« Un étranger, c’est un ami que tu n’as pas encore rencontré. »
L’Iran est un pays dont je rêvais depuis quelques années. Je ne me trompais pas car voyager dans ce pays a été au delà de mes espérances ! J’ai enchaîné les belles expériences, les rencontres, les découvertes fabuleuses… Je suis totalement tombé amoureux de l’Iran tout simplement !
Une peuple loin des clichés
Dès mon arrivée à Téhéran, j’ai été conquis par le peuple iranien. La capitale du pays, souvent boudée par les voyageurs, mérite d’y passer quelques jours tout de même pour découvrir les musées et aller à la rencontre de la population, plus libérale que dans les autres villes. Lors d’un voyage en Iran, on constate rapidement qu’il y a les villes « progressistes » et celles plus « conservatives » (même si je n’aime pas ces deux mots employés à tort et à travers par les médias). Par exemple, à Kashan, située à seulement 2 heures de Téhéran, les femmes portent majoritairement les grands tchadors noirs, telles des ombres passant à côté des anciennes maisons grandioses de riches commerçants.
Mais même dans ce type de ville, les iraniens sont très curieux. Plusieurs personnes n’hésitent pas à s’arrêter dans la rue pour demander d’où je viens et pour me souhaiter la bienvenue en Iran. C’est loin, très loin, de la mauvaise image que nous avons de ce pays en occident.
Un gouvernement haït
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’Iran est encore peu visité. A vrai dire, la majorité des voyageurs sont des français ! Mais globalement, les gens ont une vision très réduite de l’Iran, pensant que le gouvernement reflète le peuple. Ce qui est faux dans la plupart des pays, mais encore plus pour l’Iran ! Durant mon mois de voyage, je n’ai rencontré qu’une seule personne favorable au système actuel. Pour cause, c’était un mollah ! Toutes les autres personnes à qui j’ai parlé, vieux ou jeunes, riches ou pauvres, citadins ou ruraux… Tous sont mécontents et opposés au gouvernement.
Le système actuel est une farce, créé de toutes pièces par l’Ayatollah. Il avait pour désir de modeler une société islamique, basant tout sur la puissance de la religion. Bien que les iraniens sont évidemment croyants pour la majorité, ils ne sont pas du tout extrémistes et refusent que politique et religion soient mélangées.
J’ai pu mieux comprendre ce rapport à la religion et les différences au sein de la société durant l’Achoura, la fête chiite la plus importante.
Le pays des paradoxes
Tout est paradoxe et hypocrisie actuellement :
- voile obligatoire pour les femmes, mais les iraniennes le portent sur l’arrière pour montrer tout de même leurs beaux visages et cheveux (côté rebelle les rendant super sexy !). J’ai même vu quelques femmes à Téhéran ne le portant pas en signe de protestation. Elles ont un courage dingue car elles risques plusieurs coups de fouets…
- censure internet bloquant la plupart des réseaux sociaux et sites d’informations, mais tous les iraniens utilisent un VPN pour contourner la censure. Le comble, le président Rohani a répondu à Trump une fois sur Twitter, alors que ce site est interdit en Iran !
- alcool interdit mais très facile d’en trouver au final… Les autorités le savent mais surveillent de loin, comme au Pont Khaju à Ispahan.
Je pourrais citer encore beaucoup d’exemples pour démontrer que toutes ces lois inutiles ne sont qu’une façade. Elles permettent au régime d’affirmer que l’Iran est une république islamique et rien d’autre. Mais c’est faux… L’Iran, c’est beaucoup plus que ça !
Une révolution ratée ?
La révolution de 1979 ayant éjecté le Shah est désormais considérée comme une erreur par certains… Beaucoup disent que la situation était bien meilleure avant, notamment car les libertés individuelles et publiques existaient.
Aujourd’hui, le système est verrouillé et surveillé par les services de l’État. Mais les iraniens n’attendent qu’une chose : la mort de l’Ayatollah pour essayer de changer le système à ce moment là. J’espère de tout mon cœur qu’ils y parviendront pour avoir des vies plus épanouies… Mais qu’ils n’espèrent pas que le changement viendra de l’embargo imposé par Trump. Si ce sont les USA qui se chargent de remodeler la société iranienne, l’Iran ne sera rien d’autre qu’un petit pion de plus de l’Oncle Sam…
Une crise s’aggravant…
L’Iran traverse une crise économique très grave, provoquant l’effondrement de la monnaie nationale (rendant un voyage en Iran très peu coûteux du coup…). C’est dû à l’embargo US évidemment, entraînant un désinvestissement des sociétés étrangères.
Par exemple, Total a stoppé un projet gazier dans lequel il avait déjà investi plusieurs milliards de dollars, mais la peur des sanctions US ont eu raison de ce partenariat… C’est le même problème qu’à Cuba : les pays européens se plient aux décisions US illégales (car un embargo est quelque chose d’illégale si ce n’est pas l’ONU qui en décide !). Les présidents européens, et notamment le nôtre, peuvent continuer à se sentir puissant en affirmant fièrement que l’Europe est forte blablabla… C’est un ramassis de conneries quand on regarde leurs attitudes par rapport à l’Iran ! Ils s’agenouillent devant les USA telles des prostitués alors que l’Iran a toujours été un partenaire majeur de la France (les iraniens ont tous des Peugeot ou Renault !)…
C’est une grosse erreur de faire de l’Iran un pays ennemi. Ce pays a une place importante à jouer dans la géopolitique mondiale, notamment comme contre-pouvoir aux agissements criminels d’Israël dans la région.
Un pays millénaire
Depuis des millénaires, l’Iran a su se développer et prospérer malgré les conflits. L’Empire Perse était immense et puissant, comme l’illustre la cité de Persépolis, véritable trésor archéologique à proximité de la ville des poètes de Chiraz. Car oui, les iraniens sont aussi des gens très cultivés vouant un culte à leurs grands artistes, notamment les poètes Hafez, Ferdowsi et Sa’adi. Certains à qui j’ai parlé en savaient même bien plus que moi sur la culture et l’histoire de la France !
Des mosquées, en veux-tu en voilà !
Les grands noms de l’Asie et du Moyen-Orient ont tous foulé cette Terre et ont laissé en héritage des constructions magnifiques. Mais les véritables vedettes du pays, ce sont les mosquées ! Un peu comme les pagodes au Myanmar, elles sont omniprésentes. Cependant, je ne me suis pas lassé de les découvrir tellement l’architecture est splendide. La ville référence pour les admirer est bien sûr Ispahan, considérée comme la plus belle du Moyen-Orient. La faïence et les mosaïques bleues illuminent ces édifices colossaux, où se sent tout petit une fois sous les dômes.
Tu veux un désert ?
Dans un autre style, Yazd est une ville immanquable également. Son vieux centre-ville est le plus charmant du pays avec une multitude de ruelles et les murs en pisé. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur l’ingéniosité du peuple perse qui a créé il y a 2 000 ans des systèmes d’approvisionnement en eau permettant à la vie de prospérer en plein milieu du désert.
En effet, les déserts couvrent une grande partie du territoire à l’est et au sud du pays. Certains sont invivables, comme le désert de Lut, le point le plus chaud de la planète où la température dépasse les 65°C en été ! D’autres sont un peu moins inhospitaliers et peuvent se visiter durant les mois les plus chauds de l’année. Le Dasht-e Kavir est le premier que j’ai visité, avec une nuit en tente près d’un lac salé (pire idée du voyage !). Dans le même style, j’ai préféré le désert de Varzaneh en logeant dans le petit village. Les dunes sont immenses, le lac salé est bien blanc, les vieux caravansérails de l’époque de la route de la soie sont toujours présents… Un endroit splendide !
J’ai conseillé à beaucoup de voyageurs de consacrer plus de deux semaines à l’Iran, sous peine de ne faire que l’itinéraire touristique habituel. C’est déjà bien, mais les endroits que j’ai préféré sont justement ailleurs…
Hors des sentiers battus…
Pour les paysages d’une part, car l’Iran possède les plus hautes montagnes du Moyen-Orient culminant à plus de 5 000m. On peut même skier à seulement 30 minutes de Téhéran ! La vallée d’Alamut, appelée aussi la vallée des Assassins, constitue un endroit exceptionnel pour la randonnée. Les petits villages se succèdent, tout comme les camps de bergers, pendant qu’on marche dans des paysages montagneux splendides.
Kurdistan, le top !
Mais j’ai laissé le meilleur pour la fin… J’ai nommé : le Kurdistan, ma région coup de cœur de ce voyage d’un an tout simplement ! Ces quelques jours dans cette région si particulière et tellement opprimée par les gouvernements ont été un pur rêve.
Les paysages sont encore plus beaux qu’à Alamut, mais ce sont surtout les Kurdes qui ont rendu ce voyage inoubliable. Quelques semaines après, je ressens encore la même émotion lorsque je pense à Ramin et à sa famille. Mais aussi à tous les kurdes qui m’ont invité à leurs mariages, aux gens dans la rue qui me souriaient et voulaient sans arrêt m’offrir des choses… Une hospitalité hors-norme !
Ceci est le vrai visage de l’Iran et du Kurdistan : on ne rencontre pas de simples étrangers avec qui on passe un bon moment… C’est beaucoup plus que ça : j’y ai rencontré des amis que je considère comme des frères…
Un peuple unique
Merci pour tout au Peuple Iranien… Jamais je n’avais voyagé dans un pays avec une population si accueillante et chaleureuse. Pas même la Colombie ou les Philippines n’atteignent ce niveau, c’est pour vous dire !).
J’ai réalisé un rêve en découvrant l’Iran… J’en ai un autre désormais : y retourner encore et encore !
8 commentaires
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