Après avoir rejoint la côte au niveau de Vlorë en Albanie, je continue ma descente vers le sud du pays en longeant la Riviera Albanaise, réputée dans tous les Balkans pour ses plages paradisiaques avec une eau turquoise. En tout cas, c’était l’idée ; mais ça ne se passe pas toujours comme prévu en voyage !
Le départ
Le mercredi 19 au matin, je suis motivé et à 9h30 je décolle (oui, la Loca sait voler aussi) avec comme destination finale Sarandë, tout au sud du pays. La route monte rapidement sur les hauteurs, avec un beau point de vue sur la baie de Vlorë. Le temps est ensoleillé, la température clémente…parfait.
Ensuite, une grande muraille au loin : il s’agit du parc national du Llogara.
Après cette grande ligne droite (assez rare dans ce pays pour que j’ai eu envie de l’immortaliser avec la photo ci-dessus !), la montée commence vers le col du Llogara. Plus je monte, plus les gros nuages apparaissent.
Je m’arrête pour faire une petite marche vers le Caesar’s Pass. Les troupes de César auraient été bloquées à ce col à cause de la neige en poursuivant un ennemi. Légende ou vérité ?
Stop !
Je retourne à la moto ensuite. Je bascule de l’autre côté du col et c’est là que je vois que ça pue pour moi : des énormes nuages gris de ce côté. Il pleut 30 secondes après, je conduis dans les nuages, et il fait froid ! La descente est réputée magnifique avec des points de vue sur la mer et les montagnes. Je n’y vois pas à 50 mètres !
J’ai beau continuer la descente, il pleut aussi au niveau de la mer. Je fais un petit stop à Dhërmi, village avec l’une des plus belles plages du pays apparemment. Avec les nuages et tous les restaurants fermés hors saison, c’est assez triste.
Je ne fais aucun autre arrêt, et rendu au village de Himarë, je jette l’éponge pour aujourd’hui. Je m’arrête à 11h30 à l’hostel Relax. Pas envie de faire l’une des plus belles routes du pays sous l’orage et la pluie. Je ne prends aucun plaisir, et je vais encore chopper la crève !
Comme César, je m’avoue vaincu par les conditions climatiques !
Himarë
Au final je ne regrette pas. J’ai bien aimé Himarë ! L’auberge avait une terrasse avec vue incroyable sur la mer donc parfait pour chiller !
De plus, c’est un assez gros village pour que les restaurants et commerces soient ouverts, même hors saison. Himarë n’est pas une station balnéaire bling bling, ça reste une ambiance cool.
Je me suis bien entendu avec le gérant de l’hostel. Discussions, partie d’échecs…de quoi passer le temps lors des averses !
Je rencontre Fabrice, un français ayant beaucoup voyagé en Asie Centrale. On s’entend bien et, le temps s’étant dégagé, on part faire une petite randonnée en fin d’après-midi.
On longe la côte pour atteindre la grande plage de Livadhit.
Petite bière ensuite, et bon restaurant grec. Le village d’Himarë abrite une forte communauté grecque, si bien que certains panneaux sont écrits dans cette langue.
Second départ
Le lendemain matin, il fait beau. Je décide de retourner sur mes pas pour monter à nouveau au col du Llogara.
En chemin, je fais un arrêt au canyon de Gjipe. Il y a une belle plage à 1h de marche au bout du canyon, mais je n’y suis pas allé.
Les paysages sont différents de la veille, et beaucoup plus beaux évidemment sous le soleil.
Mais comme très souvent, le col du Llogara attire les nuages qui restent bloqués dessus. Après les premiers lacets, je m’arrête juste avant l’épaisse couche nuageuse. Pas la peine d’aller plus haut !
Retour vers Himarë ensuite, à 30 km.
C’est à ce moment que je constate une odeur d’œufs pourris qui se dégage de la moto. Bizarre. Je continue.
Les petites criques s’enchaînent ensuite, toutes plus belles les unes que les autres.
La route serpente entre la mer et la montagne, monte et descend sans arrêt. Un plaisir de conduire le long de la Riviera Albanaise !
La panne !
Le prochain arrêt que je fais est à Porto Palermo, un château posé sur une presqu’île avec une eau turquoise autour. Un petit éden où quelques vans ont passé la nuit.
Après avoir fait la photo ci-dessus, je souhaite repartir. Impossible, la Loca ne démarre pas. Rien ne se passe. Problème de batterie, qui explique l’odeur d’œufs pourris (la batterie contient de l’acide sulfurique). Deux albanais, des pêcheurs, s’arrêtent et m’aident. En branchant les câbles de sa voiture sur ma moto, aucun démarrage possible non plus. Ce n’est donc pas juste la batterie. On a beau cherché, on ne trouve pas de solution.
J’appelle mon assurance et pousse la Loca au parking du restaurant de Porto Palermo à 100 mètres. J’y attends la dépanneuse en mangeant un risotto face à la mer. Il y a pire comme endroit pour tomber en panne.
Retour à Vlorë
Un peu moins d’une heure après l’appel, un père garagiste et son fils arrivent avec leur dépanneuse. On y monte la Loca.
On va à leur garage à Himarë. Ils me préviennent que si c’est plus qu’un simple problème de batterie, ils ne pourront rien faire. Ils font des tests, vérifient les tensions etc… La cause n’est pas la batterie. Second appel à l’assurance : pas le bon endroit pour réparer !
Direction Vlorë avec la dépanneuse. J’aurais préféré que ce soit le fils qui m’y emmène car il parle anglais, mais il me confie qu’il n’a pas le permis (alors que c’est lui qui a conduit de Porto Palermo à Himarë !).
J’accompagne donc le père dans la dépanneuse. On emprunte une autre route que le col du Llogara pour retourner à Vlorë, car son petit camion ne pourrait pas y monter ! Au niveau du village de Qeparo, on bifurque vers les terres pour contourner les montagnes.
De l’extérieur, la dépanneuse paraît bien mais dans l’habitacle on remarque vite qu’elle n’est pas toute jeune : des fils électriques qui dépassent de partout, les aiguilles du compte-tours et de la vitesse passent de 0 au maximum en 1/2 seconde et vice-versa… Le mec conduit et fait 1 000 choses en même temps : il roule sa clope, répond à un appel et prend des notes sur un bout de papier. Et entre tout ça, il regarde un peu la route.
Deux heures ensuite, on atteint Vlorë.
Le garage caché de Vlorë
On dépose la moto à un petit garage à l’entrée de la ville, dans une ruelle. Devant, des carcasses de scooters, motos et jet-ski. J’espère que la Loca ne finira pas comme ça ! Le garage n’a aucun nom et n’apparaît même pas sur google.
Il appartient à trois frères. L’un d’eux, Besmir, parle un peu anglais car il a été coureur cycliste professionnel (il a fait des courses en France, aux USA, en Russie…).
Ils démontent rapidement la moto, font des tests etc…
Verdict : le régulateur de tension a lâché. La batterie a délivré trop de puissance, ce qui l’a fait chauffer très fort et dégager l’acide. Des composants électriques ont cramé à cause de cet excès de tension : les ampoules du phare avant et arrière, des lumières du tableau de bord… Mais plus grave : le boitier CDI a été endommagé aussi et c’est la raison pour laquelle la moto ne démarre plus (le boitier CDI est un peu le cerveau de la moto, là où toutes les connexions se font).
J’avais prévu un second régulateur de tension heureusement. Mais Honda ne produit plus de boitier CDI pour Transalp depuis plus de 10 ans. Les nouvelles motos ont un autre système d’allumage. Donc très difficile de trouver cette pièce, encore plus en Albanie. Les trois frères appellent des garages à Tirana, à Durrës etc… Sans succès.
Déprime
Voilà pour cette journée noire… Je retourne à l’auberge de Vlorë vers 19h30 où j’avais déjà dormi précédemment. Je suis crevé après cette journée, et surtout inquiet de la suite. Comment faire si on ne trouve pas de CDI ? En acheter un sur leboncoin et me le faire livrer en Albanie ? Ça peut marcher mais ça va prendre 10 jours… Je passe une sale nuit, me réveillant plusieurs fois pour réfléchir aux solutions.
Je rencontre Francisco à l’auberge, un argentin parlant un français impeccable car il fait des saisons à Morzine. On sympathise et on passe le temps à parler, à partager le maté…
Bonne nouvelle !
Le lendemain, à midi, Besmir m’envoie une vidéo sur whatsapp. Ils tentent de réparer les composants électroniques du boitier CDI. Une opération très minutieuse !
Deux heures après, vidéo de ma moto qui démarre. Je me rends de suite au garage en bus (le garage et mon auberge sont distants de 5 kilomètres).
Ils ont vérifié les tensions. Tout a l’air de fonctionner correctement. Ils préfèrent attendre le lendemain pour que je reparte avec la moto afin que le silicone du boitier CDI sèche.
Le lendemain, nouveaux tests concluants le matin. C’est dingue les réparations qu’ils viennent de faire. En France, aucun garagiste n’aurait fait ça. J’aurais simplement dû acheter un boitier CDI d’occasion (qui se vendent chers sur leboncoin car rares !). Je suis bluffé par le niveau de débrouillardise qu’ils ont !
Steel Wings
Ils conduisent tous en Harley et sont membres du club de motards Steel Wings. Les groupes de bikers, c’est pas mon truc du tout, mais je leur demande de poser un de leur sticker Steel Wings sur la Loca. Je suis membre d’un groupe de bikers désormais !
La Riviera Albanaise ne voulait pas de moi
Je ne repars pas de Vlorë le jour même où j’ai récupéré ma moto. J’ai préféré faire un tour d’une heure autour de la ville pour m’assurer que tout fonctionne bien. Et profiter d’un dernier coucher de soleil sur la mer.
Mais le lendemain, dimanche 23 avril, après 3 nuits ici, il est temps de reprendre la route du voyage !
La Riviera Albanaise ne voulait pas de moi : la pluie et l’orage la premier jour, la panne le lendemain… Bref, il y a des signes comme ça parfois. Il ne faut pas insister ! Ce que j’ai vu de la Riviera Albanaise est en tout cas vraiment beau ! Plages paradisiaques, eau turquoise… Par contre, ça se construit très vite et j’ai peur que ça devienne comme la côte du Monténégro d’ici quelques années !
En tout cas, merci à ces trois garagistes. Ils m’ont en plus bien accueilli à chaque fois : verre de vin, shooter de raki… Fallait bien fêter la fin du ramadan !
6 commentaires
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