’eau, le plancton s’illumine et devient bleu/violet… On l’a fait quasiment tous les soirs avec notre groupe de folie !
Mais notre groupe s’est réduit au fur et à mesure des jours, chacun ayant des destinations et des impératifs de date. J’étais le seul à la fin mais pas vraiment seul non plus : avec la bonne ambiance entre voyageurs sur l’île, je connaissais absolument tout le monde à la fin (et uniquement des argentins, chiliens et espagnols bien sûr !).
Un signe de Dieu
Alors que je pensais partir le lendemain, un coucher de soleil m’a convaincu de rester encore un peu plus. On ne l’a pas vu jusqu’au bout mais les couleurs dans le ciel ont été époustouflantes. Tout le monde était sur la plage à contempler ce spectacle ; personne n’avait jamais vu ça auparavant !
Le soleil et les nuages se sont parfaitement superposés, donnant une forte lumière jaune et les couleurs dans l’arc-en-ciel au-dessus des nuages.
Ce moment m’a convaincu que cette île a quelque chose de spéciale et qu’il fallait rester une journée de plus. Une sorte de manifestation divine (non, je ne suis pas devenu fou mais je lisais un thriller avec une histoire de religion donc j’ai pensé à ça du coup) !
Un coup de cœur
Mais il faut bien quitter Kapas un jour… Le vendredi 27, je me décide à prendre le bateau pour retourner à Marang puis à Kuala Terengganu. Je suis resté toute la semaine sur l’île au final… C’est un endroit vraiment tranquille mais les malaisiens y viennent en nombre passer le weekend. Je ne voulais pas voir mon havre de paix avec de l’agitation et j’ai préféré partir !
Je repasse une nuit à Kuala Terengganu avant de prendre un bus de nuit le 28 juillet en direction de Kuala Lumpur. Le retour à la civilisation est rude, mais j’ai des amis à revoir dans la capitale malaisienne.
Vous l’aurez compris, Pulau Kapas a été pour moi un endroit inoubliable… Elle s’inscrit sans aucun doute parmi mes îles préférées d’Asie du Sud-Est ! Tous les ingrédients étaient réunis pour une semaine formidable : de belles rencontres, ambiance latino, nature exceptionnelle (notamment avec les requins), rythme de vie décontracte… Je ne regrette absolument pas mon choix d’avoir zappé les îles connues pour venir uniquement ici. Un énorme coup de cœur !
3 commentaires
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Taman Negara - Du 19/07 au 21/07/2018 - Y a qu'à rêver · 12 décembre 2018 à 14h33
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A la découverte de la belle Malacca - Y a qu'à rêver · 12 décembre 2018 à 15h42
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