Boukhara est une ville deux fois millénaires et une étape mythique sur la Route de la Soie. Une grande partie de son centre est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO mais elle a su garder tout de même une certaine authenticité.
Températures extrêmes !
Les ouzbeks vous le diront : les températures à Boukhara sont plus élevées que dans les autres grandes villes du pays. Le thermomètre atteint 45°C à l’ombre l’après-midi en ce mois de juin. En plein soleil, sur le bitume, vous imaginez bien que ça dépasse largement les 50… Il faut donc visiter en conséquence : le matin et le soir. Entre midi et 18h, il faut juste rester au frais à l’auberge ! Certains locaux semblent insensibles, comme ces hommes à vélos avec pantalon et manches longues qui pédalent comme si de rien n’était.
Durant ces moments de pause, on a le temps de parler entre voyageurs. J’ai notamment passé les quelques jours ici avec Grégory et Ophélie, partis en vélo de France il y a 9 mois.
Pour fuir la chaleur, j’ai passé un peu de temps aussi au Silk Road Tea House. Comme son nom l’indique, c’est une maison de thé et un bel endroit ! Les prix sont chers pour l’Ouzbékistan mais les thés proposés sont délicieux avec différentes épices, du safran etc… Bref, pas souvent l’occasion de boire un thé aussi bon ! J’y suis allé deux fois du coup ; une fois seul et ensuite accompagné d’Ophélie et Grégory.
Boukhara, ville sainte
Située sur la Route de la Soie, au cœur d’une oasis à la limite du désert du Kyzylkoum, Boukhara a toujours attiré les regards des rois et empereurs.
Elle a ainsi une richesse historique et culturelle difficilement égalable. Si on se penche en détails sur son histoire, on remarque que tous les grands Empires de l’époque ont cherché à s’en emparer : les Perses, les grecs, les Omeyyades, les Samanides, les bolchéviques…
Pour l’anecdote, l’édifice le plus ancien de Boukhara est le mausolée des Samanides, datant du 10ème siècle. Ce petit bâtiment en briques ne paient pas de mine, dans un parc ressemblant aujourd’hui à une petite fête foraine. On est passé devant en se baladant sans trop y faire attention. Mais en bon touriste discipliné, j’avais fait une photo quand même !
Aujourd’hui, la ville compte plus de 200 000 habitants et est une étape incontournable d’un voyage en Ouzbékistan.
Le Festival de la Soie et des Épices
Je suis tombé pile poil durant le Festival de la Soie et des Épices, qui existe depuis 20 ans. Trois jours de fête dans la ville avec des spectacles de danse dans la rue, de la musique…
Il y a aussi une grande avenue qui a été coupée à la circulation pour qu’une centaine de vendeurs s’installent. Une sortie de braderie sauf que là se vend de la soie, du safran… Des produits de luxe en France ! Les odeurs sont incroyables avec toutes ces épices en quantité !
Il y aussi des animations plus inattendues comme un concours de judo sur une petite place. Les sports de lutte sont très populaires en Ouzbékistan et il y avait du monde à regarder ces jeunes s’affronter !
Le dernier soir se déroulait un grand spectacle de clôture du festival. La sécurité nous a fait rentrer en priorité ; un peu gênant de passer devant tous les ouzbeks qui attendaient alors qu’on n’avait rien demandé et même pas de billets… Le maire de Boukhara commence par un discours que personne n’écoute. Puis les spectacles commencent avec danse, théâtre, chants… Mais tout est en playback ! Ça se voit tellement que le chanteur ne chante pas, que les musiciens font semblant… Un peu dommage pour un festival qui veut promouvoir la culture ouzbek ! C’était tout de même un moment sympa avec une bonne ambiance.
Boukhara, une ville bien vivante
La première chose que j’ai remarqué en arrivant ici est que la ville a l’air bien vivante, même en dehors du festival. Khiva est une ville magnifique mais elle fait vraiment « ville-musée » et on a l’impression que plus grand monde ne vit vraiment dans la vieille-ville. A Boukhara, c’est différent puisque les monuments emblématiques ne sont pas concentrés à un même endroit. Pour aller de l’un à l’autre, on passe donc par des petits quartiers et rues où vivent encore les habitants. C’est ainsi qu’on s’est retrouvé à faire une partie de cartes avec trois ouzbeks, assis sur des chaises dans la rue. On n’a pas compris grand chose aux règles du jeu, mais par miracle on a gagné la dernière partie !
Le rendez-vous des locaux est sans conteste la place Lyabi Hauz, avec son bassin entourée de madrassas. Le soir venu, les terrasses se remplissent et les habitants profitent des grandes fontaines qui rafraichissent l’air.
Les madrassas à Boukhara n’ont pas été autant rénovées qu’à Khiva. Et aucune n’a vraiment été transformée en musée. Certaines sont encore en bon état, d’autres non. Mais toutes ont leurs charmes !
Le complexe Po-i-Kalon, le cœur de la ville
L’endroit le plus impressionnant de Boukhara reste le complexe Po-i-Kalon, constitué d’une mosquée, d’une madrassa et d’un haut minaret. Il est visible d’assez loin, dominant les coupoles marchandes et bazaar.
Le minaret actuel date de 1127 et se voulait alors comme la plus haute tour construite avec ses 48 mètres.
L’intérieur de ces édifices est impressionnant avec de grandes cours, dominées par les coupoles turquoises. La mosquée Kalon est l’une des plus vastes et des plus anciennes d’Asie Centrale. On compte pas moins de 288 coupoles et 208 colonnes ! Du beau boulot !
Bref, je suis passé plusieurs fois devant cette mosquée et la magie ne disparaît pas !
La madrassa Mir-i-Arab fait aussi partie du complexe et est encore en activité aujourd’hui. Je n’ai donc pas pu rentrer à l’intérieur. Durant la période soviétique, ce fût la seule d’Ouzbékistan, avec celle de Tachkent, à pouvoir continuer à diffuser un enseignement religieux.
Comme à Khiva, il est agréable de se promener la nuit aussi pour voir les édifices s’illuminer au fur et à mesure que la nuit tombe.
Autres édifices de Boukhara
Mais Boukhara ne se limite pas au complexe Po-i-Kalon ! Un autre emblème de la ville est le Tchor Minor, qui marquait l’entrée d’une madrassa aujourd’hui disparue. Il est original avec ses quatre petits minarets. On dirait une mosquée version Playmobil.
Plus à l’Est du Tchor Minor, ça devient vite moins touristique car il n’y a plus d’édifices importants. Je suis allé volontairement me perdre dans ces petites ruelles. Les habitants pensaient que j’étais perdu et me montraient la direction à prendre pour retourner vers le centre-historique, un gamin de 10 ans est venu pratiquer l’anglais appris à son école… J’aime bien ce genre d’ambiance !
Mais j’ai fini par revenir dans les endroits plus classiques afin d’aller voir la mosquée Bolo Haouz avec ses belles colonnes en bois et son bassin.
Juste à côte se trouve la citadelle Ark de Boukhara, la résidence des émirs jusqu’en 1920 (avant que les Russes ne destituent le dernier). Le bâtiment est imposant avec les hauts remparts. Il est possible de rentrer à l’intérieur mais quelques voyageurs m’avaient dit que ça ne valait pas le coup de payer le ticket d’entrée. J’ai donc écouté leurs conseils et suis resté dehors !
Les villes s’enchaînent
Après trois nuits à Boukhara, je prends un train le lundi 19 vers Samarcande. Mais pas un train avec wagon dortoir où il fait plus de 40 degrés… A partir de Boukhara, quand on va en direction de la capitale, les vieux trains soviétiques sont remplacés par des trains à grande vitesse climatisés ! Le trajet pour aller à Samarcande ne dure ainsi que 1h40, dans un confort total ! Trop facile !
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