« Si on n’avait qu’un seul coup d’œil à donner au monde, on devrait regarder sur Istanbul. »

Alphonse de Lamartine

Istanbul… Ce nom signifie beaucoup pour moi dans ce voyage. Une ville immense aux milles visages et aux trésors infinis. J’y ai passé plusieurs jours pour prendre le temps de découvrir comme il se doit cette cité millénaire.

Byzance, Constantinople…

Istanbul est la plus grande ville de Turquie avec 15 millions d’habitants, devant la capitale Ankara. La ville s’est construite et agrandie depuis des millénaires.

Fondée au 7ème siècle avant JC, elle était alors une cité grecque appelée Byzance. En l’an 330, Constantin 1er en fait la capitale de l’Empire Romain d’Orient et la renomme Constantinople (ce qui signifie « la ville de Constantin »… Il n’était pas très modeste !).

L’Empire Romain s’effondre, l’empire Ottoman émerge et Constantinople devient la capitale ottomane, la cité des Sultans.

La république Turque est créé en 1923 et Constantinople devient Istanbul en 1930.

Voilà pour le cours d’Histoire très rapide, mais tout ça pour dire qu’on parle d’une ville immense avec 2 600 ans d’histoire et plusieurs empires et civilisations qui y sont passés. Il ne peut donc y avoir qu’un héritage riche de ce glorieux passé.

Istanbul Eminönü

J’ai passé mes quatre nuits à la Guesthouse Agora (très bon lit en dortoir, petit-déj délicieux, staff sympa…), dans le quartier touristique de Sultanahmet. Un endroit central pour loger avec beaucoup de monuments à proximité. J’y ai rencontré de nombreux voyageurs très sympas, dont trois motards français aussi.

La Citerne Basilique

Étant impatient de découvrir cette ville, j’ai commencé à visiter ce quartier dès ma première après-midi sur place.

J’ai commencé par visiter la Citerne Basilique, construite sous l’Empereur Justinien au 7ème siècle. Elle servait à stocker l’eau en hiver pour ne pas en manquer l’été venu. Elle avait une capacité de 78 000 m³ tout de même !

La citerne n’est plus utilisée aujourd’hui mais est très bien conservée, si bien que des scènes de films y sont tournées parfois.

Des statues d’art ont été installées ici-et-là ces dernières années, et les lumières changent assez souvent. Une belle réussite, mais du coup vraiment beaucoup de monde à visiter !

Le quartier Eminönü et la mosquée Süleymaniye

Je file manger à un restaurant conseillé par la réceptionniste de mon auberge. Une adresse comme je les aime : on prend un plateau à l’entrée, on choisit parmi plusieurs plats et le mec vous sert de belles quantités pour moins de 5 euros… Une vraie cantine remplie de turcs à leurs pauses déjeuner. Le nom : Balkan Lokantasi. J’y suis retourné deux autres fois !

Le restaurant est situé à proximité du quartier commerçant Eminönü. Une vraie fourmilière ! On peut acheter un peu près toutes les babioles qui existent. Les magasins sont regroupés par type de produits et se suivent dans la même rue. Je suis arrivé par hasard à la rue de la lingerie et c’était assez marrant le contraste de voir des femmes en burqa regarder la lingerie sexy !

Non loin se situe la mosquée Süleymaniye, la première que je visite à Istanbul. Ce n’est pas la plus connue mais je suis déjà impressionné par la grandeur de l’édifice.

Mosquée Süleymaniye

Cette mosquée est située en hauteur et offre une belle vue sur le Bosphore et sur les rives d’en face.

Mosquée Süleymaniye

L’entrée dans la cour est impressionnante et tellement grand qu’il est impossible de cadrer l’ensemble sur une photo ! Je visite l’intérieur avec un très joli dôme.

Mosquée Süleymaniye
Le Palais Topkapi

Je reviens par la suite dans le cœur de Sultanahmet pour visiter le Palais Topkapi qui était la résidence des Sultans de l’Empire Ottoman. Mais pas une petite résidence HLM hein. 70 hectares, de beaux jardins, des bâtiments raffinés, des décorations en or…

Palais Topkapi

Cette visite me rappelle fortement le Palais des Shah d’Iran à Téhéran, mais en beaucoup moins bien. Oui, je n’ai pas été conquis plus ça par le Palais Topkapi, pourtant classé parmi les immanquables de la ville. J’y ai passé 1h30 tout de même mais pas de coup de cœur et les salles où s’enchaînent l’exposition des habits, des bijoux, des armes…sont assez ennuyantes.

Là aussi la vue sur le Bosphore et la mer de Marmara est très jolie par contre.

Palais Topkapi Istanbul

L’entrée coûte 500 lira, soit 25 euros, ce qui n’est pas négligeable en plus. En tout cas, si c’était à refaire, je ne visiterai pas le Palais je pense !

La Mosquée Sainte-Sophie

A l’inverse, la Mosquée Sainte-Sophie m’a subjugué !

Il est impossible de se balader sans apercevoir les immenses minarets de la mosquée Sainte-Sophie et de la mosquée Bleue qui se font face. J’ai commencé par découvrir la première des deux, la plus emblématique d’Istanbul.

Mosquée Sainte-Sophie

Elle est le symbole à elle-seule de l’histoire tourmentée de la ville et de sa situation géographique qui en a fait un carrefour de civilisations. Elle était à l’origine une basilique chrétienne, construite au 9ème siècle. Lors de la prise du pouvoir par les armées ottomanes, la basilique est convertie en mosquée. Puis, lors de la création de la république de Turquie en 1934, elle devient musée. Mais c’est sans compter sur Erdoğan et sa volonté de jouer sur la fibre religieuse de la population : il décide en 2020 que Sainte-Sophie sera à nouveau une mosquée.

Mosquée Sainte-Sophie

Lors de l’appel à la prière, les muezzins de la mosquée Sainte-Sophie et de la mosquée Bleue ne chantent pas en même temps mais à tour de rôle. C’est comme une battle de rap ! Mais en vrai, c’est vraiment à entendre une fois lors d’un séjour à Istanbul. Et tant qu’à faire, je suis allé assister à une prière à la mosquée Sainte-Sophie, au sein de cet édifice chargé d’histoire. Ça me donnait des frissons !

Ça vaut le coup d’y revenir la nuit aussi pour voir la mosquée illuminée.

Mosquée Sainte-Sophie nuit
La mosquée Bleue

Comme je le disais plus haut, la mosquée bleue se situe juste en face de la mosquée Sainte-Sophie. Elle a été construite durant le règne du Sultan Ahmet dans les années 1600. Elle a la particularité extrêmement rare d’avoir six minarets.

Mosquée Bleue Istanbul

Là aussi l’entrée dans la cour est impressionnante, on se sent tout petit !

Mosquée Bleue

Le dôme est immense et particulièrement bien décoré. A Sainte-Sophie, on voit rapidement que ce n’était pas une mosquée à l’origine avec des représentations d’êtres vivants sur le dôme, alors que c’est interdit dans l’Islam normalement. Alors qu’à la mosquée bleue, les codes ont été respectés évidemment.

Mosquée Bleue

Les détails sur les murs sont somptueux et me rappellent dans une certaine mesure les mosquées d’Ispahan.

Bien sûr, il faut voir cette mosquée de nuit aussi !

Mosquée Bleue nuit

J’y ai passé du temps à chercher le meilleur point de vue pour une photo, le bon instant etc… Mais j’ai réussi : la mosquée illuminée, la fontaine avec la couleur verte à ce moment-là (couleur de l’islam), le marchand ambulant de châtaignes grillées et les trois acheteuses voilées devant. J’aime bien cette photo !

Mosquée Bleue nuit
Le Grand Bazaar d’Istanbul

On ne peut pas dire avoir visité Istanbul sans avoir déambuler dans le Grand Bazaar. Imaginer : 64 rues, plus de 3000 boutiques, des centaines de milliers de personnes par jour… Ça grouille de monde !

On peut y acheter de tout, mais comme dans tous les bazaar, j’aime particulièrement les odeurs d’Orient avec les échoppes d’épices, de thés… J’ai bien aimé aussi les hommes qui apportent le thé partout dans le bazaar. Ils portent un plateau par un anneau, avec plusieurs tasses remplies dessus. Ils ne renversent pas une goutte ! Avant Uber Eat, il y avait Uber Tea à Istanbul !

Grand Bazaar Istanbul

Dans le même style mais beaucoup plus petit, j’ai visité le bazaar égyptien d’Istanbul. On y trouve les mêmes échoppes mais c’est le genre d’ambiance que j’aime bien.

Juste à côté de ce dernier bazaar se trouve la Nouvelle Mosquée d’Istanbul. Dans 99% des villes au monde, elle ferait figure de monument emblématique, mais à Istanbul non, c’est juste une mosquée normale.

Nouvelle Mosquée Istanbul
Le Pont Galata et Taksim

Le Pont Galata est un endroit que j’ai particulièrement aimé à Istanbul. Il n’est pas spécialement beau et n’a pas une architecture originale, mais l’ambiance est unique.

Pont Galata pêcheurs

Des centaines de pêcheurs ont pris l’habitude d’y venir. Ils remontent beaucoup de petits poissons. Le Bosphore a encore des ressources malgré la pollution ! C’est un endroit original avec ces pêcheurs, les voitures et le tram qui passent derrière, le mythique Bosphore en contrebas et les minarets des éternelles mosquées en arrière-plan.

J’ai mis du temps à le traverser ! J’ai parlé avec quelques pêcheurs, certains parlaient un peu anglais.

Je me dirige ensuite vers la Tour Galata qui offre une belle vue sur la ville. Quartier un peu bobo d’Istanbul j’ai l’impression par ici !

Petite déconvenue : il faut payer 25 euros pour monter à la tour. Euh, 25 euros pour faire une photo, non merci. Tant pis !

Tour Galata

Je rejoins la rue Istiklal Caddesi, sorte de Champs Elysées d’Istanbul entre les places Tünel et Taksim. On se croirait vraiment dans une ville d’Europe occidentale ici avec les grandes enseignes partout (Mango, Yves Rocher etc…). J’en profite pour m’arrêter à Décathlon pour me racheter des tongs (ça fait deux semaines que je marche avec des tongs rafistolées avec des bouts de riselan..!) et des bouchons d’oreilles pour la moto (au rayon chasse, y a pas mieux !). J’aurais sûrement pu trouver ces articles dans les bazaar de la ville, mais bon pas sûr de la qualité ensuite !

Passage devant le lycée Galatasaray, le plus réputé du pays et le seul francophone. Et c’est ici qu’a été créé le célèbre foot de Galatasaray par des étudiants en 1905 !

J’arrive enfin à la place Taksim. Ce quartier est le temple du shopping d’Istanbul, pas vraiment ce que je préfère (loin de là) mais ça valait le coup d’y venir quand même.

Place Taksim
Galataport et Karaköy

J’aurais pu prendre le métro pour revenir à Sultanahmet. Mais j’ai préféré continuer à marcher ! Je redescends sur les rives du Bosphore pour rejoindre Galataport où il y a une longue promenade au bord de l’eau.

La balade pour rejoindre le pont Galata est vraiment agréable, avec la rive asiatique de l’autre côté du Bosphore.

Istanbul
Üsküdar, sur la rive asiatique d’Istanbul

Istanbul est la seule métropole au monde à cheval sur deux continents. Le Bosphore marque cette séparation entre l’Europe et l’Asie. Jusqu’à présent, j’avais parlé de la rive européenne, mais les quartiers du côté asiatique sont intéressants à découvrir aussi !

Je regardais souvent dans cette direction en me promenant les jours précédents, ayant hâte de mettre le pied en Asie. Et parfois en regardant, on peut apercevoir des dauphins dans le Bosphore !

Istanbul dauphins

J’ai pris le ferry public pour rejoindre le quartier d’Üsküdar. A Istanbul, le ferry est un moyen de transport classique, au même titre que le métro ou le tram.

Ferry Bosphore

Le quartier d’Üsküdar est réputé pour être plus conservateur. Ça ne se ressent pas du tout en tout cas. La seule chose que j’ai remarqué est le nombre élevé de mosquées, mais elles sont plus petites qu’ailleurs j’ai l’impression.

J’ai beau avoir beaucoup marché dans ce quartier en empruntant les rues piétonnes, les avenues etc…je n’ai pas été particulièrement charmé à vrai dire. La promenade le long du Bosphore est sympa par contre, avec la Tour de Maiden sur son petit îlot.

Tour Maiden Istanbul
Le quartier Kuzguncuk, mon coup de cœur de la rive asiatique

On m’avait bien vendu le côté asiatique alors malgré ma déception du quartier précédent, je décide de continuer à marcher sur cette rive. Je rejoins le parc Fethi Paşa Korusu, un grand espace de verdure au milieu de la ville. Un endroit qui fait du bien quand on reste plusieurs jours dans Istanbul ! Il y a plusieurs chemins dont certains qui prennent un peu de hauteur et permettent ainsi d’avoir des vues jolies sur le Bosphore et la rive européenne en face.

Fethi Paşa Korusu

Après ce parc, j’arrive au mini quartier de Kuzguncuk. Pas le plus connu, mais clairement mon coup de cœur ! Il est bloqué entre des collines et donc pas de grands axes de circulation. C’est calme et certaines rues font même ambiance village.

J’ai trouvé un petit restaurant pour déjeuner pas cher et très bon. Encore une fois, c’est une sorte de cantine où on prend son plateau et on choisit parmi quelques plats du jour.

On trouve à Kuzguncuk des maisons traditionnelles en bois, toujours habitées. Ce quartier a beaucoup de charme !

Au hasard d’une rue, je rencontre Émile, un russe de 32 ans originaire de la région musulmane du Daghestan. On sympathise rapidement et on passe le reste de la journée ensemble. Il me dit qu’il est là pour le tourisme, mais en parlant durant l’après-midi, je comprends bien qu’il a migré en Turquie pour échapper à la mobilisation et ne pas être envoyé au front, même s’il ne l’a pas avoué directement. Il déteste Vladimir Poutine bien sûr.

A l’inverse, c’est un grand fan de la France (son père lui a d’ailleurs donné ce prénom car il adorait Émile Zola). Deux français l’inspirent particulièrement : Napoléon et Zidane. Pas beaucoup de points communs entre les deux mais il m’a répété ces noms une bonne dizaine de fois !

Beşiktaş

Je prends à nouveau le ferry, accompagné d’Émile cette fois, pour retourner sur la rive Européenne.

Ferry Beşiktaş

On m’avait dit du bien du quartier de Beşiktaş mais j’avoue ne pas l’avoir vraiment visité. J’avais marché une bonne dizaine de kilomètres déjà avec la visite de la rive asiatique et j’étais naze (les jours précédents de visite, c’était aussi plus de 10 km par jour !).

On est resté aux alentours de la place principale de Beşiktaş, où des stands politiques occupent le terrain ! Les élections sont dans une poignée de jours et le résultat est plus qu’incertain. Les partis se mobilisent pour convaincre les électeurs. Et la présence policière augmente pour éviter les débordements.

On se trouve un petit café sympa pour boire un thé et finir la journée de visite ainsi.

On reprend le ferry pour retourner vers Sultanahmet. Au passage, on passe devant le Palais Dolmabahçe, qui a été une résidence des Sultans comme le Topkapi.

Dolmabahçe Palace
Istanbul, la ville aux 1 000 visages

Après 4 jours sur place, je quitte Istanbul en moto le 12 dans la matinée. J’emprunte le tunnel Eurasie qui fait gagner un temps considérable plutôt que de passer par les avenues et les ponts. C’est payant mais moins fatiguant !

J’ai adoré mon séjour dans cette ville incroyable. On m’en avait fait des éloges et je comprends pourquoi désormais. Istanbul est immense et sa particularité d’être sur deux continents fait tout son charme. On navigue entre modernisme et tradition. On ne sait plus si on est en Europe, en Asie ou au Moyen-Orient…

Direction des lieux plus calmes désormais, pour éviter d’être dans de grandes villes pour les élections présidentielles turques !

Catégories : Turquie

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