« Le Caucase est l’histoire des Dieux et des Hommes. »

Alexandre Dumas

Mes trois semaines de voyage en Géorgie ont touché à leur fin et il est temps d’en faire un petit bilan. Cela faisait un moment que ce pays du Caucase m’attirait, mais la pandémie de covid-19 avait contrarié mes plans les deux dernières années. Je ne regrette pas d’avoir été patient pour enfin le découvrir : la Géorgie vaut le détour !

« La Géorgie ? Connais pas. »

On me demande souvent « pourquoi es tu allé en Géorgie ? », et « mais c’est où ce pays au fait ? »

Oui, ce n’est pas la destination à la mode, c’est sûr. Déjà, on va poser les bases : la Géorgie est un petit pays, coincé entre des géants, à savoir la Russie et la Turquie.

D’ailleurs, j’ai hésité longtemps avant de déterminer dans quelle rubrique je classais ce pays dans mon blog. Parmi les pays d’Europe ? Moyen-Orient ? Politiquement, le pays est membre du conseil de l’Europe. Mais géographiquement, il a quand même le c** entre deux chaises comme on dit. Et dans ce cas là, le mieux est de s’assoir par terre. Donc pour moi, vu que la Géorgie est à cheval sur l’Asie et l’Europe, j’ai décidé de le classer parmi les pays du Moyen-Orient. Et ce qui était plutôt logique au vu de la proximité avec l’Iran par exemple.

Si on classe géographiquement la Géorgie en Europe, ça veut dire que la Turquie, la Russie, l’Azerbaïdjan etc…sont l’Europe aussi. On en finit plus et ça en devient même ridicule d’un point de vue géographique !

Bref ! J’avais vu quelques photos de ce pays, et après avoir regardé une carte, je me suis dis que ça pouvait être LA destination idéale pour un petit périple : les montagnes du Caucase, plus hautes que les Alpes, la mer Noire, des vallées, des vignobles etc… Il a l’air d’avoir un peu tout dans ce pays ! Il n’en fallait pas plus pour me convaincre, et hop c’est parti !

Ushguli et Mont Shkhara
Et pas cher en plus !

Rajouté à ça une destination qui se prête bien au voyage routard puisque le coût de la vie reste relativement faible (voir budget par pays). Même si avec l’euro qui chute et qui est même passé à égalité avec le dollar pour la première fois depuis sa création, ce n’était pas la meilleure période pour voyager à l’étranger !

Pour avoir un ordre d’idée : on peut dormir en chambre privée pour 15 euros, en dortoir pour 7 euros, on mange bien pour 5 euros, les transports sont bon marchés… Bref, la Géorgie fait partie de ses pays en développement où le niveau de vie et le confort sont bons et les prix encore bas. Un très bon rapport qualité / prix !

Mon parcours en Géorgie pour un voyage de 3 semaines
Les géorgiens, des bons vivants !

Les géorgiens aiment la bonne bouffe, le bon vin… Ils savent profiter de la vie ! J’ai vraiment adoré la nourriture. Les légumes sont délicieux : les tomates sont bien juteuses et sucrées, les aubergines délicieuses, tout comme les concombres… Bref, je crois que j’ai rarement autant aimé manger des légumes ! Aussi, j’adore leur sauce aux noix qu’ils mettent sur les aubergines, un vrai délice.

Autre point positif : le pain, ils maîtrisent ! C’est souvent ce qu’il me manque en voyage à l’étranger pour la bouffe : le pain et le fromage. Mais lors d’un voyage en Géorgie, pas de risque d’être en manque de ces deux éléments ! Et que dire des khinkalis, sorte de raviolis… J’en ai mangé une cinquantaine je pense !

Et en prime, le vin est un art en Géorgie, et une vraie tradition. Il faut dire qu’ils en produisent depuis des millénaires, donc ils ont eu le temps de se perfectionner ! Il n’y a qu’à aller en Kakhétie, à Sighnaghi par exemple, pour s’en rendre compte.

Mestia - nourriture géorgienne
Traditions et modernité

On retrouve encore beaucoup de villages traditionnels dans le Caucase, notamment durant le magnifique trek de Mestia à Ushguli. Les vieilles tours en pierre, les récoltes se font à la main, sans aide mécanique… Et que ce soit dans les petits villages ou les villes comme Kutaïssi, la religion est très importante. Il y a des églises, cathédrales et monastères partout dans le pays et les géorgiens n’oublient pas de se signer quand ils passent à proximité.

En parallèle, le pays continue de se moderniser, en témoigne certains quartiers de Tbilissi par exemple. On y voit de grands centres commerciaux avec des jeunes qui s’y pressent, des bars branchés, des voitures luxueuses etc…

Tbilissi Pont de la Paix

Également, quand on parcourt le pays, on voit régulièrement de gros chantiers d’infrastructures (tunnels, ponts…). Le pays a adhéré au méga-projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie. Sa position géographique fait de la Géorgie un pays potentiellement très important pour le commerce entre l’Europe et l’Asie. Ce n’est pas nouveau, et le pays était déjà traversé par les anciennes Route de la Soie. Uplistsikhe, plus vieille cité du Caucase, était d’ailleurs devenue une des étapes des marchands.

La Russie, le grand frère dont on se méfie

La Géorgie était au carrefour des plus grands Empires de l’histoire : les Perses, les Ottomans, les Mongols, les Russes… Tous y sont passés !

La Géorgie conserve une relation particulière avec la Russie. Le pays faisait partie de l’URSS (Staline est même né en Géorgie). A l’éclatement de l’Union, le pays devient indépendant. Mais pas pour autant totalement étranger à la Russie. Ils ont une grande frontière en commun, marquée par les magnifiques montagnes du Caucase. Les liens économiques et culturels entre les deux sont ainsi restés très importants.

Mont Kazbek depuis église

Aujourd’hui, beaucoup de géorgiens réclament l’adhésion à l’Union Européenne. Le gouvernement hésite. Il a déposé la demande mais ne fait rien de concret pour accélérer les choses. Cela pourrait ternir les relations avec la Russie, dont le pays dépend énormément. Il n’y a qu’à voir les milliers et milliers de camions qui passent la frontière à Kazbegi pour le comprendre.

La relation avec la Russie est très paradoxale et intéressante à analyser. Pour rappel, il y a eu une guerre de 9 jours en 2008 entre les deux pays, durant laquelle la Russie s’est emparée de deux territoires séparatistes (l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud). Ces deux régions représentent tout de même 20 % de la superficie de la Géorgie ! Suite à ça, plus d’un pays aurait décidé de boycotter totalement la Russie, d’éliminer tous les échanges etc… Mais non, la Géorgie ne peut se le permettre.

Le tourisme en chute libre

Cette guerre éclair a fortement marqué les esprits. Et la guerre en Ukraine a ravivé les craintes des Géorgiens vis-à-vis de ce grand frère envahissant. Mais les touristes russes continuent à venir en nombre dans le pays (plus des 3/4 des touristes étaient russes je pense). Ainsi, la deuxième langue parlée dans le pays reste la langue de Tolstoï et non celle de Shakespeare. Et très peu de géorgiens parlent même anglais !

La part des touristes occidentaux a fortement chuté. En 2019, la Géorgie devenait de plus en plus visitée par les Français, Allemands etc… Mais le covid et la peur de la Russie a changé la donne. Un professionnel du tourisme avec qui j’ai parlé estimait qu’il y a une baisse de 40 à 50 % entre 2019 et 2022.

Dans les auberges, on croise parfois des étrangers mais qui ne sont pas en vacances. A Tbilissi notamment, j’ai rencontré une biélorusse et une ukrainienne qui ont fui leurs pays pour venir en Géorgie et y travailler. C’était des rencontres intéressantes pour mieux comprendre leurs situations, leurs aspirations, la vision de leurs avenirs…

Foncez-y !

Malgré les lignes précédences, ne pensez pas que la Géorgie serait un pays dangereux. La situation depuis 2008 s’est stabilisée et le pays est très sûr. L’ancien président a fait le ménage parmi la mafia qui existait auparavant, et la police désormais n’est plus du tout corrompue. On peut se promener à toutes heures, partout, sans crainte.

Se déplacer dans le pays avec les transports publics est très facile en plus. Il ne faut donc pas hésiter une seule seconde à aller visiter ce magnifique pays ! Pour l’accueil, les géorgiens sont comme les russes : froid au début et antipathique, mais après quelques minutes, on découvre un autre visage et ils deviennent accueillants et au petits soins !

Trek Mestia Ushguli - col Chkhutnieri
Catégories : Géorgie

1 commentaire

Le lac de Van : le plus grand lac de Turquie - Y a qu'à rêver · 5 juin 2023 à 19h05

[…] état mais il faut juste éviter les nombreuses vaches qui s’y prélassent. Ça me rappelle la Géorgie l’été dernier […]

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

%d blogueurs aiment cette page :