Le parc national de l’Una – 22 et 23/03/2023

« L’aventure n’est pas ce qu’on imagine, un roman. Elle ne s’apprend pas dans un livre. L’aventure est toujours une chose vécue, et pour la connaître il faut avant tout être à la hauteur pour la vivre, vivre et ne pas avoir peur ! »

Blaise Cendrars

Me voici en Bosnie-Herzégovine ! Je suis arrivé dans le pays depuis la Croatie, et mon premier arrêt se fait à la ville de Bihac, afin d’explorer le parc national de l’Una.

Passage de frontière, et cette fois contrôle des papiers : carte grise de la Loca, et coup de tampon dans le passeport.

Déjà, la Bosnie-Herzégovine me plaît beaucoup quand je vois les prix : 10 euros une chambre, un bon repas coûte environ 5 euros… Ça fait plaisir !

Bihac, en toute simplicité

Bihac est la grosse ville du coin, avec environ 60 000 personnes. Je profite d’être arrivé en début d’après-midi pour aller me promener dans la ville.

C’est calme ! Beaucoup de maisons toutes simples, sans luxe, mais avec jardin souvent. Les habitants s’y reposent à l’ombre, en buvant un coup.

Autre remarque : ils ont tous des chiens. Détail totalement inintéressant me direz-vous. Mais la Bosnie-Herzégovine étant un pays à majorité musulmane, ça me surprend. En effet, cet animal n’est pas le mieux vu dans l’Islam, et j’avais pu le constater dans la plupart des pays musulmans où je suis allé (Iran, Jordanie, Indonésie…).

Et oui, la Bosnie est l’un des rares pays d’Europe avec l’Islam comme religion majoritaire. Je revois les minarets pointés vers le ciel, et entends l’appel du muezzin aux heures de prières.

Bon, ils ont l’air de tous boire de la bière quand même. Ça j’aime bien aussi.

La mosquée la plus connue de Bihac est la Fethija, qui était une église à la base mais qui a été modifiée en mosquée lors de la conquête par l’empire ottoman en 1592.

La ville est traversée par une grande rivière avec une belle couleur. Quelques ilots qu’on peut rejoindre par des ponts pour se poser. Rien de fou niveau visite, mais j’aime bien l’ambiance de cette ville. Les habitants ont l’air relax, souriants… Très bonne première impression de la Bosnie !

Dernière remarque : j’ai l’impression de revenir 20-30 ans en arrière. Les habitants chauffent tous au bois chez eux. A la nuit tombée, une odeur de fumée envahit la ville. On pourrait alors se réfugier dans les restaurants, mais les Bosniaques fument comme des pompiers et c’est autorisé dans les restaurants et bars… Et niveau musique, c’est un peu bizarre : une sorte de techno des années 90. Bref, un voyage dans le temps !

Le parc national de l’Una

Mais si je me suis arrêté dans cette ville pour 2 jours, ce n’est pas juste pour déambuler dans les rues. Le lendemain, je me rends avec la Loca au parc national de l’Una.

La route pour s’y rendre est bitumée, mais une fois près de la rivière, la goudron laisse place à de la piste parfois. Première fois que je conduis vraiment une moto sur une piste en terre / gravier / caillou. Je vais doucement pour m’habituer à ce nouveau style de pilotage : debout sur les cales pieds, freiner de l’arrière, conduite souple… Tout se passe bien !

La rivière est vraiment belle, avec les collines de chaque côté. Je ne croise personne, hormis un van de slovènes garé au bord de la rivière. Un beau spot pour passer la nuit !

La Štrbački Buk

Je finis par arriver à la cascade Štrbački Buk (bon courage pour la prononciation). La seule personne présente était le type qui fait payer l’entrée 4 euros. Autrement, aucun visiteur et tous les petits stands au parking sont fermés… Encore pire qu’à Plitvice ! Pourtant, il fait beau, et même chaud ! Tant mieux pour moi.

Les cascades font 25 mètres de haut et leurs puissances est impressionnante.

La rivière Una est réputée pour le rafting et en haute saison, plusieurs agences proposent des descentes. Mais quand je vois ça, pour rien au monde je monte dans un petit bateau là-dedans ! Le courant est hyper fort et ça se voit qu’il y a plein de rochers sous l’eau avec les remous et les tourbillons.

Je préfère suivre gentiment les passerelles en bois qui permettent de s’approcher de la rivière et de prendre des photos. Un bel endroit, qui me donne envie de continuer à explorer le parc national de l’Una !

Kulen Vakuf

Ce nom là est plus facile à prononcer. C’est un charmant village située à 25 km. Sur conseils d’un ami, je voulais dormir là à la base, et pas à Bihac. Mais hors saison, le camping est fermé et les seuls logements disponibles sont assez chers. Tant pis !

C’est un petit village, mais avec beaucoup d’histoire ! Le site a été occupé dès l’âge de bronze.

Il y a aussi une forteresse sur les hauteurs et l’empire ottoman a affronté les troupes autrichiennes dans les années 1800.

Et plus récemment, la guerre de Bosnie a fait des ravages ici… Avant la guerre, le village comptait 5 000 personnes. Aujourd’hui, 10 fois moins. Les forces Serbes et des milices ont entouré le village pour éliminer les musulmans. Plusieurs habitants ont pu fuir discrètement en traversant la rivière la nuit mais beaucoup n’y sont jamais revenus vivre ensuite. Cette guerre qui a eu lieu entre 1992 et 1995 a été horrible pour le pays. Et très complexe à comprendre… J’ai commencé à beaucoup me renseigner sur le sujet (car je ne conçois pas de voyager dans un pays sans comprendre son histoire récente), mais il va me falloir quelques heures pour bien comprendre les évènements.

Bref, je me promène dans le village, et évidemment très très calme en cette saison. Heureusement, le restaurant à l’entrée, près du pont, est ouvert et je peux y déjeuner.

Une fois rassasié, je reprends la route, avec là aussi quelques bouts de piste, pour aller à Martin Brod !

Martin Brod

J’adore ce nom. Il n’a rien à voir avec les villages et lieux précédents. On se demande ce qu’il fout là. Mais ça a été mon coup de cœur de la journée ! C’est le genre de village qui donne l’impression d’arriver au bout du monde, qu’il n’y a plus rien après.

Le village est connu pour ses cascades aussi. Moins hautes que Štrbački Buk mais impressionnantes tout de même.

Là aussi des passerelles et un pont permettent de s’approcher des cascades et d’avoir de beaux points de vue.

Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est faire un petit tour dans le village. C’est minuscule mais très charmant. L’eau est absolument partout ici ! Une petite rivière passe dans chaque jardin j’ai l’impression. A tel point que les habitants ont créé des machines à laver naturelle (un petit système en bois).

Hélas, là aussi pas grand monde ! Je n’ai croisé que quelques papys qui bricolaient ou jardinaient. Ils ne parlent pas anglais évidemment, et moi je ne parle pas bosniaque… Donc c’est limité niveau interactions !

Le viewpoint secret

Bon, je me disais que j’avais fait le tour et qu’il était temps de faire demi-tour pour retourner à Bihac (environ 50 km).

Je regarde maps.me et je vois qu’une route en lacets monte vers les hauteurs juste à la sortie de Bihac. Et en haut, il y a le logo des petites jumelles (quand maps.me indique ça, c’est qu’il y a une jolie vue). Aucun panneau n’indique un intérêt touristique par là, mais je me décide à y aller, ce n’est qu’à 7km. La route est en bon état, mais des éboulements obligent à slalomer entre les pierres restées sur la route.

Rendu en haut : waouh ! La vue est juste dingue avec des montagnes enneigées, un canyon… Incroyable !

Et de l’autre côté, on a une vue sur Martin Brod et la montagnes marquant la frontière avec la Croatie (on n’est à même pas 1km à vol d’oiseau).

Si jamais vous allez visiter ce coin un jour, le nom du viewpoint sur maps.me est « Pogledalo ».

Je peux prendre le chemin du retour ensuite, la tête remplie de belles images après cette journée géniale ! Journée que je n’aurai pas pu vivre sans la Loca, car pas de transport public par ici !

J’ai adoré explorer le parc national de l’Una. Vraiment une belle découverte, qui me donne envie de parcourir la Bosnie-Herzégovine !