« Le prix de l’homme baisse quand il n’a plus l’usage de sa liberté. »
Hô Chi Minh
Au revoir Cambodge et bonjour Viêtnam ! Ma première étape de ce nouveau pays est Hô-Chi-Minh-Ville, appelée aussi Saigon. C’est la plus grande ville du pays et un passage obligé pour ceux qui arrivent par le sud.
Tout se passe trop bien…j’aime pas trop beaucoup ça !
Mon passage de la frontière s’est étrangement bien passé. Pas un seul dollar de corruption. J’attendais l’arnaque, mais elle n’est jamais arrivée ! Depuis Kampot, j’ai enchaîné 3 vans et un bus pour arriver tard dans la soirée à HCMC (Hô-Chi-Minh-City).
Le bus était un « sleeper » et c’est le grand luxe ! Un siège qui s’incline comme un lit, un petit oreiller, une couverture… Les trajets de nuit vont être agréable ici !
Les paysages étaient assez jolis puisqu’on a traversé le Delta du Mékong. Le mythique fleuve stoppe sa course ici, après avoir débuté dans les montagnes de l’Himalaya. Le Mékong se divise en de multiples bras qui découpent la région en milles morceaux. De ce fait, il y a des petits ponts partout, des barges qui circulent… On a même dû mettre le bus sur un bateau pour passer un bras assez large.
C’est une région que certaines personnes visitent, mais même si j’ai adoré barouder le long du Mékong, je l’ai vu assez de fois pour m’en passer cette fois-ci !
Hanoï est la capitale administrative et politique du pays, mais HCMC est le poumon économique. C’est la ville la plus grande avec plus de 8 millions d’habitants.
Hô-Chi-Minh ou Saigon ?
La ville s’appelait Saigon jusqu’à ce que les USA perdent la guerre. Les communistes vietnamiens entrèrent dans la ville et la renommèrent Hô-Chi-Minh, en hommage au père de la nation réunifiée.
Avant tout cela, HCMC était la ville la plus importante de l’Indochine. Elle a joué un rôle clé pour l’administration coloniale française. Aujourd’hui, plusieurs bâtiments coloniaux témoignent de ce passé glorieux ; la ville ayant subit très peu de dégâts durant la guerre.
Un patrimoine conservé
Le bâtiment le plus impressionnant (selon mon avis…) est la Poste Centrale, construite à la fin du 19ème siècle. Gustave Eiffel a participé à sa conception, tout de même… L’intérieur ressemble à un hall de gare avec le toit en forme de voûte, et a gardé un style assez rétro. Comme partout dans les lieux symboliques, sur un mur trône un grand portrait d’Hô-Chi-Minh (oncle Hô pour les intimes).
D’autres édifices à proximité méritent le détour, comme l’hôtel de ville ou le théâtre municipal.
Un pays officiellement communiste
En me baladant au hasard des rues et grandes avenues, j’ai été surpris par le nombre d’églises. Elles datent toutes de l’époque coloniale, mais elles sont toujours fréquentées par un nombre important de fidèles vietnamiens. La plus connue est la cathédrale Notre-Dame, située sur la Place de la Commune de Paris (on est dans un pays communiste, ne l’oublions pas !).
Non loin se trouve le Palais de la Réunification. Ce bâtiment est entré dans l’Histoire le 30 avril 1975, lorsque deux chars d’assaut de l’armée nord-vietnamienne défoncèrent les grilles de ce qui était appelé alors le Palais Présidentiel. La chute de Saigon était désormais officielle. Hô-Chi-Minh-City naissait et marquait la fin de 30 années de guerre.
J’ai visité l’intérieur où tout est resté figé à cette date. On voit les grands salons de l’époque, où étaient reçus les ambassadeurs et autres personnes importantes. Le mieux étant la visite du bunker, avec les centres stratégiques de décisions, les télécommunications…
Les crimes de l’armée US
L’autre visite incontournable se situe juste à côté du palais : le musée des Vestiges de la Guerre. Il était appelé au début « Musée des Crimes de guerres américains », mais ils ont changé le nom pour ne pas froisser l’égo des touristes US.
Ce musée retrace et documente les horreurs de l’armée US durant la guerre du Viêtnam. Les USA ont utilisé cette guerre pour tester de nombreuses armes chimiques (napalm, agent orange, phosphore…). L’objectif était de raser les forêts où les nord-vietnamiens se cachaient, et d’en tuer le plus possible. Les conséquences sont toujours visibles aujourd’hui avec des malformations, des cancers, des maladies graves… Dow Chemical et Monsanto, 2 multinationales US, se sont enrichies considérablement grâce à ça.
Contrairement à ce que le peuple US croyait, personne ne se battait pour défendre la liberté. En effet, une guerre sert avant tout les intérêts des banques et de l’industrie de l’armement. La liberté et les droits de l’homme ne sont que de belles paroles pour bercer le peuple et le rendre docile (et le pire c’est que ça marche toujours de nos jours…).
Les atrocités de la guerre
Il y a des photos vraiment atroces dans le musée, notamment pour illustrer les conséquences de l’agent orange. On y voit des enfants totalement malformés, dont l’espérance de vie est très faible. Mais aussi des photos de soldats US posant fièrement devant le cadavre d’enfants, de femmes…
Un étage est réservé aux messages et manifestations de soutiens à travers le monde durant la guerre. Il y a des photos d’immenses manifs s’étant déroulées en Europe, en Amérique Latine, en Afrique… Cuba est à l’honneur puisque l’île insoumise a toujours aidé les communistes vietnamiens.
Prendre du recul
Certes, le musée n’est pas du tout neutre (ça me rappelle le musée de la Révolution à La Havane d’ailleurs). Durant une guerre, les 2 camps commettent des crimes et des massacres. Il n’y a pas les « bons » d’un côté et les « méchants » de l’autre (sauf dans l’histoire écrite par le journal de 20h). Les crimes de l’armée nord-vietnamiennes sont totalement occultés dans les différentes pièces du musée. Il faut donc savoir prendre du recul par rapport à ça. Mais bon, ça fait toujours du bien de voir la guerre du Viêtnam sous cet angle là, et non à travers les films de propagande d’Hollywood où « les courageux soldats US vont se battre pour la liberté à l’autre bout du monde et sont agressés par des sauvages ».
Les prémices de la guerre
Pour rappeler le contexte, la guerre du Viêtnam a fait suite à la guerre d’Indochine (elle est appelée également Deuxième Guerre d’Indochine). La première avait permise au pays de reprendre son indépendance vis-à-vis de la France, avec comme fin la célèbre bataille de Diên Biên Phu. Une fois le colon viré, les grandes puissances étrangères se sont intéressées de près à ce pays (période de guerre froide oblige…). Les accords de Genève divisèrent le pays en deux : le sud capitaliste, aidé par les USA, et le nord communiste, soutenu par l’URSS et la Chine.
Le président US de l’époque, Johnson, craignait un effet domino si on laissait le nord communiste prospérer. Les USA placèrent un pion à la tête du sud. Au diable les accords de Genève, et ils entrèrent en guerre pour détruire le nord. HCMC devint le quartier général de l’armée US et était quadrillée par les GI’s.
La résistance vietnamienne
Les USA ne pensaient pas rencontrer une telle résistance. Les troupes nord-vietnamiennes connaissaient parfaitement le terrain, étaient bien entraînées, et financées par l’URSS et la Chine. Le conflit s’est étendu à tout le pays, avec des bombardements intensifs. Plus de 7 millions de tonnes de bombes ont été larguées par les USA (contre 3,4 millions par l’ensemble des Alliés durant la 2nde guerre mondiale). Plus de 1,5 millions de civils ont été tués. Comme au Laos et au Cambodge, les bombes non explosées tuent encore des gens aujourd’hui. Les problèmes liés aux armes chimiques sont également toujours d’actualité.
Les USA ont fini par perdre la guerre et par se retirer. Pour le Viêtnam, cette guerre est un vrai traumatisme puisque cela s’est produit il y a seulement 40 ans. Les communistes sont arrivés au pouvoir, et ont récupéré un pays en cendre. Ils se sont vengés des élites sudistes en « purgeant » la société des indésirables.
Le paradoxe économique
La chute de l’URSS quelques années plus tard a totalement plongé le pays dans le noir. Depuis, le Viêtnam a fait bien du chemin et est sorti de l’ombre. C’est aujourd’hui un pays puissant d’Asie. Le gouvernement est toujours officiellement socialiste, mais le modèle est plus du « capitalisme d’État », comme en Chine.
Le paradoxe est bien visible dans les rues de HCMC : des drapeaux communistes avec marteau et faucille à côté d’un Macdo ou d’un KFC, deux symboles du capitalisme US. Plusieurs personnes jugent d’ailleurs que les USA ont aujourd’hui gagné la guerre en changeant le modèle économique vietnamien via la finance et la mondialisation.
HCMC est une ville moderne désormais, avec de grands buildings en verre et de larges avenues bordées de magasins de mode.
Au pieds de ces tours de verre qui cachent les étoiles, on retrouve un petit vieux qui vend des bouquins usagés avec son scooter qui lui sert de libraire. Ce paradoxe est une belle illustration du Viêtnam je pense…
Changement d’air
Je ne reste qu’une journée à visiter et à me balader dans la ville. C’était intéressant et indispensable comme arrêt, mais très fatiguant. Comme toutes immenses villes, c’est très bruyant et pollué (il y aurait plus de 4 millions de deux-roues !), et il fait pas loin de 40 degrés l’après-midi… Donc je m’évade avant de devenir fou, vers les hauteurs du pays pour un peu de frais ! Direction Dalat en bus de nuit !
5 commentaires
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