Timișoara est une grande ville tout à l’ouest de la Roumanie. Capitale européenne de la culture 2023, elle a aussi joué un rôle déterminant dans la révolution roumaine. Elle méritait évidemment une halte au cours de ce voyage.
Problème sur la moto !
Le trajet depuis Turda a été long et stressant. 300 kilomètres en sachant que j’avais sûrement un problème de batterie puisque le niveau d’électrolyte avait à nouveau fortement diminué, alors que j’avais fait le plein à Brasov. Sur l’autoroute, je n’ai pas dépassé les 100 km/h (pas au-dessus de 5 000 tr/min) afin d’éviter les problèmes de surtension. Je suspecte mon régulateur de déconner à nouveau, comme en Albanie.
Je suis donc plus que soulagé d’arriver à Timișoara, à l’hostel Mosaico Alfetta. Mais maintenant que je suis dans une grande ville, j’en profite pour vérifier ce problème. Dès le lendemain matin, je vais au garage Trust Moto et une prise de tension sur la batterie confirme ma crainte : le régulateur est HS.
La poisse, deuxième régulateur que je crame en 15 000 km ! Ce dernier avait été acheté d’occasion avant mon départ de France, il ne devait pas être top… Ou bien c’est la batterie qui est défectueuse. Dans le doute, je demande au garage de tout changer. Heureusement, ils peuvent faire venir un nouveau régulateur d’Allemagne dès le lendemain (je n’avais pris qu’un régulateur de rechange, pas 36 !). Par contre, la nouvelle batterie est arrivée endommagée et donc ils ont dû en recommander une autre, ce qui m’a fait perdre un jour.
Les garagistes parlent très bien anglais, cela facilite grandement nos échanges. Tant qu’à faire, je leur demande une révision et vidange. Ça m’a coûté une blinde tout ça mais ainsi j’espère faire les 3 000 derniers kilomètres jusqu’à Rennes sereinement !
Timișoara, la ville révolutionnaire !
Le premier endroit que j’ai visité à Timișoara est le musée de la Révolution. C’est dans cette ville que les premières protestations ont eu lieu et que la révolution roumaine qui a chassé Ceaușescu a débuté !
Un prêtre réformiste, critique envers le gouvernement, s’est vu notifié sa mutation loin de Timișoara. Ses fidèles sont venus l’écouter, et malgré que cette religion ne soit pas majoritaire, de plus en plus de gens en ont fait de même. Les premiers slogans « A bas Ceaușescu » ont été entendus et ne s’arrêteront plus !
Les étudiants se mobilisent et tout bascule quand les ouvriers des grandes usines rejoignent les manifestations. Le pouvoir organise la répression avec des tirs à balles réelles sur la foule. Les habitants sont déterminés et poursuivent quand même.
Après quelques jours, Timișoara devient la première ville libre de Roumanie ! Elle donne l’exemple aux autres grandes villes de Roumanie, dont Bucarest évidemment. Les époux Ceaușescu sont obligés de fuir par hélicoptère mais sont rapidement retrouvés puis exécutés.
S’ensuit une période de troubles et d’incertitudes. Des tireurs fidèles au régime tuent des personnes au hasard dans les rues et il est difficile d’organiser un nouveau gouvernement. Finalement, peu de responsables seront jugés et beaucoup arriveront même à rester dans le système.
Tout est bien expliqué dans le musée (beaucoup de lecture !) et le film de 30 minutes à la fin est parfait pour comprendre le déroulé des évènements. De plus, le musée met intelligemment en perspective cette révolution avec le contexte de l’époque, la Guerre Froide.
Le musée de la consommation communiste
Un autre musée intéressant est celui de la consommation communiste. Une quantité incroyable d’objets de l’époque communiste s’y entassent : électroménagers, téléphones, livres, jouets… Un voyage dans le temps !
Cela fait 15 ans que les gérants du lieu collectionnent tout ça. Ce n’est pas vraiment un musée mais c’est une visite originale. De plus, il y a un petit théâtre et un café sur place. Avec la température très fraîche de la matinée (5 degrés), j’y commande un thé bien chaud et discute avec les gens sur place.
Un autre moment intéressant lié à cette période communiste a été la discussion que j’ai eu avec le proprio de l’auberge où je suis. Florentin avait 14 ans à l’époque et vivait déjà à Timișoara. Il se rappelle bien des évènements. Mais il regrette l’après-révolution, lorsque les nouveaux dirigeants ont fait table-rase de tout le système communiste. Il se rappelle que l’éducation était de qualité et gratuite, comme la santé, et tout le monde avait un logement. Bien sûr il voulait aussi plus de liberté mais il aurait préféré une transition en douceur, en préservant les avantages sociaux du communisme.
La Piața Victoriei
Les autres endroits d’intérêts pour les visiteurs se trouvent dans le vieux centre-ville. Il est presque entièrement piéton ce qui est vraiment bien pour se promener. J’y suis arrivé par le sud, là où passe la rivière Bega.
La Cathédrale Orthodoxe de Timișoara est le monument emblématique de la ville. De par ses dimensions, elle en impose !
La Piața Victoriei (« Place de la Victoire ») fait face à cette cathédrale.
C’est une grande et jolie place, malgré le fait que beaucoup de façades des immeubles historiques soient en rénovation et cachées par des échafaudages.
Récemment, une pépinière a été installée dans une structure métallique de quatre étages sur cette place. L’intérêt est de pouvoir y monter pour avoir une vue de haut de la place.
Juste en face de la structure se trouve l’Opéra National, monument important de la ville. Et un endroit historique également car c’est depuis le balcon que les leaders révolutionnaires s’exprimaient à la foule. C’était une bonne idée de visiter le musée en premier, je vois les lieux d’un œil différent en sachant l’histoire qui s’y est déroulée.
A droite de cette opéra part une rue sous des centaines de parapluies. C’est devenu un classique d’avoir ce genre de déco dans une ville !
Piața Libertății et la Piața Unirii
Cette rue ombragée rejoint la Piața Libertății (« Place de la Liberté »). Une grande scène de concert est installée, Timișoara étant une ville avec de nombreuses animations culturelles. Encore plus cette année sûrement avec le rôle de capitale européenne de la culture !
Quelques centaines de mètres plus loin, on arrive sur la Piața Unirii (« Place de l’Union »). Jolie place avec un grand carré de pelouse où les gamins jouent au foot, entourée par deux cathédrales (une catholique et une orthodoxe serbe).
Je suis aussi allé me promener dans les rues parallèles à ces places. La vieille-ville n’est pas si grande mais agréable avec de nombreux restaurants, cafés etc…
Timișoara, ville verte
De nombreux parcs entourent ce centre, formant ainsi une sorte de ceinture verte. Ils permettent de trouver du calme, et de la fraîcheur l’été j’imagine !
A Timișoara, et notamment dans ces parcs, j’ai croisé pas mal de mecs chelous, genre marginaux et drogués. Ils ne sont pas méchants, ils causent juste tout seul !
Born to be a star
Autre petit anecdote : durant mon séjour ici, j’ai reçu un mail d’une réalisatrice de la chaîne télé RMC Découverte qui prépare un documentaire sur les aéroports les plus dangereux au monde, dont fait partie celui de Lukla au Népal. Elle a lu mon article sur le trek de l’Everest, qui débute à Lukla, et a souhaité en savoir plus. J’ai donc eu un rendez-vous téléphonique d’une vingtaine de minutes avec elle pour lui expliquer mes souvenirs de ce vol et cet aéroport !
Ma vie de star commence, j’attends d’une minute à l’autre un appel de Spielberg pour un biopic Yakarever.
Retour dans l’espace Schengen !
Après quatre nuits à Timișoara, tout est fait : les visites, la réparation de la moto, et beaucoup de repos… Je suis prêt à reprendre la route ! J’ai passé deux belles semaines en Roumanie, un très beau pays avec une population accueillante et chaleureuse. L’esprit latin m’avait manqué !
Direction Budapest en Hongrie, pour un retour dans l’espace Schengen. Ce qui signifie que la frontière entre la Roumanie et la Hongrie est la dernière de ce voyage avec un contrôle !
0 commentaire