Le Maramureş est une région tout au nord de la Roumanie. Considérée comme celle qui a le plus gardé ses traditions, elle est encore relativement secrète. Je l’ai découvert durant deux jours, en moto bien sûr. Un vrai coup de cœur !

« La tradition n’est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu. »

Gustav Mahler
Rejoindre la région du Maramureş

Cette région semble assez loin de tout quand on regarde une carte, coincée tout au nord de la Roumanie le long de la frontière avec l’Ukraine. Depuis Sighișoara, c’est 300 kilomètres et 5 heures de trajet d’après le GPS !

Je pars à 8h15. Le brouillard enveloppe les paysages alentours. Mais après le passage d’un col s’opère la magie : grand ciel bleu. Ça me réchauffe, il commence vraiment à faire frais le matin !

Je quitte la Transylvanie par de petites routes. Les axes principaux en Roumanie sont un peu ennuyants avec beaucoup de circulation. Les axes secondaires sont bien plus tranquilles et les routes sont quand même en très bon état en général.

Tout en haut d’un col, un panneau indique que je pénètre dans la région du Maramureş. Dès après, le paysage est déjà à couper le souffle ! Le Maramureş tient déjà toutes ses promesses !

Maramureș

Les collines sont recouvertes de champs ou de forêt. Tout est bien vert, magnifique ! Je prends vraiment plaisir à conduire doucement dans ce beau décor. De toute façon, la vitesse moyenne est d’environ 60 km/h en raison des nombreux villages et hameaux traversés…

Après 235 kilomètres effectués en 4 heures, je fais une pause pour déjeuner à un restaurant le long de la route.

Ieud et Bârsana

Dix kilomètres après, je fais un petit détour pour aller au village de Ieud. Une des huit églises des Maramureş classées au patrimoine mondial de l’Unesco s’y trouve. Ces églises en bois avec leurs clochers très hauts sont l’emblème de la région. Bien souvent, elles sont entourées d’un cimetière.

Le bois est abondant dans cette région et les habitants l’utilisent depuis très longtemps pour leurs constructions. Ils ont ainsi développé un savoir-faire unique. Maisons, églises, portails… Tout est en bois !

Breb portail

Une vingtaine de kilomètres plus loin, je fais un nouveau stop pour visiter le Monastère de Bârsana, le plus connu du Maramureş. Là aussi on est accueilli par une église au clocher qui semble tutoyer le ciel.

Monastère Bârsana

Les murs à l’intérieur sont recouverts de fresques.

Monastère Bârsana

Les autres bâtiments du Monastère ne sont pas visitables ; on peut seulement les admirer de l’extérieur. C’est un peu dommage mais l’endroit est à voir tout de même. C’est grand, calme et très bien entretenu. Parfait en tout cas pour une pause en cours de route.

Monastère Bârsana

Le Monastère de Bârsana est construit sur une petite colline qui domine la campagne. J’y reste une demi-heure et poursuis mon petit bonhomme de chemin ensuite.

Sighetu Marmației

Passage par Sighetu Marmației, la grande ville du coin avec plus de 40 000 habitants. Mais je ne suis pas venu dans le Maramureș pour rester dans des villes !

Rapide détour pour voir la maison d’enfance d’Elie Wiesel, prix nobel de la paix. La région était peuplée par de nombreux juifs à l’époque mais la plupart ont été déportés vers Auschwitz lors de la seconde mondiale…

Également pas loin, une statue d’un clou qui semble important puisque en plein centre-ville au début de la rue piétonne. Je ne sais pas la signification mais c’est original !

Le musée des victimes du communisme se trouve dans cette rue. Il est très intéressant paraît-il pour en apprendre plus sur la période de la dictature de Ceaușescu. Mais je n’avais pas vraiment le temps et surtout pas l’envie de m’éterniser dans une ville.

Juste une remarque : je trouve le nom du musée pas adapté. Je ne suis pas communiste (ni libéraliste, je ne sais pas ce que je suis en fait) mais ce sont les victimes de Ceaușescu, pas du communisme. Est-ce que pour les victimes de Pinochet au Chili, on parle de « victimes du néolibéralisme » ? Non, jamais ! Un exemple de propagande made in Europe

Le cimetière joyeux de Săpânța

A 15h30, j’arrive finalement à Săpânța, mon étape du soir. Je dors à la Pension de Iulian, avec un très bon accueil (conseils sur les visites et petit verre d’eau de vie locale !).

Mais la journée n’est pas finie pour autant ! Săpânța est un petit village mais connu dans tout le pays. La raison ? Il y a le fameux cimetière joyeux avec une belle église au milieu !

Tout est parti d’un artiste du village en 1935 qui a dessiné sur une stèle bleue avec un petit message. Cela a fait boule de neige et aujourd’hui toutes les stèles sont ainsi !

Le dessin représente souvent la profession du défunt (agriculteur, garagiste, policier, maître d’école, barman…).

Cela illustre bien la place prépondérante du travail dans nos vies… Et je trouve ça assez triste en fait qu’on puisse résumer quelqu’un à son travail. J’ai préféré les dessins qui représentent plutôt une passion : jouer au backgammon, chanter…

Et vous, quel serait le dessin le plus adapté à votre vie ?!

En tout cas, d’autres ont des choix plus surprenants comme ce dessin d’une voiture encastrée dans un arbre. Au moins, on sait comment il est décédé…

Cimetière joyeux de Săpânța

Les messages sur les stèles sont plein d’humours et d’anecdotes. Enfin, c’est ce que j’ai lu en me renseignant sur internet car je ne lis pas le roumain malheureusement !

C’était une visite très originale… On ne se balade pas souvent dans un cimetière en souriant devant les tombes ! Avant de quitter le cimetière joyeux, je visite l’intérieur de l’église.

Săpânța église
Le Monastère de Săpânța

Direction ensuite le Monastère de Săpânța à 1,5 kilomètres de là. J’y vais à pied et croise quelques locaux en chemin : un ancien sur sa charrette remplie de foin, deux ados qui essayent une moto-cross toute rouillée mais qui fonctionne encore…

Charrette Maramureș

Le Monastère de Săpânța est clairement moins beau que celui de Bârsana. Mais il est connu car l’église du monastère est la plus haute église en bois au monde avec 78 mètres ! Le clocher est visible depuis l’Ukraine, qui n’est qu’à 800 mètres d’ici !

Monastère de Săpânța

Retour à ma guesthouse peu après 18 heures… Ouf, quelle journée : commencée à 8h15 et finie 10 heures plus tard, quasi non-stop ! Mais j’ai adoré découvrir tous les petits villages et les campagnes. Le Maramureș me plaît déjà !

D’habitude, je ne suis pas très sensible à l’architecture. Ce n’est pas ce qui me plaît le plus lors de mes visites. Mais avec le bois, ça m’intéresse et m’impressionne beaucoup plus, moi qui aime particulièrement le travail de cette matière.

Săpânța église catholique
Une nouvelle journée sur les routes du Maramureș !

Après une nuit réparatrice, c’est reparti ! Retour vers Sighetu Marmației mais j’emprunte ensuite une vallée différente.

Un arrêt rapide au village de Desești où se trouve une autre église en bois classée à l’Unesco. Rapide car elle était fermée et personne dans le coin !

Église Desești

La campagne est magnifique au petit matin avec une légère brume sur les champs, la fumée qui sort des cheminées…

Maramureș

Je suis seul sur la route, tout semble calme et figé dans le temps.

Maramureș roadtrip
Breb, le plus beau village

Je rejoins le petit village de Breb en milieu de matinée. L’arrivée par la route surplombante la vallée est somptueuse.

Maramureș

Breb est un village d’environ 1 000 habitants. Hormis la route principale qui le traverse, les autres rues sont en terre et cailloux, et bordées par des maisons en bois traditionnelles.

Le Roi Charles III a acheté trois de ces maisons. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée et je me demande bien ce qu’il est venu foutre ici pour acheter des maisons… Et je ne sais pas quelles sont ces maisons, il n’a pas eu la mauvaise idée de mettre le drapeau du Royaume-Uni !

Je me suis promené 1h30 dans les rues de Breb. Si le Maramureş a la réputation d’avoir conservé ses traditions, il n’y a qu’à venir à Breb pour s’en persuader !

Comme ailleurs, le travail des champs est principalement fait à la main. Une grande faucille pour couper et le foin sur les charrettes ensuite pour transporter !

Je ne pense pas que les locaux soient opposés au progrès ou bien très pauvres, mais ils souhaitent conservé cette manière de faire afin de perpétrer les traditions. C’est l’impression que j’ai eu en tout cas.

Évidemment, les habitants ici ont également un savoir-faire développé pour le travail du bois, en témoignent les nombreux jolis portails.

Pendant mon petit tour, j’ai croisé quelques habitants, tous très souriants et polis. Je pense sincèrement que ça doit être le meilleur village pour passer la nuit. Tant pis, mais la journée d’hier était déjà assez remplie de toute façon !

Breb maisons

Quelques maisons modernes commencent à pousser dans le village, notamment pour des guesthouse. D’ici quelques années, peut-être Breb sera beaucoup plus visité et un peu moins de charme..! Seul l’avenir nous le dira !

Breb Maramureș
Le Maramureş, encore !

La route serpente ensuite sur un bitume en parfait état jusqu’à Cavnic, une petite station de ski. A cet instant, je suis vraiment surpris de l’état des routes en Roumanie, tout a l’air neuf alors que c’est des coins paumés !

Maramureș

Après Cavnic, une intersection : à droite, la route bien continue. A gauche, une piste monte dans la montagne à travers la forêt. Mon GPS me dit à gauche, c’est parti ! Quinze kilomètres sur une piste compliquée, et moi qui me disais que les routes étaient toutes parfaites en Roumanie..! Il y a encore des exceptions mais c’est ça aussi l’aventure !

Redescente dans la plaine ensuite. C’est toujours la région Maramureş mais un peu moins jolie sans les vallées encaissées. Je fais un dernier arrêt à Rogoz, avec son église en bois.

Église Rogoz

Quelques kilomètres plus loin, en haut d’un petit col, un panneau indique que je quitte le Maramureş. Quelle région incroyable de Roumanie, vraiment !

Maramureș

A 13h, passage par une ville qui s’appelle Dej. C’est un signe ça, donc je m’arrête déjeuner à un restaurant dans le centre.

Deux heures plus tard, j’arrive à Turda, mon étape du soir. J’y ai réservé un appartement vraiment bien pour 22 euros la nuit (pas beaucoup d’offres bon marché sinon). Je n’y reste qu’une nuit, c’est juste pour couper le trajet vers Timișoara.

Parcourir le Maramureş est un roadtrip super, à découvrir avec son véhicule car il n’y a pas de transport en commun pour rejoindre les petits villages.

C’est une région incroyable de part ses paysages et ses traditions bien préservées. On se sent à des années-lumière de Bucarest quand on est ici ! C’est mon petit coup de cœur de la Roumanie tout simplement !


1 commentaire

Timișoara, capitale européenne de la culture et ville révolutionnaire - Y a qu'à rêver · 12 octobre 2023 à 20h35

[…] trajet depuis Turda a été long et stressant. 300 kilomètres en sachant que j’avais sûrement un problème de […]

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