« Un voyageur sans observation est un oiseau sans ailes »
Muslih Al-Din Sa’di
Yazd est une ville d’un million d’habitants ayant une très bonne réputation et dont plusieurs voyageurs m’en ont fait des éloges. Elle se situe plus ou moins sur l’axe touristique « classique » et proche du désert de Varzaneh, où j’étais auparavant.
Yazd est connue pour abriter les plus beaux hôtels traditionnels du pays. Je n’ai donc pas cherché un couchsurfing, préférant loger dans le centre historique au sein d’une bâtisse d’époque. On m’a recommandé le Tarooneh Traditional Accomodation, et c’est la bonne pioche : 5 euros le lit en dortoir (et comme souvent je suis le seul client donc chambre privée de ce fait..!) dans une très belle maison.
Un labyrinthe grandeur nature !
Il est important de pouvoir loger dans le vieux centre historique. Le reste de la ville ne présente que peu d’intérêt, alors que cette partie a un charme incroyable. Le seul problème, qui n’en est pas vraiment un en fait, est que vous allez sans arrêt vous perdre. Durant ces trois jours, je n’ai pas utilisé deux fois le même chemin pour revenir à mon hôtel !
Il n’y a qu’à jeter un œil à Google map pour comprendre que c’est un vrai labyrinthe ! Une multitude de ruelles sinueuses, qui tournent dans tous les sens, parfois ne débouchant nulle part… Bref, même avec un bon sens de l’orientation, bon courage pour se retrouver !
Mais c’est justement ça qui rend cette ville géniale. J’ai adoré passer du temps à marcher au hasard et à découvrir des petits endroits jolis.
Le seul moyen de se repérer sont les minarets et les dômes dépassant parfois derrière les maisons.
Évidemment, comme toutes villes d’Iran, Yazd comporte quelques belles mosquées. La mosquée du vendredi est la plus belle, notamment la nuit lorsqu’elle est illuminée.
Ingénieux les iraniens !
Mais Yazd est surtout connue pour ses ingénieux systèmes ayant permis la vie ici et à la ville de prospérer. Cette cité est coincée entre deux déserts : le Dasht-e Kavir et le Dasht-e Lut (l’endroit le plus chaud au monde, où les températures atteignent les 65°C !).
Pour en apprendre un peu plus, direction le musée de l’eau. Hélas, il y a beaucoup de photos et d’objets mais peu d’explications en anglais. Des aqueducs souterrains, les qanat, ont été construits il y a déjà 3 000 ans en Perse. Des puits étaient creusés à plus de 100 mètres de profondeur et l’eau potable était ensuite acheminée sur des centaines de kilomètres via ces qanat avec une pente légère et continue. Les réservoirs un peu partout en ville permettaient de stocker l’eau une longue période et ainsi ne jamais en manquer. Ces réservoirs étaient rafraîchies par des bagdir.
Les bagdir (« tours de vent ») sont les ancêtres de la climatisation tout simplement. Ces tours sont partout et fonctionnent de manière assez simple : le vent pénètre par les ouvertures en haut et s’engouffre pour être envoyé dans les pièces de la maison. Ainsi, il ne fait jamais trop chaud à l’intérieur et c’est beaucoup plus sain que la clim !
Le meilleur endroit pour les voir est d’aller sur le toit-terrasse du Café Art House. En fin de journée, l’air devient un peu plus frais et c’est un plaisir de boire un thé en admirant la vue et l’architecture de la ville.
J’ai rencontré deux iraniens parlant français à ce café : Jason et Beyzouth. On a rapidement sympathisé et ils m’ont guidé le lendemain pour découvrir un peu plus la ville.
Le sport incompréhensible
La place Amir Chackmaq est la grande place de la ville avec plusieurs monuments autour, notamment la façade à trois étages avec les deux minarets.
A côté se trouve le Sabeh A Zaman Zurkhaneh, un ancien réservoir d’eau reconverti en zurkhaneh (« maison de force »). Le varzesh-e pahlavani est le sport typique d’Iran, mélangeant force, théâtre et religion. Des hommes dans un cercle font une série de démonstrations de force (les gourdins sont méga-lourds je confirme !) au rythme des tambours et de chants ou récits de poèmes. C’est assez étrange à voir… Il n’est pas impossible que Perceval et Karadoc de Kaamelott aient participé à l’invention de ce sport !
On a filé ensuite à une maison de thé pour discuter en fumant un narguilé.
Un Z qui veut dire Zoro(astrien)
Une autre particularité de Yazd est d’abriter une forte communauté de zoroastriens. La religion de l’Empire Perse vit toujours ici, avec plusieurs temples du feu. Le plus connu est le Atashkadeh, dont la flamme brûle depuis l’an 470. Des pros du barbec’ les prêtres ! Le symbole de cette religion, l’homme oiseau, est visible en grand sur la façade à l’entrée.
A l’époque, les pratiquants de cette religion s’occupaient de leurs morts d’une manière assez originale : ils les plaçaient dans des « tours du silence » où les vautours venaient se régaler de chair humaine. Ces tours sont encore visibles dans le pays mais la pratique est désormais interdite.
Increvables gosses !
C’est un peu près tout ce que j’ai fait ici, la chaleur étant accablante l’après-midi et m’ayant mis K.O à chaque fois ! Seuls quelques gamins courageux bravent cette chaleur en jouant au foot dans les ruelles. Je me joins à eux un peu avant de devoir aller à la sieste !
La ville se réveille vers 17h, moment idéal pour rencontrer les habitants. Les iraniens sont curieux et m’abordent sans hésiter, comme ces petits vieux papotant à l’ombre ou bien une petite fille essayant de me parler anglais pour savoir d’où je viens (dont j’ai fait ma photo-portrait préférée de ce voyage je crois !)…
Che Iglesias
Plusieurs iraniens ont l’habitude de trouver des personnalités à qui je ressemble. C’est assez étrange mais je ne suis pas le seul voyageur à avoir fait cette réflexion. J’ai eu le droit comme comparaison à Enrique Iglesias (pas cool) ou bien Che Guevara (très cool) !
Après trois nuits à Yazd, il est temps de poursuivre ma route en direction de Shiraz !
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Les incontournables de l'Iran et mon ressenti - Y a qu'à rêver · 29 décembre 2018 à 17 h 47 min
[…] un autre style, Yazd est une ville immanquable également. Son vieux centre-ville est le plus charmant du pays avec une […]