«  Voyage organisé : oxymore. »

Sylvain Tesson

Après les randonnées dans les montagnes de la Svanétie, direction Kutaïssi, troisième ville du pays. Une étape intéressante entre Mestia et Tbilissi, à la découverte de l’ambiance bohème du centre et des alentours plutôt jolis !

J’y arrive en milieu de journée, après un trajet de 6h en marshrutka depuis Mestia. Il y a plusieurs options pas chères pour se loger dans cette ville. Je tente en premier l’hostel Forrest, et comme toujours, il reste de la place.

Le monde est trop petit pour les routards

J’y rencontre Lyah, une hollandaise, et Jeronimo, un argentin de Mendoza. Ce dernier fait un voyage de plusieurs mois dans la région, et était auparavant en Iran. Évidemment, je lui parle de ce pays, où j’avais passé 30 jours magiques il y a quelques années. On parle du Kurdistan, et en échangeant, on finit par découvrir qu’on a dormi tous les deux dans la maison de Ramin, dans le petit village de Kani Dinar, où personne ne va normalement ! Je suis toujours en contact régulier avec Ramin sur whatsapp, et on s’empresse donc de l’appeler par visio. Il n’en revient pas de nous voir ensemble, en Géorgie ! Le hasard est dingue. Le monde est trop petit pour les routards !

Le centre-ville de Kutaïssi

Après ce drôle de moment, on part visiter la ville ensemble. C’est plutôt agréable de s’y balader. De petites rues animées, des voitures chargées d’énormes pastèques, des maisons en équilibre au bord de la rivière… Rien d’incroyable mais je comprends pourquoi beaucoup de voyageurs se sentent bien dans cette ville.

Koutaïssi
Koutaïssi rivière

Kutaïssi est également réputée pour son marché, le plus grand couvert du pays. Habitué aux marchés sud-américains, immenses et très fréquentés, je suis déçu de celui-ci ! Tout comme Jeronimo évidemment. Je le trouve très petit au final, en 20 minutes on a fait le tour ! Mais il y a tout de même de belles couleurs avec tous les fruits et légumes, les épices etc… Une petite balade agréable.

Koutaïssi marché

Ensuite, on continue notre tour en montant à la cathédrale Bagrati, qui domine la ville depuis sa colline. Joli édifice et belle vue sur Kutaïssi.

Koutaïssi cathédrale Bagrati
Koutaïssi cathédrale Bagrati

C’est pas le tout, mais après cette petite marche, il faut penser à se désaltérer (il fait chaud !). Direction un bar au bord de la rivière pour boire une bonne bière géorgienne (et même deux ou trois, je ne sais plus). Une amie de Lyah nous rejoint. On va manger tous les 4 par la suite. Moment cool entre voyageurs, comme j’aime bien. Chacun a son histoire, ses anecdotes, sa vision…

Changement de guesthouse !

Le lendemain matin, on nous annonce que la guesthouse est complète le soir. Donc les deux seuls qui n’ont pas de réservation doivent partir. Évidemment, le français et l’argentin de l’auberge sont concernés ! Tant pis, on trouve une autre guesthouse à 50 mètres, encore moins chère. Elle est tenue par un couple d’anciens, Medico & Suliko. On pose nos sacs mais on ne veut pas s’attarder car on a prévu quelques visites avec Jeronimo.

C’est sans compter sur le grand-père, Suliko, qui nous voyant, nous invite discrètement dans sa pièce en sous-sol (pour être peinard, sans les touristes) et nous offre un verre de chacha. Ah oui, la chacha est l’alcool fort national, qu’on trouve partout en Géorgie. C’est du fait maison, et ça oscille entre 40° et 60 pour les plus forts ! On ne peut pas refuser évidemment, on le boit… On regarde l’heure : 10h. Merde, la journée commence bien !

Le Sanatorium de Tskaltubo

Ce verre nous donne un coup de boost et on file à un arrêt de bus dans Kutaïssi. 30 minutes de trajet plus tard, on arrive à Tskaltubo. Cette petite ville est célèbre dans le pays pour ses sources d’eaux minérales chaudes, qui ont permis la création d’un centre de santé à l’époque. Ce centre était très visité durant l’URSS, avec plus de 100 000 visiteurs par an, y compris par les dirigeants et même Staline en personne !

Comme pour beaucoup de choses, la chute de l’Union Soviétique a entraîné la fermeture de ce lieu et sa ruine. Le sanatorium est aujourd’hui à l’abandon, entouré par des tôles et des barbelés. Mais on peut y accéder tout de même. On déambule dans ce grand bâtiment désert, qui doit être squatté parfois au vu des tags et du nombre de bouteilles au sol. Aussi, la végétation reprend ses droits.

La grotte de Prométhée

On ne s’arrête pas à cette visite, et le prochain objectif est une grotte. Pour y aller, on tente le stop. Pas besoin d’attendre 1 heure. Après quelques minutes, un jeune en mercedes s’arrête et nous emmène jusqu’à l’entrée de la grotte à 8km (il travaille dans l’hôtel juste à côté de l’entrée, donc parfait !).

Tskaltubo Lada

La visite de la grotte est censée se faire en groupe, en suivant une guide. Mais après 30 secondes, ça nous gonfle déjà de la suivre. Son micro n’est pas génial donc on comprend rien à ce qu’elle dit en plus. Bref, aucun intérêt à suivre donc on se laisse volontairement et discrètement distancés dans la grotte.

Celle-ci fait 1,4 km de long et est plutôt impressionnante, avec de nombreuses grandes salles avec stalactites et stalagmites. On la parcourt durant 1h30, et on finit par trouver la sortie !

A la sortie, on fait à nouveau du stop. Encore une fois, après 2 minutes, une femme s’arrête et nous ramène directement jusqu’au centre-ville de Kutaïssi. Trop facile !

La soirée arrosée

Retour à la guesthouse en fin d’après-midi. On repasse devant la fenêtre de la pièce où est Suliko. A nouveau, il nous invite à rentrer. On est poli, on ne refuse pas. Il ne parle pas anglais, mais avec mon russe et google translate, on s’en sort pour se comprendre. Il est 16h30, il sort une bouteille de rouge de 2 litres et une bouteille de chacha. Et des verres ? Non, c’est ringard. Il sort des cornes de bouc qui appartenaient déjà à ses grand-parents !

On parle, on parle… Un russe nous rejoint. Là, les choses se gâtent. Les verres s’enchaînent. Et le russe boit cul-sec, vin rouge ou pas. C’est la tradition.

Quel souvenir d’être à 4 dans cette petite pièce en sous-sol à boire l’alcool fait maison ! C’est ça la diplomatie : un français, un argentin, un géorgien et un russe qui ne se connaissent pas mais qui trinquent ensemble comme de vieux amis. Si tout le monde était comme nous, y aurait pas de guerre et l’ONU ne servirait à rien.

Kutaïssi - guesthouse Sudiko & Mediko

Medico nous appelle ensuite pour le dîner. On comprend bien que Suliko va se faire engueuler alors on essaie de paraître sobre. Mais on n’est pas des bons acteurs. Tant pis, foutu pour foutu, Suliko ramène à table une nouvelle bouteille de vin de 2 litres et une autre de chacha.

Le repas préparé par Medico est vraiment délicieux et copieux. On passe une soirée superbe, à parler, rigoler, trinquer, porter des toast, faire des jeux…

Medico et Suliko sont vraiment les gens les plus adorables que j’ai rencontré en Géorgie je crois !

Kutaïssi - guesthouse Sudiko & Mediko

Le lendemain matin, malgré un petit mal de crâne, il est temps de quitter Kutaïssi. Jeronimo s’en va aussi, à Mestia. On remercie nos deux hôtes, et on leur promet de revenir chez eux si on revient en Géorgie !

Kutaïssi a vraiment été une étape que j’ai appréciée. La ville n’est pas la plus belle au monde, c’est sûr, mais il y a quand même de quoi s’occuper à la parcourir et autour aussi. Surtout, j’ai rencontré des gens géniaux, et c’est ça le plus important !

Catégories : Géorgie

2 commentaires

Sighnaghi, le village du vin en Géorgie - Y a qu'à rêver · 3 août 2022 à 18h36

[…] avoir exploré la partie Ouest de la Géorgie, direction Sighnaghi pour un peu de repos. Depuis Koutaïssi, j’enchaîne une marshrutka pendant 3 heures, métro à Tbilissi, puis un autre bus pendant […]

Borjomi : une étape agréable sur la route de l'Arménie - Y a qu'à rêver · 28 août 2023 à 15h36

[…] route est en bon état jusqu’à Kutaïssi et certains tronçons sont tout nouveaux. Les chinois ont fait du bon boulot depuis l’été […]

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.