« Ce n’est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c’est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes. »  

Jean-Paul Sartre

L’immense capitale Argentine, Buenos Aires (B.A, plus rapide à écrire pour la suite !), avec ses 15 millions d’habitants ! Je ne savais pas à quoi m’attendre : cette ville démesurément grande m’attirait beaucoup, et à la fois j’avais peur d’en être déçu.

Déjà, pour aller de l’aéroport au quartier où je veux loger, j’ai mis 3 heures, soit autant que le trajet en avion lui-même Ushuaïa – B.A ! Ici, il fait chaud, très chaud (35 degrés l’après-midi environ). Après plus d’un mois en Patagonie, c’est dur de s’acclimater !

Loger à San Telmo

Je me suis logé dans le quartier San Telmo. C’est un quartier populaire, mais relativement sûr. Mais quoi de mieux pour découvrir une ville que ses quartiers populaires ?! Loger dans les quartiers plus aisés, plus chics, est sans doute plus safe mais ce n’est pas là qu’on découvre le cœur et l’âme d’une ville.

C’est un quartier un peu bohème. Des gamins torses-nus jouent au foot dans les rues, les voitures les klaxonnent pour les faire dégager… Des vieux réparent une vieille bagnole en buvant une bouteille de vin argentin. Le dimanche, c’est le marché aux puces de B.A ici : plein d’antiquaires vendent plein de choses inutiles, donc essentielles. Avec quelques musiciens jouant les classiques argentins, et des danseurs de tango. Et oui, car le tango est né ici, dans les quartiers populaires et les bas-fonds de Buenos Aires.

Argentine Buenos Aires San Telmo
Argentine Buenos Aires San Telmo tango

C’est ça San Telmo. Je suis tombé sous le charme de suite.

Fidel au bar

Également des bars géniaux, certains spécialisés dans de bonnes bières artisanales à un prix défiant toute concurrence. Et un bar où je suis allé 3 soirs, boire un verre de bon rhum : le Rey Castro. Un bar dédié au Líder Máximo, à la Révolution et à l’héroïque peuple cubain d’une manière générale. J’y ai passé un peu de temps à parler de Cuba avec le patron, de ces gens formidables et si attachants. Quand j’en ressortais, je n’avais qu’une seule envie : acheter un billet d’avion Buenos AiresLa Havane et redécouvrir ce pays.

Argentine Buenos Aires Fidel Castro

Mais pour l’instant, je suis à Buenos Aires, et ça me suffit amplement !

La richesse culturelle de BA (et financière)

C’est une ville cosmopolite, avec plusieurs vagues d’immigration qui ont donné cette richesse à Buenos Aires. Contrairement à ce qu’on pense en France au vu des dernières élections régionales, l’immigration n’est pas un danger, c’est une richesse. Les Argentins en savent quelque chose…

B.A est de loin la ville la plus peuplée d’Argentine. Tout est concentré ici : 75 % de la richesse du pays s’y trouve. Les Argentins disent d’ailleurs ironiquement : « Dieu est partout, mais reçoit seulement à Buenos Aires ».

Le centre-ville en témoigne, avec la « city ». Un mélange bizarre entre grands bâtiments de l’époque, et tours en verre ; tous étant les sièges de grandes banques ou d’entreprises.

Argentine Buenos Aires city

Lors de l’énorme crise de 2002, les Porteños (habitant de B.A) y sont descendus pour reprendre l’argent que les banques leurs avaient volé. Les bâtiments avaient été endommagés et des mots gentils sur les murs des banques écrits partout. Ils ont été nettoyés mais on peut encore voir leurs traces. Désormais, les banques se sont transformées en bunker avec des grilles de métal partout.

Argentine Buenos Aires city

L’instabilité économique

Le président de l’époque, esclave du FMI (cette organisation d’escrocs et de voleurs), avait pris des réformes ultra-libérales, enrichissant quelques personnes et en envoyant des millions d’autres dans la misère. Le pays et les banques ont fini en banqueroute. En une nuit, la moitié des Argentins perdent leurs économies et se retrouvent sous le seuil de pauvreté ! Des manifs gigantesques et violentes ont eu lieu (39 morts).

Le pays ne s’en est toujours pas remis, avec des crises régulières et les « Fonds Vautours » cherchant encore à récupérer leur argent et couler le pays. L’Argentine est donc sur la sellette. En parlant avec un ami argentin, il me confirmait : « De toute façon, dans 5 ans, il y aura une autre crise, le système est tellement mal fait que c’est inévitable. Tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. ». Les élections présidentielles récentes ont vu la droite arriver au pouvoir, et ce n’est pas ce parti qui va changer le système financier actuel…

Argentine Buenos Aires Fuera Monsanto

Le centre-ville

Bref, le centre-ville possède d’autres endroits intéressants comme le théâtre Colón, le congrès national, et surtout la Plaza de Mayo, lieu de tous les grands événements (manifs, célébrations…).

Un autre lieu symbolique est l’immense Avenida 9 de Julio (140 mètres de large !) avec l’obélisque au milieu qui sert de point de repère aux nouveaux arrivants, comme moi.

Argentine Buenos Aires Avenida 9 de Julio
Argentine Buenos Aires Avenida 9 de Julio

Les Mères de la Plaza Mayo contre l’oubli

Également un café-littéraire unique, où je suis allé boire un café pour rencontrer ces gens. Le café des Mères de la Plaza Mayo, qui est une association des mères des 30 000 disparus durant la dictature de Videla (de 1976 à 1981). Tous les jeudis, elles se rassemblent sur la Plaza Mayo pour réclamer justice. J’y suis également allé. Leur combat s’est élargi et des étudiants les ont rejointes. Ils réclament une meilleure répartition des richesses, une réforme agraire…

Argentine Buenos Aires Madres de Plaza de Mayo

Durant la dictature, les opposants (communistes, extrême-gauche…) ont été séquestrés, torturés, et jetés vivant par avion dans l’océan… C’était l’opération « Condor« . La France a participé à ces massacres inhumains sous la présidence de Giscard d’Estaing. Les services secrets français, des cadres de l’armée, et des anciens de l’OAS ont formé les bourreaux argentins.

Argentine Buenos Aires Madres de Plaza de Mayo

La plupart des responsables (dirigeants, généraux, pilotes des avions de la mort…) ont été jugés et condamnés à perpétuité. Le Chili devrait suivre cet exemple…

Recoleta, le quartier bourgeois

Autre quartier, autre ambiance : Recoleta. C’est un quartier plutôt aisé. Les quartiers un peu plus au nord sont les quartiers les plus résidentiels de la capitale.

Buenos Aires est surnommée la « Paris de l’Amérique du Sud ». Recoleta en est un bon exemple.

Argentine Buenos Aires Recoleta
Argentine Buenos Aires Recoleta

L’éternelle Evita

Mais je suis allé dans ce quartier surtout pour visiter le cimetière de Recoleta. Tous les grands noms argentins y sont enterrés et on retrouve les noms de rue que l’on voit dans toutes les villes d’Argentine : Sarmiento, Belgrano, Roca… La tombe la plus connue et où le plus grand nombre d’Argentins vont déposer une fleur est celle d’Eva Perón (Evita). C’était la femme de Juan Perón, président à partir de 1946.

Argentine Buenos Aires cimetière de Recoleta

C’était un homme spécial et complexe, capable du pire comme du meilleur.

Le pire ? Accueillir 60 000 nazis après la seconde guerre mondiale en échange de beaucoup d’argent, en collaboration avec la Croix-Rouge et le Vatican.

Le meilleur ? Nationalisation de nombreuses entreprises pour financer des réformes sociales sans précédent dans le pays.

Evita était donc sa femme, ancienne actrice de cinéma. Elle a défendu les pauvres toute sa vie et lutter contre la misère. Si son mari a fait ces réformes, c’est grâce à elle. Elle l’a poussé à aider les descamisados (les sans-chemises). Plusieurs mesures importantes ont ainsi été prises : plus de pouvoir pour les syndicats, instauration d’un salaire minimum, temps de travail réduit, droit de vote aux femmes (avant la France !), création de nombreux hôpitaux et écoles… Elle a fait des discours mémorables pour les Argentins, en disant notamment cette phrase : « La violence aux mains du peuple n’est pas de la violence, mais la justice ». Digne du Che cette phrase ! Et les Argentins ne l’ont pas oubliée lors des manifs de 2002 contre les banques.

Elle meurt finalement d’une leucémie à seulement un peu plus de 30 ans. Elle a marqué les Argentins, encore aujourd’hui. Son mausolée au cimetière reçoit régulièrement des fleurs.

Argentine Buenos Aires cimetière de Recoleta Evita

La Republica de la Boca !

Que d’Histoire dans cette capitale… Et le quartier de la Boca est le plus emblématique au monde pour l’Histoire du foot !

J’y suis allé avec deux français rencontrés à l’hôtel. C’est LE quartier populaire de la ville, et réputé assez dangereux si on s’amuse à s’y perdre. On est donc resté dans les coins touristiques où la police surveille.

Pour y aller, on voit en premier les vieilles usines désaffectées du port de la Boca. Cela illustre le déclin économique de ce quartier. Puis, on y arrive, à la République de la Boca ! Les habitants aiment mettre en avant leur quartier et revendiquer leur indépendance.

Argentine Buenos Aires Republica de la Boca

C’est ici qu’il y a la fameuse rue appelée le « Caminito ». Charmante, avec ses petites maisons en tôle et en bois, peintes de différentes couleurs.

Également de nombreux graffitis très bien fait et engagés. Vraiment un petit air de Valparaiso, au Chili

La stade de la Bombonera !

Ensuite, direction La Bombonera : le mythique stade de Boca Juniors ! Depuis que je suis en Amérique du Sud, je m’intéresse vraiment qu’à un seul championnat : celui d’Argentine. Et je supporte Boca, qui ont fini champion cette année. Donc venir ici était incontournable !

Argentine Buenos Aires Boca Juniors

Le foot ici est plus important que tout. Les Argentins disent d’ailleurs : « On peut changer de religion, de parti politique, de profession ou d’épouse, mais jamais de couleur de maillot. » C’est à la vie, à la mort ! Le derby contre River Plate est sans aucun doute le plus bouillant de la planète. Rien n’égale la ferveur et la passion des supporters durant ces rencontres.

Argentine Buenos Aires Boca Juniors

Dans ce quartier, le foot est une religion, la Bombonera est la cathédrale, et Dieu s’appelle Diego Maradonna. Et oui, El Pibe de Oro a porté les couleurs de Boca, et a joué son premier match avec la sélection argentine ici ! D’après lui, la Bombonera est le « temple du football mondial ». Si Dieu le dit, impossible de contredire !

Argentine Buenos Aires Boca Juniors Maradona

Visite avec les hinchas !

On y est allé le jour des élections du président. C’est un club de socios, c’est-à-dire que le club appartient aux adhérents (les socios) et que ces derniers élisent le président. On nous dit que ce n’est pas possible de visiter le musée et le stade du coup, car les salles de vote sont à l’intérieur.

On fait tout de même le tour et on voit une file de personnes pour rentrer dans le stade. Peut-être que le flic nous ayant dit que c’était impossible a dû se tromper ou s’est foutu de notre gueule. On y va, on attend plusieurs minutes et à force d’avancer, on se retrouve dans le stade !

Argentine Buenos Aires Boca Juniors

Et ensuite, carrément au niveau de la pelouse de ce stade mythique !

Argentine Buenos Aires Boca Juniors

C’est alors que quelque chose d’assez comique survient. Un gardien, intrigué par notre présence, nous demande :

 » Vous êtes d’où ?

– De France.

– Mais vous n’êtes pas socios ?

– Bah non, pourquoi ?

– Mais, la visite gratuite du stade, ce n’est que pour les socios, parce que c’est jour d’élection !

– Ah bon ?! On a juste suivi la foule nous, passé un premier portique de sécurité où personne ne nous a rien dit et on s’est retrouvé là. »

Il nous a raccompagnés à la sortie mais on a pu visiter le stade de Boca gratuitement, entourés des hinchas (supporters) du club ! Superbe !

Ça donne envie de venir un soir de match et de vivre cette ambiance unique ; pour confirmer que « La Bombonera no tiembla, late » (« La Bombonera ne tremble pas, elle bat »).

A la sortie, j’achète un maillot du club, floqué du numéro 10 de Carlos Tévez (star actuel de Boca Juniors). Me voilà un vrai supporter !

Ça a été un super moment, cette visite du quartier de la Boca.

On ne s’ennuie jamais à BA !

On s’aperçoit que Buenos Aires possède une multitude de visages : les quartiers riches, résidentiels, les quartiers artistiques et bohèmes, les quartiers populaires… Chaque endroit à son propre caractère et on a l’impression de changer d’univers en quelques minutes de métro ou de bus.

Les Porteños sont des gens assez bavards en général et beaucoup ont ce coté italien qui les rend si sympathiques. Et les Porteñas… Il y a une densité de belles filles au mètre carré assez incroyable ici ! Les Latinas sont les plus belles femmes au monde, aucun débat possible !

J’ai profité de mon passage à B.A pour me rendre à Colonia, en Uruguay, à seulement 1 heure de bateau.

Argentine Buenos Aires Rio de la Plata

Partager le mate avec les amis

J’ai également revu des ami(e)s argentins, rencontrés précédemment dans mon voyage. Ça a été bien cool de sortir et de se promener avec eux, ça m’a fait découvrir des endroits sympas. On est allé dans des bars, visiter des centres culturels avec des jeunes exposant gratuitement leurs créations…

On a évidemment partagé le mate ensemble. Ah oui, car je viens de remarquer que je n’ai pas encore parlé du mate : c’est LA tradition nationale. C’est une sorte de thé qu’on boit dans une tasse spéciale appelée mate, avec une paille appelée bombilla. C’est quelque chose de très « social » : un mate pour tout le monde, un thermos avec de l’eau chaude, et le mate passe de main en main.

Argentine boisson mate

Merci beaucoup donc à Julia, Pablo, Ignacio, et Maria !

Une ville unique et extraordinaire

Comme vous pouvez l’imaginer, j’ai très apprécié mon séjour dans cette capitale, cette ville immense et tentaculaire qui m’a envoûté. Loger à San Telmo a sans doute été la meilleure idée car ce quartier est bien desservit par les transports, assez central, et est vraiment cool !

Je me suis intéressé et ai appris beaucoup de choses sur l’Histoire de l’Argentine. Une Histoire complexe, faite de tristes événements mais aussi de personnes extraordinaires.

Buenos Aires, comme tous les voyageurs disent, est la ville la plus européenne d’Amérique du Sud. Notamment pour l’architecture du centre-ville et les quartiers résidentiels. C’est un mélange de Paris, Londres… Mais sans mettre de côté la culture Latino, que j’aime tellement. C’est également une ville qui ne dort jamais : à n’importe quelle heure de la nuit il y a du monde dans les rues.

Moi qui adorait déjà l’Argentine, me voilà totalement amoureux !

Catégories : Argentine

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