« Welcome to Tirana. Tequila, sexo, marihuana… ». C’est la chanson de Manu Chao que je chantais dans mon casque sur ma moto en arrivant à Tirana, capitale de l’Albanie. La vraie version est plutôt pour Tijuana, au Mexique. Mais tant pis, ça marche quand même !

Bienvenue à la capitale !

Je ne sais pas expliquer pourquoi mais j’étais content d’arriver à cette ville. Elle fait partie des quelques villes que j’ai en tête pour ce voyage pour lesquelles je me dis « j’ai réussi à y arriver, ça fait un beau bout de chemin déjà ». Au même titre que des villes comme Istanbul, Samarcande…

Deux heures de route depuis Shkodër, durant lesquelles je n’ai pas vu grand chose d’intéressant. C’est de grandes lignes droites avec de la circulation. Et à 30km de la capitale, ça commence déjà à bouchonner.

Une fois dans la ville, il ne faut pas être intimidé ! Faut pas hésiter à s’imposer aux intersections et ronds-points. J’ai vite compris le fonctionnement de la circulation : il n’y a pas vraiment de règles apparentes, mais tout se passe plutôt bien. Un peu comme dans les grandes villes asiatiques. Je ne me sens donc pas en insécurité à conduire la Loca ici, à la grande surprise des autres voyageurs !

J’ai donc réussi à atteindre mon auberge, Milingona Hostel, en plein centre. Tout seul dans mon dortoir le premier soir, donc parfait pour bien dormir ! A noter qu’il y a un réparateur moto à 100 mètres mais l’entrée ne donne pas franchement envie avec un scooter désossé et un bordel monstrueux à l’intérieur. La Loca se porte bien alors je n’avais pas besoin d’y aller, tant mieux !

Tirana réparation moto
La Place Skanderbeg

Le cœur de la ville se situe à la place Skanderbeg. Une immense, mais vraiment immense, place avec des bâtiments importants autour.

Tirana Place Skanderbeg

J’avais vu des photos de cette place avant d’y venir, et je suis vraiment surpris de voir toutes ces tours en construction ! Elles n’étaient pas là sur les photos !

La mosquée Et’Hem Bey et la tour de l’Horloge, emblématiques de Tirana, paraissent minuscules désormais à côté de ces buildings.

Contrairement à la Grande Mosquée de Tirana, la Namazgâh, financée par la Turquie. Elle est située à 2 minutes de la place Skanderbeg. Elle en impose avec ses 4 grands minarets et les nombreuses coupoles.

Mosquée Namazgâh

Mais nous sommes dans les Balkans, donc on trouve aussi à proximité une église catholique, une église orthodoxe… Un peu de tout !

Un gros chantier

Ce qui m’a le plus surpris en me baladant sur les avenues et dans les rues, c’est le nombre de construction en cours. La capitale albanaise se métamorphose ! On voit donc des tours modernes à côté d’immeubles plus modestes.

Ce qui est bien, c’est qu’ils n’hésitent pas à colorer les bâtiments !

Tirana visite

Dans 5 ans, le centre-ville aura totalement changé de visage je pense. Il faut dire que la ville a du retard à rattraper après les années noires de la dictature.

Un air de France

Pour en savoir plus sur cette période de l’histoire du pays, je me suis rendu au musée Bunk’Art 1. Il est situé à la sortie de la ville. Pour y aller, j’ai pris un bus…français ! Plus précisément, un bus de la ville de Rouen vendu à l’Albanie début 2017 probablement. Comment je le sais ? Bah les Albanais n’ont pas pris la peine d’enlever les affiches en français ! Il y avait donc un spectacle celtique à Rouen le 5 novembre 2016.

Le musée Bunk’Art 1

Bref, revenons à cette histoire de dictature ! L’Albanie a été occupée par l’Italie de Mussolini en 1939, soutenue par l’Allemagne nazie. Qui dit occupation dit résistance… Des groupes communistes s’organisent pour défier l’occupant. Un leader se détache, Enver Hoxha.

Lors de la fin de la seconde guerre mondiale, l’Albanie obtient son indépendance. Sans surprise, le Parti Communiste gagne les élections et Enver Hoxha dirige le pays. Il a de grands projets et obtient des réussites avec notamment l’éradication de l’analphabétisme et le développement de l’industrie. Les conditions de vie s’améliorent.

En parallèle, il met en place un système de contrôle de la population avec propagande, répression, camps… Bref, un régime autoritaire comme on en a vu ailleurs.

Cependant, Enver n’est pas très malin au niveau géopolitique. Il se brouille avec l’URSS, principal soutien du pays à l’époque, qu’il juge pas assez communiste ! Tant pis, Enver Hoxha se tourne vers la Chine. Ça marche un temps, puis Enver estime que Mao Zedong n’est pas un vrai communiste non plus après sa rencontre avec Richard Nixon en 1972. Il rompt les relations avec la Chine. Le pays se retrouve alors totalement isolé du reste du monde. Pas très malin pour un si petit pays avec peu de ressources !

S’ensuit une longue régression économique… L’Albanie est la plus sévère dictature d’Europe avec des milliers de condamnations à mort.

Un bunker ici, un bunker là, un autre là-bas…

Enver Hoxha n’est peut-être pas une flèche mais il sent bien qu’il a fait le con. Il décide alors de construire des bunkers dans tout le pays pour se protéger en cas d’attaque de l’URSS, ou de la Chine, ou des USA..! Mais pas 3 ou 4… Il en fait construire 170 000 sur un pays grand comme la Bretagne ! L’idée lui est venu après une visite en Corée du Nord. Bon, la plupart des bunkers étaient petits mais celui que j’ai visité à Tirana et où j’ai appris tout ça est immense. Il était destiné à abriter les dirigeants en cas d’attaque nucléaire / chimique etc… Tout était prévu.

Tirana Bunk Art 1

Enver Hoxha décède en 1985. Ses successeurs n’arrivent pas à maintenir le système et le régime tombe en 1991. Les frontières s’ouvrent, et les Albanais en profitent pour se barrer du pays (d’où l’importante communauté albanaise qu’on trouve en Allemagne, en France, en Italie…). L’économie de marché se met en place, l’argent arrive et la corruption aussi.

Je recommande vivement la visite de ce musée à Tirana pour apprendre cette histoire triste du pays et qui explique le retard économique de l’Albanie.

A 400 mètres du musée se trouve un téléphérique qui monte sur les montagnes de Tirana (où il y a encore de la neige). Mais le prix de 12 euros A/R m’a démotivé. Un peu cher pour juste se balader une heure. Y aller en été pour échapper à la chaleur infernale de la capitale doit valoir le coup c’est sûr, mais avec les 15 degrés qu’il fait actuellement, je n’en ai pas le besoin !

Tirana téléphérique
Le quartier Blloku

A l’époque, les dirigeants communistes vivaient dans le quartier Blloku. Interdiction pour les citoyens lambdas d’y entrer ! Aujourd’hui, le quartier est devenu le repère de la jeunesse branchée et moderne de la capitale. Une belle revanche sur l’histoire !

Je me suis baladé dans ce quartier, qui n’a rien de vraiment intéressant pour un touriste. La seule chose que je retiens, c’est qu’il y avait beaucoup de jolies filles (ce qui est intéressant en fait).

Quartier Blloku

On trouve d’autres endroits branchées dans la capitale avec bars et restaurants, comme la rue Murat Toptani près de la place principale. La rue est piétonne et abritée par de grands arbres, qui me lâchent tout leurs pollens sur la gueule et me fait éternuer toutes les 30 secondes.

Rruga Murat Toptani
Un autre visage de Tirana

Ce n’est pas dans ce genre de lieu branché que je me sens à ma place ni à l’aise (surtout si j’éternue sur tous les passants). Pour voir un autre visage de Tirana, je suis revenu du musée à pied. 4,5 km en passant par plein de rues, des petites places… Aucun bel édifice, mais je me suis régalé quand même. Notamment à regarder les anciens jouer aux dominos ou au backgammon. Mon objectif avant de quitter le pays : participer à une partie de dominos avec des papys ! Une véritable religion dans le pays et c’est très sérieux. Les gens se regroupent autour et assistent à la partie en cours (sauf le mec en arrière plan sur la première photo ci-dessous qui était trop occupé à se curer le nez !).

Également, un déjeuner à 14h dans un petit resto tenu par un couple très sympa et surpris de me voir entrer. Ils sont partis chercher leur fils pour faire la traduction en anglais. J’y ai très bien mangé, et on m’a même offert un shot de raki à la fin (l’alcool national, souvent fait maison, et qui pourrait servir de carburant pour ma moto je pense).

J’ai bien aimé aussi les libraires de rue. Ils posent tous les livres sur un petit muret et les piétons viennent feuilleter et choisir leur prochaine lecture en attendant que le feu passe au vert. (sur la photo ci-dessous, si vous cherchez bien, vous trouverez Mein Kampf…)

Livres rues

Tirana n’est pas la capitale du street art, loin de là, mais on commence à en trouver un peu en se baladant.

Paziri i Ri

J’ai bien aimé également le marché central, tout près de mon auberge. Sous une grande halle, on trouve des fruits, des légumes, du miel, de l’huile d’olive, de l’artisanat…

Paziri i Ri

Je n’ai pas visité le jour le plus animé je pense, les vendeurs avaient l’air de buller !

Autour de la halle, on trouve plein de restaurants. J’y ai mangé les deux soirs que je suis resté à Tirana.

Tirana marché central

Le Grand Parc

Vu que je ne suis pas allé dans le parc où mène le téléphérique, je suis quand même allé prendre un peu de calme dans le Grand Parc de Tirana, avec un lac artificiel. Une belle balade à deux petits kilomètres de mon auberge. Les habitants viennent s’y promener en famille, entre amis… Une ambiance sympa !

Tirana Lac

Juste à l’entrée du parc se trouve la place Mère Teresa, fierté du pays car elle était albanaise ! L’aéroport international de la capitale porte d’ailleurs son nom aussi.

Place Mère Teresa
Tirana, surtout pour les habitants !

J’ai apprécié les deux jours passés ici. Tirana n’est pas la plus belle ville au monde, c’est sûr. Mais il y a quelques endroits intéressants à visiter et une histoire du pays à apprendre. Et surtout une population attachante à rencontrer. Pour l’instant, les albanais remportent la compétition du peuple le plus accueillant des Balkans ! A l’image de deux jeunes rencontrés à un café au Grand Parc ; de ces papys qui jouaient aux dominos et qui me souriaient ; de ces deux femmes couturières dans leur petit boui-boui qui ont réparé mon pantalon, de cette passagère du bus qui a fait attention à ce que je descende au bon arrêt pour visiter le musée… Merci !

Tirana
Catégories : Albanie

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