Le lac Song Kul est l’un des endroits les plus connus du Kirghizistan. Perché à plus de 3 000 mètres d’altitude, ce grand lac est entouré de montagnes. En été, de nombreux camps de yourtes s’y installent.

Kochkor, les infos pratiques

Mais avant de parler du lac Song Kul, laissez moi vous parler de la ville de Kochkor. Cette bourgade somptueuse avec des centaines de choses à voir… Non, ceci n’est pas vrai, désolé.

J’y suis arrivé depuis le lac Issyk Kul après un trajet rondement mené :

  • stop de Kadji Say à Bokonbaevo (20 minutes)
  • marshrutka de Bokonbaevo à Balyktchy (1h30)
  • taxi partagé de Balyktchy à Kochkor (45 minutes)

A Kochkor, j’ai posé mon sac à la Guesthouse Malika, au rapport qualité / prix imbattable. Pour 7 euros la nuit, j’ai une grande chambre privée très propre et un bon petit-déjeuner. Il n’y a que quatre chambres réparties autour de la cuisine commune. Rançon du succès, l’endroit est souvent complet et j’ai dû aller dormir une nuit ailleurs car je n’avais pas pensé à étendre mon séjour (Guesthouse Lilliya, très bien aussi).

Pour manger, le seul restaurant agréable pour passer du temps est le Retro Coffe.

Déception

Kochkor est entourée de montagnes donc la vue sur les environs est jolie lorsqu’il fait beau. Mais la météo change très vite par ici, passant du ciel bleu à un orage diluvien en quinze minutes.

Par contre, la ville de Kochkor m’a déçu. Je m’attendais à quelque chose de similaire à Karakol mais pas du tout ! La ville fait 10 000 habitants et s’étire le long de la route principale, axe routier important pour relier le nord et le sud du Kirghizistan. Ce n’est pas très propre, il n’y a que des petits magasins le long de la route qui se développent de manière assez anarchique… Bref, vraiment aucun charme !

Autre point négatif : après trois semaines dans le pays, je ne trouve pas les Kirghizes très sympathiques d’une manière générale. Ils sont assez froids et rudes dans leur façon d’être. Même entre eux, ils ne sont pas très polis : par exemple, ils quittent tous les minibus sans un merci ou un revoir au chauffeur. Le Kirghizistan est le plus beau pays d’Asie Centrale, mais les tadjiks et les ouzbeks étaient plus accueillants selon mon point de vue !

Faux départ à cheval

Si les voyageurs viennent à Kochkor, vous avez compris que ce n’est pas pour la beauté de la ville. La raison majeure est la proximité avec le lac Song Kul. Pour y aller, trois options :

  • la voiture, une piste permettant de rejoindre les rives du lac ;
  • en marchant, mais je ne voulais pas de cette option car j’ai un autre trek à faire après à Kochkor ;
  • à cheval !

Cette dernière possibilité me tentait ! Mon deuxième jour sur place, j’ai fait le tour des agences et envoyé quelques whatsapp à des guides recommandés par d’autres voyageurs. J’avais trouvé le plan parfait pour trois jours de cheval en partant du village de Kyzart (il faut compter environ 110 euros pour 3 jours / 2 nuits tout inclus).

J’étais fin prêt pour commencer ce petit périple à cheval le 9 août. Mais dans la nuit précédente, grosse intoxication alimentaire… Impossible de dormir. J’envoie un whatsapp à l’agence à 5h du mat’ en informant qu’il ne faut pas compter sur ma présence. Faire du cheval dans mon état ne sera pas une partie de plaisir !

Je passe la journée à me reposer. Avec d’autres voyageurs rencontrés à la guesthouse, on convient d’aller à Song Kul le lendemain en voiture. Je ne sais pas si mon état sera mieux mais je ne veux pas attendre trop longtemps à Kochkor sans rien faire. Et je me dis qu’en voiture, même si je ne suis pas en super forme, ça devrait aller.

Je ne ferai donc pas de cheval au Kirghizistan ! Tant pis, ou tant mieux, je ne sais pas ! De toute façon, en ce moment, je rêve de parcourir les routes en moto, et pas à cheval !

« Le motard est un cavalier trop paresseux pour apprendre à mener un cheval et trop humble pour prétendre le dompter. »

Sylvain Tesson, dans le livre « En avant, calme et fou »
En voiture !

Le 9 août au matin, pas de faux départ cette fois ! On a tout organisé en passant directement par le gérant d’un camp de yourtes du lac Song Kul (Song Kul Yurt Camp). A 5, le trajet aller / retour, les deux nuits sur place avec dîner et petit-déj nous revient à 52 euros par personne. Donc un très bon prix !

Notre super groupe de voyageurs :

  • Manon et Loïc, deux toulousains
  • Yolandia et Lucas, une espagnole et un allemand en couple
Song Kul groupe voyageurs

Notre langue commune à tous les 5 est l’espagnol. J’ai bien aimé pouvoir reparler cette langue au quotidien !

Le chauffeur de taxi passe nous chercher à 9 heures. C’est parti pour environ trois heures de trajet, dont la moitié sur une piste pour rejoindre le lac. Le chauffeur est sympa et nous permet de faire des pauses aux endroits jolis pour faire quelques photos, comme dans la vallée de Keng Suu ou au col Ashuu.

Notre camp de yourtes

Une fois que la piste rejoint le lac Song Kul, nous apercevons de nombreux camps de yourtes. Ceux qui sont prêt de l’arrivée de la piste sont les plus grands, avec une trentaine de yourtes. Notre camp se trouve une heure plus loin, dans un endroit plus isolé, avec dix yourtes en tout.

On tombe sous le charme de l’endroit très rapidement. Rien à l’horizon ne vient obstruer notre vue sur le lac et les montagnes. Je suis également impressionné par le nombre d’animaux qui pâturent. Des troupeaux de centaines de chèvres, vaches, chevaux…parsèment les près, en totale liberté. Les nomades kirghizes viennent passer l’été ici afin que leurs bêtes trouvent de l’herbe fraîche. L’hiver, le lac Song Kul est trop inhospitalier pour que des nomades y vivent. A plus de 3 000 mètres d’altitude, les températures deviennent extrêmes !

La modernité de notre camp de yourtes me surprend également. Il y a des toilettes occidentales, une douche chaude dans un container, et des lits dans les yourtes. Ça change beaucoup par rapport à mon expérience dans la vallée de Pshart au Tadjikistan ! Ils ont même construit une grande balançoire !

Camp de yourtes

En matière de construction, ils sont innovants et débrouillards. Outre ces balançoires, j’ai bien aimé les fauteuils en pneus ! Simples et hyper confortables !

Camp yourtes
Aux alentours du camp

Je ne perds pas de temps pour aller me baigner dans le lac. Contrairement à Issyk Kul, il n’est pas salé. Je pensais galérer à rentrer dans l’eau mais je suis surpris par la température plutôt clémente du lac. Bon, pas possible d’y rester 30 minutes quand même, mais pour un lac à 3 000 mètres, ce n’est pas trop froid !

Song Kul montagnes

Petite montée ensuite à une colline derrière notre camp pour avoir une belle vue.

Song Kul viewpoint

On redescend de l’autre côté pour arriver dans une vallée où se trouve un camp de yourtes. Hélas, nous arrivons juste à la fin d’une partie de Kok Boru ; le vainqueur posant fièrement avec le cadavre de la chèvre. C’est un jeu nomade très populaire au Kirghizistan. Mais à 14h demain, une autre partie aura lieu. Rendez-vous est pris !

On fait une épreuve de tir à la corde : nomades kirghizes contre les étrangers. On a gagné (mais chuuut, on était bien 2 ou 3 de plus qu’eux !).

Voir un gamin sur un cheval qui fait trois fois sa taille me permet de comprendre pourquoi ils sont si à l’aise plus tard dessus !

Enfant kirghize cheval

On retourne ensuite à notre camp après cette belle après-midi. Nous ne sommes pas là depuis longtemps mais on comprend déjà pourquoi le lac Song Kul est si plébiscité par les voyageurs !

Lac Song Kul
Coucher de soleil

Les couleurs deviennent encore plus belles lorsque le soleil commence à descendre. Le lac Song Kul change de couleur, tout comme les pâturages autour. C’est le moment idéal pour faire de belles photos !

Song Kul chevaux

Le bonheur ressemble à quelque chose comme ça : un thé chaud à la main, l’air pur des montagnes, regarder les animaux et ce lac merveilleux, et partager ce moment avec d’autres voyageurs.

Lac chevaux

Une fois le soleil disparut derrière les montagnes, la température chute drôlement. Bonnet, gants, tour de cou…on met tout !

Même si le dîner a été plutôt léger en terme de quantité, bonne ambiance dans la yourte commune avec les autres voyageurs présents, dont beaucoup de français ! Un de leurs guides a même ramené une bouteille de vodka, qui a été la bienvenue !

Avant d’aller se coucher, on reste scotché sur la vision du ciel avec la voie lactée parfaitement visible et un nombre incalculable d’étoiles. Le plus beau ciel étoilé que j’ai vu de ce voyage tout simplement.

Lever de soleil

Nuit fraîche après que le poêle dans la yourte s’est éteint. Celui-ci est alimenté par de la merde séchée de chèvres. Et oui, il n’y a aucun arbre par ici alors on fait avec ce que l’on trouve ! Mais bien dormi quand même sous la grosse couette.

On se lève tous à 6h pour admirer le lever du soleil.

Song Kul lever de soleil

Dodo à nouveau ensuite, avant de se lever pour de bon à 8h pour aller prendre le petit-déjeuner. On a des plans et des envies différents aujourd’hui dans notre petit groupe.

Randonnée dans les vallées et col du lac Song Kul

Me concernant, je pars seul marcher vers 9h30. Mon estomac va bien mieux et j’ai envie de me dépenser !

Pour commencer, je remonte la vallée où se trouve le camp d’hier avec le jeu du Kok Boru.

Je repère sur maps.me un point appelé « Best view of the lake ». Évidemment, ça m’attire et je fais un petit détour pour aller en haut et admirer cette vue.

Song Kul panorama

Je ne sais pas si c’est la meilleure vue mais le panorama sur le lac et les montagnes est somptueux !

Song Kul panorama

Redescente ensuite dans la vallée pour la suivre sur quelques kilomètres, en m’éloignant donc du lac. Ça finit par grimper et j’arrive en haut du col Tuz Ashuu à 3 400 mètres. Beaucoup de groupes avec des chevaux ici car les randonnées à cheval partent du village de Kyzart en contrebas et les canassons ont besoin de se reposer après la montée au col !

Col Tuz Ashuu

Depuis le col, la vue sur la vallée opposée au lac est superbe. C’est très vallonné avec des collines vertes, ocres, roses… Je suis content d’être ici car même si je n’ai pas fait la randonnée à cheval, je vois quand même ce paysage, et à la force des jambes en plus !

Col Tuz Ashuu
Redescente express et lasso

Il est déjà 12h30 et je n’ai plus que 1h30 pour retourner au camp de yourtes où aura lieu la partie de Kok Boru. Mais je ne descends pas du col par le même chemin, afin de faire une boucle et non un aller / retour. J’emprunte une vallée parallèle à laquelle je suis monté. Là aussi des animaux partout et des yourtes !

Une fois revenu sur les rives du lac Song Kul, je repère un petit promontoire d’où la vue doit être très jolie car un autre petit lac s’est formé ; les deux étant séparés par une étroite bande de sable.

Lac Song Kul

En redescendant sur cette bande, un troupeau de chevaux et trois kirghizes arrivent. Ils me demandent de l’aide car ils veulent capturer un grand étalon. On se met deux de chaque côté du troupeau, bloqué sur la bande entre les deux lacs. Quand le troupeau vient au galop vers moi pour tenter de s’échapper, j’agite les bras et je hurle pour les empêcher de passer. Ça fonctionne et heureusement car sinon je finissais piétiné ! L’un des kirghizes arrive à envoyer le lasso autour du cou du cheval voulu. On prend la corde à trois pour essayer de le retenir mais ce grand cheval est bien trop puissant. On finit par lâcher le lasso et le cheval s’enfuit avec.

Lac Song Kul chevaux

Suite à cela, je quitte mes trois compères car je vais être en retard avec ces péripéties ! Je finis les deux derniers kilomètres en marchant très vite et j’arrive à l’endroit du jeu à 14h15. Ouf, je suis bien fatigué après avoir marché 17 kilomètres en 4h30 !

Le jeu du Kok Boru

Mes quatre compagnons de ce voyage sont là aussi. Avant que la partie ne commence, il faut déjà tuer une chèvre. Je les regarde l’égorger, couper la tête et les sabots. Pas très agréable à voir évidemment mais si on n’est pas capable de regarder ça, il ne faut pas manger de viande après (hypocrite d’acheter sa viande en barquette en supermarché sans voir ce qu’il se passe avant !). Pour votre plus grand bonheur, j’ai même une petite photo de cet instant !

Kok boru

Le Kok Boru est le jeu traditionnel des nomades par excellence. Deux équipes à cheval s’affrontent. Le but : s’emparer de la chèvre au sol (qui pèse une vingtaine de kilos tout de même) et aller la déposer une cible. Pour empêcher l’équipe adverse de mettre le point, ils n’hésitent pas à se rentrer dedans avec les chevaux.

C’est impressionnant à voir, surtout la manière dont ils se penchent au galop pour prendre la chèvre au sol. Quel spectacle ! A la fin, ils ont fait une petite démonstration en touchant carrément le sol avec leur main alors qu’ils sont au galop.

Mais pour mieux immortaliser ce jeu, j’ai aussi fait une petite vidéo :

La partie dure une bonne heure. L’équipe gagnante garde la chèvre qu’ils vont pouvoir préparer pour le dîner du soir ! C’était vraiment super de pouvoir découvrir ce jeu ici.

Kok boru
Baignade et coucher de soleil : la belle vie à Song Kul !

Au retour à notre camp, on va se baigner à nouveau avec Loïc. On partage la plage avec un troupeau de vaches imperturbables.

Baignade Song Kul

Puis on partage une bouteille de bière tous les cinq en admirant le lac et le soleil qui se couche derrière les collines. Moment photogénique, comme bien souvent.

Coucher de soleil Song Kul

Très bon dîner ensuite et magnifique ciel étoilé à nouveau. Je ne traîne pas ce soir, je suis crevé après cette journée !

Song Kul, un souvenir magique !

Comme prévu, notre taxi vient nous chercher le lendemain matin au camp de yourtes. On quitte cet endroit unique vers 9h, sous une fine pluie et des nuages. Ces instants passés au bord du lac Song Kul resteront un très beau souvenir de mon voyage au Kirghizistan. Une journée n’aurait définitivement pas été assez !

2h30 plus tard, nous voilà revenu à Kochkor. J’y reste l’après-midi et le lendemain pour me reposer, trier les photos, laver le linge… Et pour préparer le prochain trek !

Lac Song Kul

1 commentaire

Kol Ukok et Kol Tor : le trek de deux jours pour rejoindre les lacs - Y a qu'à rêver · 16 août 2023 à 12 h 58 min

[…] à 8 heures de Kochkor en taxi pour aller au village de Isakeyiev, anciennement appelé Bolchevik. Je commence à marcher […]

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