« Un jour, les sentiers se vengeront d’avoir été battus. »
Sylvain Tesson
Après la capitale, j’avais besoin d’air frais et pur. Rien de mieux que d’aller en Svanétie, à la découverte des majestueuses montagnes du Caucase et des villages traditionnels qui s’y trouvent !
Le trajet
Mais on n’y accède pas si facilement, même si le pays est plutôt petit. Il y a des marshrutkas (des fourgonnettes pouvant accueillir entre 10 et 20 personnes) qui y vont direct depuis Tbilissi mais c’est 10 heures de trajet en tout, et donc une journée entière de perdue et plutôt éprouvante !
Étant donné que je ne suis pas pressé, j’ai opté pour une autre solution. D’abord, un trajet de 6h en marshrutka pour aller à Zugdidi. Déjà, trouver la bonne marshrutka est une aventure en soi.
Je prends le métro pour aller à la station Didube, d’où partent les marshrutkas vers l’ouest et le nord. Mais c’est aussi un marché et un bazar. Toutes les destinations ne sont pas traduites dans notre alphabet alors difficile de savoir où aller ! Il faut demander à plusieurs passants, et au fur et à mesure des réponses, je finis par trouver la bonne marshrutka !
Elle ne part pas à heure fixe, mais plutôt quand le chauffeur estime qu’il y a assez de monde dans son véhicule pour que ça vaille la peine de faire le trajet. Une heure d’attente plus tard, c’est parti !
La conduite géorgienne est vraiment sport : ça freine au dernier moment, ça slalom, s’il n’y a pas assez de 2 voies, on en créé une troisième… Et faut aussi éviter les vaches, qui se baladent partout sur les routes (y compris sur les 4 voies !).
Bon, honnêtement, rester à Zugdidi n’est pas la meilleure idée que j’ai eue. Il n’y a pas grand chose à voir dans cette ville. J’y suis arrivé vers 16h30 et la fin d’après-midi était amplement suffisante pour faire le tour de la ville.
Elle n’est située qu’à quelques kilomètres de l’Abkhazie, région occupée par les Russes depuis la guerre de 2008.
Le lendemain matin, à nouveau une marshrutka pour aller à Mestia ! 140 kilomètres pour 3h15 de trajet : ça grimpe dans le Caucase !
Mestia, un bol d’air frais
Et c’est là que les choses deviennent plus intéressantes ! Mestia est un gros village, porte d’entrée de la Svanétie, une des provinces du Caucase.
La guesthouse où j’ai logé est la Kaldani, bien située dans le village. Il y a quelques restaurants mais généralement, le meilleur endroit pour manger sont les guesthouses ! La mienne servait un petit-déj gargantuesque (qui me servait aussi pour le midi car y en avait trop) et un délicieux dîner pour pas très cher. Ça vaut vraiment le coup ! A noter aussi le sel de Svanétie, qui sublime tous les repas !
Je me suis baladé dans le village la première après-midi sur place, histoire de prendre mes marques et de repérer ce qu’il y a à faire. Mestia n’est pas très grand mais ça vaut le coup de se promener parmi les ruelles pour admirer les différentes vues sur les montagnes et pour observer les célèbres tours de la Svanétie.
Les premières tours ont vu le jour au 9ème siècle, et servaient comme moyen de défense. A l’époque, il était courant de se foutre sur la gueule entre villages voisins. Puis, au fur et à mesure des siècles, les gens ont trouvé des solutions à leurs conflits, autre que de dérouiller son voisin, et ses tours ont alors servi de lieux de stockages aux récoltes par exemple.
La randonnée à la Croix de Mestia
Tout ça est bien beau, mais si je suis venu par ici, ce n’est pas pour photographier de vieilles pierres ou pour déguster de bons repas. Place à la rando !
Plusieurs choix depuis Mestia : soit aller à un glacier, soit monter le long d’un téléphérique, soit aller aux lacs Koruldi en passant par la Croix. Je ne comptais pas tout faire et après analyse, les lacs me paraissaient la meilleure chose à faire, même si les prévisions météos n’étaient pas optimales.
Dès le début, ça grimpe, ça grimpe… Les locaux ne se sont pas embêtés à faire un sentier serpentant dans la montagne. Ils ont tiré tout droit ! Le sentier est bien incliné et ça chauffe les mollets ! Après 900 mètres de dénivelé positif avalés en 1h30, j’arrive à la Croix de Mestia. La vue y est pas mal du tout sur Mestia tout en bas et sur la chaîne du Caucase en face.
Vers les lacs Koruldi
Mais je n’y reste que 10 minutes. C’est pas le tout, mais j’ai encore du boulot !
Il me reste 500 mètres de D+ pour atteindre les lacs. Cette première randonnée des vacances n’est vraiment pas la plus facile ! La fin me paraît longue, même si on passe par de beaux paysages.
On aperçoit les lacs un peu au dernier moment et c’est un soulagement ! Les nuages se reflètent dedans avec les montagnes enneigées en arrière-plan. Derrière ces sommets, la Russie !
J’ai mis seulement 2h30 à atteindre les lacs, au lieu des 4 heures annoncées. Je me suis dépêché car je savais que les nuages allaient arriver en milieu de journée, ce qui s’est confirmé. Après 30 minutes sur place, le temps se gâte. Ça ne décourage pas un Russe d’aller se baigner dans le lac (l’eau vient des glaciers je précise). Puis un autre, un troisième, un quatrième… Je les observais emmitouflé dans ma doudoune. Ils sont fous ces Russes !
J’entame la descente vers 13h30, en suivant le même chemin qu’à la montée. La pluie arrive 20 minutes après mon retour à la guesthouse. Bien joué !
Ushguli, le village typique de la Svanétie
Un autre village réputé est Ushguli. Il est même inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO !
Pour y aller, soit on prend une marshrutka équipée tout terrain, soit on marche pendant 4 jours dans les montagnes. J’ai opté pour la marche, mais ça, c’est dans un autre article !
Je suis donc arrivé à Ushguli à la force des jambes, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça vaut les efforts consentis ! Dès l’entrée du village, les premières tours se font voir.
Mais la vraie récompense est une fois arrivé près de la Tour de la Reine, avec une vue imprenable sur le village et sur les montagnes au loin, dont le Shkhara, plus haut sommet du pays avec 5 193 mètres.
Je quitte mes 3 compagnons de trek à cet endroit. Eux retournent à Mestia directement, alors que j’ai préféré rester à Ushguli une nuit. Et franchement, si vous avez le temps, je vous conseille d’y dormir aussi. A partir de 16h30, le village se vide de tous les touristes venus à la journée depuis Mestia. On peut alors se promener au calme et profiter de ce fabuleux endroit pour soi-même. Rues de terre et de boue, des animaux un peu partout, des maisons en pierre avec de très nombreuses tours… Le village d’Ushguli a du charme !
Je profite de la fin de journée pour aller au monastère Lamaria, sur une colline près du village. Quand on est arrivé l’après-midi, on voyait beaucoup de monde au loin à cet endroit. J’ai la surprise en y arrivant à 17h30 d’être absolument tout seul. Une sensation incroyable d’avoir le privilège d’admirer un tel paysage en toute quiétude.
Je retourne à ma guesthouse, la Old Tower, prendre le dîner. Je remarque que le père de famille a un t-shirt de rugby de Bayonne. Même si le rugby est populaire en Géorgie, je trouve quand même étonnant de trouver ça dans un village reculé de montagnes. Après discussion, il s’avère que leur fils, Luka Tchelidze, joue en pro en France au rugby ! Il a joué à Toulon, et désormais à Bayonne !
Randonnée au glacier Shkhara
Le lendemain matin, réveil tôt pour faire une nouvelle randonnée, vers le glacier du Shkhara. Ce n’est pas une rando compliquée du tout puisqu’il faut suivre la rivière sur un faux plat. Mais la femme de ma guesthouse m’a prévenu : si je veux rentrer à Mestia ce soir, il faut que je prenne une marshrutka avant 13 heures. En effet, en temps normal il y a des transports jusqu’à 16 ou 17 heures mais en ce dimanche, c’est fête du village. Du coup, les hommes vont beaucoup boire et être bourrés tôt (l’homme de ma guesthouse buvait même une bière avec son petit-déj à 8h30 le matin, ça rigole pas en Géorgie..!). Donc si je veux rentrer avec un chauffeur pas bourré, il faut prendre le bus avant l’après-midi ! Je compte bien rentrer en vie alors j’écoute le conseil.
Je repasse par le monastère Lamaria pour débuter la randonnée, avec une belle vue sur le village (j’étais tellement obnubilé par les montagnes la veille que je n’y avais pas prêté attention !
Cette fois-ci, je descends de l’autre côté de la colline pour m’engager dans la vallée. Il fait beau, il est tôt, tout est très calme. Un plaisir de marcher dans ce beau décor !
Mais je marche avec un œil sur l’heure pour pas revenir trop tard au village.
Retour au point de départ
Je prends finalement une marshrutka aux alentours des 13 heures, comme préconisé par la femme de ma guesthouse. Le chauffeur est sobre, je suis rassuré ! Surtout que les dix premiers kilomètres sont sur une route en terre bien défoncée, avec la rivière en contrebas !
1h30 de trajet plus tard, je suis de retour à Mestia. Il reste une chambre à la guesthouse où j’étais, tant mieux car j’ai pas envie d’en chercher une autre. Je suis fatigué après ces journées de marche et la seule chose que je veux, c’est une bonne douche et un bon repas !
La Svanétie est vraiment une région incroyablement belle, avec des traditions encore bien vivantes. J’ai adoré visiter Mestia et Ushguli, et surtout relier ces deux villages par un magnifique trek de 4 jours dans les montagnes du Caucase !
3 commentaires
Le magnifique Trek de Mestia à Ushguli en 4 jours - Y a qu'à rêver · 31 juillet 2022 à 11h57
[…] avoir visité Mestia et fait une première randonnée pour bien chauffer les muscles, c’est parti pour 4 jours de marche à travers les montagnes, […]
Kutaïssi, la ville pour se relaxer en Géorgie - Y a qu'à rêver · 1 août 2022 à 20h56
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Kazbegi, le paradis de la randonnée en Géorgie - Y a qu'à rêver · 5 août 2022 à 21h12
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