« On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux. »

Gandhi

Le nom Bornéo est indissociable des orangs-outans. Cette île mythique regorge de biodiversité dont le célèbre grand singe. C’était pour moi un rêve de les observer dans leur habitat naturel, et c’est chose faite. Et plutôt deux fois qu’une !

Depuis la ville de Kuching, il est très facile d’aller à leur rencontre. Le centre de Semenggoh se trouve à une trentaine de kilomètres seulement et est l’un des plus réputés au monde.

Une espèce rare et menacée

Les orangs-outans ne se trouvent que sur deux îles dans le monde : Bornéo et Sumatra (Indonésie). Ils sont aujourd’hui classés parmi les espèces en danger critique d’extinction malheureusement… Leur territoire se réduit chaque année au profit des cultures d’huile de palme. Ils sont chassés, et se réfugient dans quelques zones où l’Homme ne peut les atteindre.

Heureusement, il existe des personnes magnifiques sur Terre, dont les rangers du Semenggoh Wildlife Center. Ils récupèrent des orangs-outans blessés ou les sauvent de la captivité pour leur réapprendre à s’adapter à la vie sauvage. Les premiers arrivants se sont reproduits et aujourd’hui, 22 orangs-outans peuplent cette réserve de 7 km², en totale liberté.

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Deux fois par jour, les rangers distribuent de la nourriture pour ceux qui n’ont pas réussi à en trouver assez. C’est l’occasion d’aller voir ces merveilleux animaux d’assez près.

Suspens…

J’y suis allé une première fois le 7 août au matin. Beaucoup de visiteurs évidemment, n’espérez pas être seul face aux orangs-outans. Mais les rangers expliquent les consignes et les comportements à adopter, puis veillent à ce que tout le monde respecte :

  • ne pas parler fort ;
  • pas de flash d’appareil photo ;
  • ne pas tenter d’approcher un orang-outan à moins de 5 mètres (ils sont plutôt peace mais on ne sait jamais, vu la force qu’ils peuvent avoir…)
  • ne pas montrer du doigt un individu. Ils pourraient penser à un fusil et avoir peur ou devenir agressif…

C’est la saison des fruits en ce moment donc il y a beaucoup de nourriture dans la forêt. On nous explique donc qu’il n’est pas certain d’en voir. Ils sont libres et ne sont pas amenés de force pour le plaisir des touristes (et heureusement !). Je préfère ne pas voir d’animaux du tout plutôt que de me vanter d’en avoir vu des centaines dans des cages.

L’attente paraît longue car je rêve de voir un de ces singes tout de même. Après 15 minutes, un mâle de 10 ans vient en se balançant de branche en branche.

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Aucune séparation physique entre le grand singe et nous : pas de barrière, pas de cage, ni même un ruisseau. La sensation de proximité est incroyable.

Multi-fonctions

Le prénom de ce mâle est Ganya et je l’ai trouvé fort sympathique puisqu’il est resté une bonne demi-heure ! Son agilité est impressionnante, avec ses quatre « mains ». D’ailleurs, ça a l’air hyper pratique quand on le voit tenir les fruits avec les pieds et les mains ! Si on avait ça, on pourrait faire notre shampooing, se brosser les dents et laver le linge en même temps..!

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Une frère lointain…

Mais ce qui m’a le plus surpris est l’apparence humaine de son visage… Ce n’est pas pour rien que « orang-outan » signifie « homme de la forêt » en bahasa (langue de la Malaisie et de l’Indonésie). En le regardant, on pourrait presque réussir à connaître ses sentiments et émotions…

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Et pour convaincre les esprits scientifiques de cette ressemblance : 97% de leur génome est identique au notre… Il est capable d’utiliser des outils pour se nourrir, preuve d’une intelligence supérieure. Ce n’est plus un cousin éloigné, mais plutôt un frère lointain selon moi !

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Le parc est ouvert aux visiteurs durant une heure à chaque repas des animaux. Ça permet aux rangers de faire leur travail sans être dérangé le reste du temps et de laisser au calme les orangs-outans.

Je repars satisfait d’avoir vu mon premier orang-outan. Mais quelque peu frustré d’en avoir vu qu’un seul. C’est la loi de Dame Nature !

Bornéo Semenggoh orangs-outans

C’est reparti !

Deux jours après, c’est décidé : j’y retourne ! Je partage un taxi avec trois filles de mon auberge pour éviter de me retaper le bus lent.

Vais-je voir Ritchie aujourd’hui ? Il est l’imposant mâle dominant du groupe, âgé de 37 ans, avec ses énormes joues.

Verdict : pas vu ! Mais c’était encore mieux que le premier jour tout de même.

Pas moins de 7 orangs-outans observés en une heure : incroyable !

Le premier a été un mâle de 12 ans, Anaku. Il est assez similaire à Ganya, mais le voir être si habile malgré sa taille imposante est toujours impressionnant.

Bornéo Semenggoh orangs-outans

Le bonheur !

Puis, les rangers nous ont invité à aller à un autre endroit où ils les nourrissent car il y a une surprise : une famille d’orangs-outans !

La maman Sadamiah est avec sa fille Ruby, âgée de 5 ans, et le dernier né du parc qui a seulement 4 mois !

Bornéo Semenggoh famille orangs-outans

Vraiment top de voir la famille ensemble, notamment le p’tit bébé qui a l’air tout perdu et qui s’accroche sans relâche à sa mère.

Bornéo Semenggoh bébé orang-outan

Ils nous font le cadeau de rester longtemps, à se balancer et à se nourrir parfois en se chamaillant un peu lorsque la fille essaye de voler les bananes de la mère !

Bornéo Semenggoh famille orangs-outans

Heureux comme un gosse !

J’ai les yeux qui pétillent comme un gamin… Je n’en reviens pas de ce que j’ai sous les yeux, à quel point c’est magnifique et troublant d’avoir des animaux si beaux, forts, et nous ressemblant tellement.

Bornéo Semenggoh famille orangs-outans

Sur le chemin du retour, on aperçoit d’autres jeunes orangs-outans tout en haut des arbres.

Je suis plus qu’heureux d’être revenu une deuxième fois à Semenggoh pour voir cette famille. Un souvenir marquant de ce voyage !

Quelle tristesse que des animaux si beaux soient menacés du fait de l’Homme moderne… La forêt est brûlée chaque année au profit de la culture d’huile de palme, qui sera utilisée pour produire de la malbouffe par la suite. Il est clair qu’après avoir vu ces grands singes, je banni définitivement les produits contenant de l’huile de palme. Je veux que les générations futures puissent avoir la chance, comme moi, de les observer dans la nature.

Les choix des consommateurs obligeront les industriels à adapter leurs produits, et donc leurs sources d’approvisionnement.

En Malaisie et Indonésie, le trafic de drogue est un crime passible de la peine de mort. Qu’en est-il des crimes contre la Terre Mère commis tous les jours au nom de la consommation et de la rentabilité ?


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