« Le type qui a envie de faire sauter le monde est la contrepartie de l’imbécile qui s’imagine qu’il peut sauver le monde. Le monde n’a besoin ni d’un destructeur ni d’un sauveur. Le monde est, nous sommes. »
Henry Miller
Géorgie, me voilà ! Après deux tentatives infructueuses les étés passés pour y venir (covid, frontières fermées…), j’arrive enfin à fouler le sol géorgien !
Commençons par le commencement : la capitale, Tbilissi !
L’arrivée à Tbilissi !
Avion le 8 juillet depuis Paris Charles De Gaulle, jour de mes 31 ans. Premier cadeau d’anniversaire ce jour-là : une amende de 70 euros car j’ai pris le bus pour aller à l’aéroport sans ticket. Je n’avais pas de monnaie, et je me suis dis que les contrôleurs n’allaient quand même pas embêter les honnêtes travailleurs qui prennent le bus à 8h le matin pour aller bosser. Manque de pot, si !
Ils me disent que je le prends plutôt bien, d’habitude les discussions sont plus tendues. Mais je suis de bonne humeur, ce ne sont pas leurs 70 euros d’amende qui vont changer quelque chose à mes vacances !
A 11h, embarquement pour le vol avec la compagnie Georgian Airways. Moins chère qu’Air France, mais moins de service à bord aussi (aucun en fait, ils donnent juste un verre d’eau, pétillante tout de même, durant les 4h30 de vol, et aucun achat de nourriture possible).
On survole la mer Noire. Je peux vous dire une chose : c’est une arnaque, comme la mer Rouge. Les deux sont bleues.
J’arrive à l’aéroport de Tbilissi en début de soirée. Le passage de l’immigration est une formalité et très rapide. Un coup de tampon et hop !
Premières impressions
Je prends un taxi pour aller de l’aéroport au centre-ville. Mon chauffeur est un vieux qui parle pas anglais, et qui met de la musique pop russe à fond. J’adore. A travers la vitre : des centres commerciaux modernes, suivis d’une barre d’immeubles de l’époque soviétique, un mcdo, un boui-boui sur le trottoir qui vend à manger pour 3 fois rien… Les contrastes !
L’entrée de la guesthouse que j’ai réservée pour la première nuit est pour le moins peu engageante :
Mais c’est bien la bonne adresse. La guesthouse se trouve à l’étage et s’avère très bien au final ! Encore une fois, un contraste entre la cage d’escalier laissant penser à un vieux squat et ma petite chambre propre, pour 10 euros la nuit !
Je suis parti et revenu plusieurs fois à Tbilissi. J’ai ainsi testé plusieurs guesthouse, avec mention spéciale à l’hostel Violet, tenu par une famille d’iraniens. La chambre privée la moins chère de la ville je pense, et des gens très sympas toujours prêts à aider ! En prime, un restaurant pas loin, là aussi vraiment pas cher, et délicieux : le Mapshalia. A tester absolument !
Autre restaurant que j’ai bien aimé : le Racha. Pas cher non plus, avec un service à la géorgienne (on a vraiment l’impression de les emmerder au début, mais en fait ils sont contents qu’on soit là dans le fond !).
Ma première impression concernant la nourriture est très très positive : les khinkalis (sorte de raviolis avec viande à l’intérieur, ou fromage, ou champignons…) sont un délice. Tout comme les aubergines avec une sauce aux noix, ou les lobios (haricots rouges en sauce), les khachapuris… Bref, on ne meurt pas de faim en Géorgie !
Le centre-ville moderne
Je ne vais peut-être pas vous parler que de dodo et de bouffe. Il y a de belles choses à voir dans cette capitale quand même !
Avant d’apprécier l’architecture, les sites historiques etc…ma première remarque concerne un sujet totalement inutile : 1/3 des voitures ont le volant à droite, et 2/3 à gauche. Mais on roule à droite. C’est le genre de détail qui me fait bien aimer un pays.
Suite à ce constat des plus importants, je commence à me promener dans le centre-ville. L’avenue Rustaveli est l’artère principale, bordée par des centres commerciaux, des bâtiments officiels (Parlement, théâtre national…). Évidemment, très animée !
Cette avenue débouche sur Freedom Square, là où il y a eu d’importantes manifestations les semaines précédentes pour réclamer l’adhésion à l’Union Européenne (demande sans suite pour l’instant). De nombreux slogans et graffitis ont fait leurs apparitions sur les murs, dont beaucoup hostiles à la Russie. Également, on aperçoit de nombreux drapeaux ukrainiens aux fenêtres et sur les voitures.
Ici, le centre-ville fait penser à une capitale européenne branchée, moderne… De grosses Mercedes et des BMW passent à toute vitesse, les jeunes habillés à la mode marchent vite sur les trottoirs pour disparaitre dans le métro ensuite…
Autre touche de modernité : le célèbre Pont de la Paix, construit en 2010 et enjambant la rivière Mtkvari (prononcez ça comme vous voulez).
Le vieux Tbilissi
Pas loin de l’avenue principale se trouve le vieux centre historique, où une atmosphère bien différente règne. Pour le visiter, ranger vos cartes et vos téléphones : perdez-vous dans le dédale de petites ruelles ! Il y a de belles petites maisons, mais aussi beaucoup de bâtiments tenant debout par miracle. Les ruelles sont calmes, c’est un plaisir de déambuler par ici. J’arrive par hasard à la tour de l’Horloge, une création récente d’un artiste qui fait office d’attrait touristique désormais.
Je croise quelques habitants tout de même, à qui je dis gamarjoba (bonjour). Mes compétences en géorgien s’arrêtent là pour l’instant, mais j’essaye le plus possible de parler russe avec les gens pour mettre en pratique ce que j’ai appris ces derniers mois (tous les géorgiens parlent le russe, et très très peu parlent anglais).
Cathédrales et églises, l’opium du peuple
Ils parlent russe du fait de la proximité avec la Russie, et aussi du fait de l’Histoire car la Géorgie faisait partie de l’URSS. Une chose que le communisme n’a pas éliminé : la religion ! Les Géorgiens sont très très croyants. L’opium du peuple ne se vainc pas comme ça, malgré la puissance de l’Union et son idéologie communiste.
On retrouve donc des églises et cathédrales orthodoxes un peu partout. Les Géorgiens se signent trois fois dès qu’ils passent à proximité. Du coup, j’ai l’impression qu’ils font que ça dans leurs vies (ils vont chopper une tendinite à force).
La Basilique Anchiskhati est la plus vieille de la ville, datant du 6ème siècle et toujours utilisée. D’ailleurs, quand je l’ai visitée, deux femmes chantaient à l’intérieur. La mélodie était magnifique, avec la résonance en plus dans ce lieu saint. Idem à la Cathédrale Sioni, que j’ai eu la chance de visiter durant une messe. Je ne suis pas du tout croyant mais ça rend ce genre de visite plus intéressante.
Mais pas possible de prendre des photos à l’intérieur de ces édifices, ni d’y rentrer en short par exemple. Contrairement à la Cathédrale Arménienne Saint-Georges où on rentre comme on est et photos permises. Pas sûr qu’elle soit encore très utilisée celle-là !
Vous reprendrez bien une petite dernière cathédrale ? Direction Métékhi, avec la statue d’un ancien Roi à côté.
L’intérêt de cette dernière cathédrale est aussi la vue qu’on a depuis la petite colline où elle se trouve. On fait face au vieux centre-ville, avec la forteresse Narikala et la statue Mother Of Georgia en arrière-plan en haut des collines.
Prendre de la hauteur
En effet, Tbilissi est implantée au milieu de plusieurs collines. Il est donc facile de prendre un peu de hauteur pour avoir de jolis points de vue sur la ville. Le mieux étant d’aller à cette forteresse en fin de journée et de se balader jusqu’à la statue (seulement 15 minutes).
Cette forteresse a été construite par les Perses au 4ème siècle, puis occupée par l’Empire Ottoman, les Arabes, les Russes… La Géorgie, au croisement des Empires !
Je reste 2 heures là-haut à profiter de la vue (et d’une relative fraîcheur en fin de journée). Je m’amuse à escalader un peu partout les anciens murs pour trouver le meilleur point de vue. On remarque qu’il y a beaucoup d’arbres dans la capitale, ce pourquoi on s’y sent bien peut-être ! Les locaux, habitués depuis toujours aux étés caniculaires, ont bien compris l’intérêt de la végétation en ville. Ils n’ont pas attendu des modélisations scientifiques pour se dire qu’il ne faut pas tout raser (comme nous..!).
En redescendant de ce perchoir, j’aperçois une mosquée. C’est le quartier Abanotubani, où sont localisés les fameux bains sulfuriques, une vieille tradition géorgienne ! La façade de l’un de ses lieux me rappelle très fortement l’Iran avec les faïences en céramiques bleues.
Marjanishvili : encore un contraste
Il y a peu de musulmans en Géorgie (moins de 10 %). Par contre, beaucoup de touristes venant des Émirats, d’Arabie Saoudite etc… On les repère facilement, puisque les femmes portent la burqa noire. J’en ai vu plusieurs dans le quartier branchée de la ville, Marjanishvili. C’est quand même bizarre de voir ces femmes voilées intégralement assises à un bar branché avec de la musique pop occidentale. Faut s’attendre à tout, et pourquoi pas un jour le Pape dans un club de strip-tease.
C’est dans ce quartier que se trouve un autre endroit réputé : la Fabrika. C’est une ancienne usine je crois qui a été réhabilitée pour en faire un lieu avec food court, hostel, espace de coworking… On m’en avait dit du bien alors je suis allé voir par moi-même, cet endroit « progressiste » comme les gens cool aiment bien dire. Moi, ça représente mon cauchemar absolu ! Tout le monde avec les yeux rivés sur son ordi ou son smartphone, des hipsters avec leurs barbes bien soignées qui se déplacent en skate, des burgers à manger… Si c’est ça le progrès, on n’est pas sorti de la mer** !
Alors oui, le bâtiment de l’extérieur est très joli mais je n’ai pas réussi à y rester plus de 2 minutes. Je m’enfuie et préfère retourner manger dans les petits restos tenus par des babouchkas qui ne savent peut-être pas ce que veut dire LGBTQ+, mais qui sont bien plus vraies et marrantes !
Mtatsminda : autre quartier, autre ambiance
Ce quartier se situe sur les hauteurs de la ville, juste avant l’accès à une des collines. Ce n’est pas du tout le plus réputé ni le plus visité. D’ailleurs, je m’y suis baladé par hasard, car je recherchais un restaurant conseillé par le gérant de mon auberge. J’ai vraiment apprécié l’ambiance tranquille de ce quartier avec ses ruelles en pentes, ses vieilles voitures, les balcons prêts à tomber au moindre coup de vent, les vendeurs de fruits et légumes mettant tous leurs produits à même le trottoir…
Une petite dernière pour la route
Je ne pouvais pas clôturer la partie visite de la capitale sans montrer…une dernière cathédrale évidemment ! Mais pas n’importe laquelle : la cathédrale de la Sainte-Trinité est la plus grande du pays. Posée au sommet d’une colline, elle en impose ! Je l’ai visitée en fin d’après-midi et l’endroit était étonnamment désert, alors que j’avais lu qu’elle était très fréquentée.
Mon avis sur Tbilissi
J’ai visité Tbilissi sur 3 jours en tout, mais pas d’affilés. Je suis repassé plusieurs fois par la capitale au cours de mon voyage en Géorgie car c’est un nœud important évidemment pour les transports en commun.
Mon avis est très positif sur Tbilissi ! J’ai beaucoup aimé me balader dans les différents quartiers, avec des ambiances différentes. La ville a un patrimoine historique et architecturale important, qu’elle a su garder malgré de nombreux projets de modernisation ces dernières années.
De plus, beaucoup de petits restaurants délicieux, comme partout en Géorgie de toute façon !
Aussi, il est très facile de se déplacer grâce au métro. Même les gens sans aucun sens de l’orientation s’y retrouveront : il n’y a que deux lignes !
J’ai également fait des rencontres intéressantes. Quelques géorgiens à qui j’ai parlé rapidement, mais surtout une ukrainienne et une biélorusse exilées qui étaient dans la même auberge que moi. C’était super intéressant de pouvoir parler avec elles, de leurs visions des choses, de leurs espoirs…
Mais je ne me suis pas éternisé non plus dans la grande ville du pays, les montagnes du Caucase m’appellent !
5 commentaires
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