Fini les sauts de puce que je fais depuis mon arrivée dans les Balkans en ne faisant que des petits trajets. Désormais, il me faut rejoindre Istanbul en Turquie depuis Bitola en Macédoine du Nord, en passant par la Grèce.

Mais pourquoi ne pas s’attarder en Grèce ?

Très bonne question (oui, je m’auto-congratule). Étant très intéressé par l’Histoire, la Grèce est un pays qui m’attire beaucoup. De plus, certaines régions comme les Météores ont l’air somptueuses. Pour visiter ce pays, il faut au moins trois semaines je pense, sous peine de repartir frustré sinon. Mais je n’ai pas ces trois semaines devant moi si je veux arriver en Asie Centrale à la bonne période.

De plus, ma seule date contrainte est le 14 mai. Les électeurs turcs se rendront aux urnes à cette date pour décider si Erdogan est reconduit après 20 ans de pouvoir. Je ne souhaite absolument pas être à Istanbul à cette date, car quelque soit le résultat, ça risque de chauffer dans les rues (des stambouliotes rencontrés en voyage me l’ont confirmé).

Donc soit j’arrivais quelques jours avant cette date à Istanbul pour visiter, soit j’arrivais après mais du coup ça risquait de me faire arriver tard en Ouzbékistan.

Bref, j’ai choisi de ne pas m’attarder en Grèce et filer en Turquie ! Je visiterai ce pays une autre fois !

Une nuit en Grèce et puis s’en va

Je quitte donc Bitola le 6 mai au matin. Quinze kilomètres après, je passe la frontière grecque. RAS, très rapide.

La route est en très bon état en Grèce. J’avais dit ça de l’Albanie et d’autres pays, mais sans doute avais-je revu mon niveau d’exigence à la baisse !

Le nord de la Grèce est très montagneux et vallonné. Je suis agréablement surpris par la beauté des paysages que je traverse en cette journée ensoleillée. Par contre, la Grèce n’est plus vraiment bon marché : 1,85 euros le litre de SP 95 !

Je passe par la grande ville du nord, Thessalonique, sans m’arrêter. Peu après, le lac Vilvo, le deuxième plus grand du pays. Après 400 kilomètres de route, je m’arrête au petit village côtier de Nea Karvali, au camping Alexandros. Je plante ma tente avec vue sur la mer. Pas trop mal !

Nea Karvali camping

Durant ce trajet, je dois avouer que j’ai commis un génocide. Si la Grèce déplore dans les prochains jours une extinction massive des insectes, mea culpa, c’est ma faute. Je ne voyais plus rien à la fin à travers mon casque et la bulle de ma moto ! Les insectes volants grecs ne sont pas bons du tout pour éviter les motos. Ou alors c’est tous des kamikazes façon pilotes d’avions japonais à Pearl Harbor.

Nea Karvali

Il y a beaucoup de monde au camping : des camping-cars Bulgares, des cyclistes allemands, 3 motards allemands, et 3 motards turcs.

Nea Karvali camping
Passage en Turquie !

Le lendemain, je reprends la route après une très bonne nuit passée dans la tente malgré le changement d’heure (+ 1 en Grèce par rapport à la France).

J’ai le soleil en plein dans les yeux le matin. C’est gênant pour conduire mais c’est bon signe : je me dirige vers l’Orient, le sourire aux lèvres.

180 km après, j’arrive à la frontière. Je la passe assez rapidement, y compris l’entrée en Turquie. La douanière était jolie et souriante. C’est toujours mon pari à une frontière : réussir à faire sourire un douanier, mais ça ne marche pas souvent !

Bref, me voilà en Turquie avec la Loca !

Des premiers pas en Turquie compliqués !

Je m’arrête 100 km après la frontière à la ville de Tekirdag vers 13 heures. Je vais à un centre commercial pour trouver une agence Turkcell et m’acheter une carte SIM prépayée (je compte rester 1 mois environ dans le pays donc ça peut être utile).

La Turquie connaît une forte inflation et les prix s’envolent. Si bien que Turkcell n’affiche plus les prix sur son site internet et ainsi chaque points de vente décident à la tête du client. Et quand on est Européen et qu’on ne parle pas la langue, évidemment qu’on se fait avoir… 35 euros la carte Sim prépayée, rien moins cher ! Mais au final, en parlant avec d’autres voyageurs à Istanbul, certains ont payé la même carte que moi à 55 euros !

Ensuite, je veux retirer : soit les distributeurs sont vides, soit ils n’acceptent pas les CB étrangères, soit ceux qui fonctionnent prennent une commission allant jusqu’à 12 % ! Si tu retires 200 euros, payer 24 euros de frais est carrément un vol ! J’ai chaud à me balader en ville en moto mais au bout d’une heure, je finis par trouver un distributeur qui me donne de l’argent sans me prendre de frais. J’ai rarement autant galérer à retirer de l’argent !

Il est finalement 15 heures passée quand je rejoins le camping Bagtür, à 10 km de Tekirdag. Il n’ouvre officiellement que le 15 mai mais je peux m’y installer. Je suis le seul client, et là aussi vue sur la mer de Marmara depuis la tente.

Tekirdag camping

Le patron et des amis bricolent à droite à gauche pour préparer la saison. Deux familles de Terkidag sont là pour passer l’après-midi avec leurs enfants. Ils m’amènent une assiette remplie de nourriture pendant que je monte ma tente. Adorable !

Tekirdag camping
Pas cool

Je suis prêt tôt le lendemain et bien décidé à affronter la circulation d’Istanbul ! Mais mauvaise surprise au départ : le patron et son assistant, si sympas la veille, me demandent 35 euros pour la nuit en tente et deux repas. Sachant que la nuit en tente coûtait 10 euros, ils considèrent que j’ai mangé pour 25 euros, ce qui est beaucoup pour le pays. Là encore, pas de prix affichés sur le menu et j’ai fait confiance. Ce n’est pas la première fois que je fais ça : demander de payer tout à la fin (nourriture, nuit…). Jamais eu de mauvaise surprise jusqu’à présent, je suis toujours tombé sur des gens honnêtes.

Et quand je leur demande de me détailler le prix, leur anglais devient subitement inexistant et ils me sourient juste gentiment. Ce que je traduis par « oui, on te baise, mais avec le sourire au moins« . Je déteste être pris pour un con, mais je leur donne ce qu’ils veulent et pars rapidement.

Je m’arrête peu après dans un bureau de poste pour obtenir le badge obligatoire pour prendre l’autoroute en Turquie (c’est comme notre télépéage en France, sauf qu’en Turquie il n’y a que ça et pas de paiement en carte ou espèces possibles). Mais ils n’ont pas celui spécifique aux motos. Le bureau de poste 10 km après : idem. Bon, fait chier ça aussi, tant pis, je prends l’autoroute sans payer et je verrai ça à Istanbul pour régulariser ma situation !

Istanbul, me voilà !

Trente kilomètres avant Istanbul, les embouteillages commencent ! Cette ville de plus de 15 millions d’habitants (!) était la ville la plus embouteillée au monde en 2021. J’observe comment s’en sortent les deux-roues turcs : ils conduisent tout simplement sur la bande d’arrêt d’urgence, ce qui me va très bien comme technique car l’inter-files avec mes sacoches de chaque côté de la moto n’est pas facile !

Une fois en ville, ça empire évidemment. Pas possible avec une moto de plus de 200 kilos de se faufiler sur les trottoirs comme les scooters font ! Mais je m’en sors plutôt bien, à anticiper toutes les erreurs des conducteurs turcs qui font n’importe quoi. Trop occupés à téléphoner, manger un bout en conduisant, s’arrêter en plein milieu de la rue pour alpaguer une connaissance, faire une marche arrière sur une 4 voies…

Mais je réalise ce qui se passe : je suis en train de conduire dans Istanbul ! Des frissons me parcourent et je ressens de l’émotion sous le casque : j’ai traversé l’Europe du Nord-Ouest au Sud-Est au guidon de ma Loca.

Un nouveau continent m’attend désormais, pour mon plus grand bonheur !


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