« Le tourisme est le moyen qui consiste à amener des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux »
Philippe Meyer
Après les Galápagos, retour dans les terres du continent Sud-Américain. Bus Guayaquil – Loja de nuit, et un autre bus à 6h pour aller à Vilcabamba. J’arrive bien fatigué dans ce petit village du sud de l’Équateur, à quelques kilomètres de la frontière péruvienne.
Vilcabamba est connu dans tout l’Équateur, et même au-delà, à cause de la longévité de ses habitants. Apparemment, plusieurs personnes ont dépassé la barre des 100 ans. Beaucoup d’étrangers sont venus s’installer ici, espérant une vie longue et belle. Le climat est doux toute l’année, l’eau est pure… Ce qui fait de cet endroit un lieu agréable à vivre.
Pour ma part, je suis venu ici car il y a de beaux paysages et de belles randonnées à faire, et aussi pour voir s’il y a autant de centenaires que ce que la rumeur dit.
Je dors dans un eco-lodge, à 15 minutes à pied de la ville (Rumi Wilco). Il est en pleine nature, au milieu d’une réserve naturelle de 30 hectares, avec de petites cabanes. Le calme absolu, idéal pour se reposer !
Les militaires et hippies cohabitent
La première journée, je me rends au village. Il n’y a que 3 000 habitants, ce n’est pas bien grand et il n’y a pas grand chose à voir hormis la petite place principale.
Cependant, je n’aime pas du tout l’ambiance du village. Il y a plein de gringos venus s’installer ici. Ils ont construit de grandes maisons dans les alentours. C’est un mélange d’anciens militaires (crâne rasé…) et de personnes se la jouant « hippies ». Ils parlent anglais dans la rue, ne faisant même pas l’effort de parler la langue du pays dans lequel ils vivent. Ils pensent qu’ils vivent de façon « cool » et bohème, mais leur présence ici gâche tout.
Une présence malsaine
Les prix de l’immobilier et autres ont augmenté du fait de l’argent qu’ils ont. Les habitants Équatoriens ne sont plus une majorité dans le petit village. Ça fait un peu « colonisation » leurs attitudes… J’ai essayé de parler avec quelques-uns, mais c’était limité car je ne parlais qu’en espagnol (pour les faire chier) et qu’aucune de ces personnes ne m’a vraiment intéressé.
Heureusement qu’il y a les Argentins et Chiliens, les routards les plus sympas je trouve, qui vendent de l’artisanat dans la rue pour financer leurs voyages et vivent dans leurs petites tentes au bord de la rivière. Je m’entends toujours bien avec eux.
L’eco-lodge
A l’eco-lodge, l’eau du robinet est potable. C’est la première fois que je vois ça depuis 3 mois. C’est bizarre de pouvoir remplir ma bouteille au robinet ! L’eau provient de sources naturelles au-dessus, où il n’y a aucun champs ni agriculture, maisons ou autres éléments pouvant polluer l’eau.
Le lendemain, je me balade dans la réserve de l‘eco-lodge. De nombreux petits sentiers ont été créés pour découvrir la faune et la flore de la réserve.
Je me rends ensuite, toujours en marchant, à Agua de Hierro,une source d’eau naturelle. Pour y aller, faut passer par quelques propriétés privées, où normalement il faut payer un petit dollar. Mais il n’y a personne, du coup je passe par dessus les barrières (c’est moins cher !). J’ai dû aussi passer devant un taureau qui était allongé le long de la rivière. Je ne faisais pas le malin et j’ai mis du temps à me décider si j’y allais ou pas !
C’était une petite balade sympa, en longeant la rivière pendant une bonne heure.
Le lendemain, je change d’hôtel. L’eco-lodge est reposant mais s’il n’y a pas grand monde, on tourne vite en rond. En plus, j’ai entendu parler d’un hôtel à 2 km de la ville, super bien pour 8,5 dollars la nuit et il y a de la place (Izhcayluma). La vue est juste dingue ; trop beau et agréable de manger face à ce paysage !
Dans la ville, j’ai trouvé une vraie boulangerie et fromagerie tenue par un français. Il n’en fallait pas plus pour faire de cette journée une très bonne journée !
Grosse randonnée
Avec trois filles (Maya, Laurel et Camille), on fait une randonnée de 8 heures le dimanche. Ce sentier est le plus difficile de tous et le plus long, mais au moins on verra beaucoup de choses.
Au début, on longe la rivière avant de commencer à monter jusqu’au sommet d’une colline. On a une belle vue sur la vallée. Mais au bout de trois heures, ça se complique. On se perd, moi je me prends les jambes dans un fil barbelé qui traînait par terre… Parfait ! On fait demi-tour et retrouve le chemin.
On arrive à un petit village perdu où on fait une pause bouffe. Il y a quelques personnes qui viennent nous parler et nous posent des questions : d’où on vient, ce que l’on fait ici… C’est sans doute parce qu’il y avait trois jolies blondes de 20-25 ans… Si j’avais été seul, il y aurait sûrement eu moins de monde à venir !
On reprend le chemin en passant par des vallées avec de beaux paysages toujours. La fin de la rando se fait par la route, pas terrible ! Mais un bus passe par là au même moment. On en profite pour l’arrêter afin de revenir à Vilcabamba.
Centenaire ou pas ?
Le dernier jour, j’ai voulu en savoir un peu plus sur tous les centenaires d’ici, puisque jusqu’à présent je n’en ai toujours pas vu (du moins je ne pense pas). Je me suis baladé et ai parlé avec des locaux en leur demandant s’ils en connaissaient. La réponse à chaque fois : « j’en connaissais un à l’époque mais plus maintenant ».
Un mec qui travaillait en tant que balayeur pour la ville a fini par me dire que cette réputation de ville de centenaires est devenue un argument touristique. C’était vrai il y a 10-20 ans mais aujourd’hui il n’y en a plus dans le village, et pas sûr qu’il y en ai dans les petits villages aux alentours. C’est bien l’impression que j’avais.
Mais toujours est-il qu’il fait quand même bon vivre ici avec un climat doux toute l’année et une eau potable, qui serait à l’origine de la réputation de la vallée. L’espérance de vie est peut-être plus élevée que dans les autres régions d’Équateur, mais pour ce qui est des centenaires, c’est une autre histoire !
Je quitte donc Vilcabamba avec une impression mitigée : à la fois une ambiance que je n’aime pas du tout en ville avec tous les gringos venus s’installer ici, mais aussi de belles rencontres d’autres voyageurs… Un village sans charme particulier, mais des paysages et des balades magnifiques à faire.
C’était ma dernière étape en Équateur, maintenant direction le Pérou !
A Cuzco, au Pérou, j’ai rencontré deux français journalistes qui voyagent et publient quelques articles pour gagner un peu d’argent. Ils ont écrit pour Libération un très bon article sur Vilcabamba :
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