Erevan est la capitale de l’Arménie et une ville très agréable à visiter. J’y ai passé deux jours pour découvrir le centre et apprendre l’histoire du pays.
VIP en Arménie
Je quitte Gyumri tôt le 29 au matin car la météo annonce des orages à partir du milieu de matinée. A la sortie de la ville, il y a un tronçon en travaux sur une grande ligne droite. Une déviation est indiquée mais ça fait un gros détour. Je vois quatre voitures de locaux passées outre la signalisation et s’engager dans la zone de travaux. Les ouvriers ne travaillent pas encore et c’est du gravier au sol, donc pas dangereux.
Au bout de la zone en travaux : une voiture de flics cachée ! Ils arrêtent les quatre voitures. Pour moi, le flic me sourit et me salue ! J’ai eu peur d’avoir une amende dès le second jour dans le pays, mais non, je suis VIP en Arménie !
Les 125 kilomètres qui séparent les deux grandes villes du pays, Gyumri et Erevan, se sont bien passés. Je suis super concentré à conduire ici car le code de la route n’existe pas ! Autant en France, il est assez facile en tant que motard d’anticiper les erreurs des automobilistes ; autant en Arménie, c’est tellement inattendu ce qu’ils font que ça ne s’anticipe pas ! Ils s’arrêtent où bon leur semble, ils font demi-tour en plein milieu de la route…
Concernant les paysages, la végétation est cramée par la chaleur de l’été. Tout est jaune !
Quartier tranquille
Une fois à Erevan, je file à une auberge que j’avais repéré sur internet : Santorini Hostel. Les prix sont un peu chers à la capitale mais cette auberge est bon marché car excentrée du centre. A 5 minutes à pied se trouve une cantine pour manger pour 2 / 3 euros. Le quartier est très calme donc agréable pour bien dormir !
Même si l’hostel est excentré, il est facile de rejoindre le centre-ville en prenant le métro. Erevan n’a qu’une seule ligne de métro qui relie le nord et le sud, et elle ne passe pas loin de mon auberge !
Le mémorial du génocide arménien
Je suis arrivé en fin de matinée à Erevan donc je peux profiter de l’après-midi pour commencer à visiter. Comme prévu, c’est orageux et je commence par un musée. Oui, je n’en ai fait pas beaucoup mais j’avais repéré celui-là et voulais absolument le visiter. Ce n’est pas le plus drôle, c’est le cas de le dire, mais il est important pour comprendre l’histoire du pays. Il s’agit du musée du génocide arménien, situé sur une colline à côté du mémorial.
Le mémorial est constitué d’un cercle au milieu duquel brûle une flamme et où les gens déposent des fleurs autour.
Le musée est gratuit et permet donc à tout le monde d’y venir pour ne pas oublier les horreurs subies par le peuple arménien. La mémoire collective est le principal rempart pour éviter que ça ne se reproduise, au même titre que le musée de la prison S21 de Phnom Penh, le musée des Droits Humaines à Santiago, le musée COPE à Vientiane…
Le génocide
Tout a commencé lorsque l’Empire Ottoman a garanti aux musulmans un statut dominant, laissant les arméniens de Turquie comme une ethnie de seconde zone. Les premiers massacres d’arméniens, encouragés par l’état, ont lieu dès 1894. Puis les défaites lors des guerres contre la Russie, l’Italie…affaiblit le pouvoir ottoman, qui recherche un bouc-émissaire. Les dirigeants en ont décidé ainsi : la « question arménienne » sera réglée par l’extermination de ce peuple. De nouveaux massacres ont lieu en 1908, 1909…
Le parti Jeunes Turcs arrive au pouvoir et poursuit sur la même lignée, malgré ses promesses de changement. Et il fera même encore pire… La Première Guerre Mondiale leur donne l’occasion de mettre en œuvre leur plan. Le patriotisme et le fanatisme religieux est exacerbé, et les arméniens sont les cibles faciles et évidentes.
Les Turcs commencent par éliminer les arméniens de l’armée ottomane, afin de les empêcher de se défendre plus tard. Puis c’est au tour de l’élite arménienne d’être exécutée. Et ensuite, c’est tout le peuple : massacre de villages entiers, femmes et enfants violés et brûlés vifs, déportation dans les déserts de Syrie et du plateau anatolien… Ce qu’on apprend dans le musée est édifiant.
Les arméniens se sont défendus avec des groupes de résistance, mais ça n’a pas empêché le massacre : 1,5 millions d’arméniens vivant en Turquie sont tués.
Perte de territoires
L’Arménie a perdu une grande partie de son territoire suite à la guerre mondiale et aux attaques turques. La ville de Van était arménienne auparavant par exemple. Mais le symbole de ce vol de territoire est bien sûr le Mont Ararat, considéré comme sacré par les arméniens. Il est aussi en territoire turc de nos jours, ce que les arméniens n’accepteront jamais.
Difficile de résumer tout ce que j’ai appris dans ce musée où je suis resté deux heures. Les explications sont traduites en français en plus.
Pour l’anecdote, beaucoup de Présidents sont venus à ce mémorial et la tradition veut qu’ils plantent un arbre. Parmi la centaine d’arbres, il y en avait un tout petit et cramé. Je m’approche de l’étiquette pour voir qui l’a planté : Emmanuel Macron, en 2018. Il n’a pas la main verte.
GUM Market
Malgré le moral à zéro quand on sort de ce genre de musée et qu’on déprime sur les actes ignobles que les hommes sont capables de se faire, je poursuis ma découverte d’Erevan.
Je m’arrête au GUM Market, le grand marché de la capitale. J’en profite pour faire des courses pour les prochains jours. Bon, je n’ai pas été conquis par ce marché, je le trouvais trop calme !
Place de la République
Le lendemain, j’ai passé toute la journée à arpenter la capitale arménienne ! Je découvre au hasard quelques beaux bâtiments comme la gare centrale des trains, pas loin de mon auberge.
Je ne suis qu’à moitié surpris de voir des affiches de Charles Aznavour. Même cinq ans après son décès, il reste une icône pour les arméniens, comme pour les français.
L’hyper centre de Erevan se trouve à la Place de la République. Cette grande place est jolie avec des bâtiments aux pierres roses, des fontaines… Ça change des pierres noires de Gyumri !
J’y suis passé plusieurs fois durant la journée (je n’avais pas bien prévu mon parcours de visite donc j’ai beaucoup marché !). J’ai ainsi pu la voir avec des lumières différentes en fonction de la position du soleil.
Cathédrale et Mosquée
Évidemment, Erevan a son édifice religieux imposant : la Cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur (un peu pompeux le nom !). Y entrer est l’occasion pour moi de découvrir la dévotion et la croyance du peuple arménien, aussi bien les jeunes que les vieux.
Plus surprenant, on trouve aussi une mosquée à Erevan ; la seule du pays ! Héritage de l’Empire Perse, elle a d’ailleurs été restaurée par des artisans iraniens. La cour est paisible alors qu’une grande avenue se trouve juste de l’autre côté des murs. Pas loin, je déjeune ensuite dans un délicieux restaurant syrien. La famille a émigré en Arménie en 2012 et leur restaurant est devenue une référence à Erevan !
Opéra et lac du cygne
Je passe par hasard par une place nommée « Charles Aznavour ». Une chose est sûre : il ne sera jamais oublié !
Quelques autres visites un peu décevantes : le lac du Cygne (il n’y a pas un seul cygne dans ce petit bassin), et l’Opéra en style très soviétique.
La Cascade d’Erevan
Enfin, je finis par l’endroit le plus connu de la capitale : la Cascade d’Erevan. Il s’agit d’un grand escalier avec, comme son nom l’indique, de l’eau qui s’écoule d’étage en étage.
Pour aller en haut et éviter d’être en sueur, il y a un escalator dans la galerie d’art en bas à droite des escaliers. Je suis vraiment insensible à l’art je crois, mais par contre j’ai apprécié l’escalator !
En parlant d’art, j’ai été surpris de voir une statue de Botero, cet artiste colombien que j’avais découvert à Medellín. Son style est reconnaissable parmi mille, avec des formes généreuses ! C’est toujours plus beau que le mémorial tout en haut des escaliers offert par l’Union Soviétique. Un grand obélisque en béton gris. Le genre de cadeau dont on se passerait bien !
A chaque étage des escaliers, il y a aussi quelques statues devant les fontaines.
Mais si la majorité des gens vient là, ce n’est pas pour l’art. C’est plutôt pour la vue sur Erevan !
En toile de fond, on aperçoit à travers la brume de chaleur le mythique Mont Ararat (par contre sur les photos, c’est quasi impossible de le voir, désolé !).
Erevan, une capitale agréable à visiter !
J’ai apprécié les deux jours passés à découvrir la capitale arménienne. C’était une étape indispensable pour en apprendre plus sur l’histoire tragique de ce petit pays.
De plus, son centre-ville est animé et plutôt joli ! Mais ce que j’ai préféré, c’est surtout les alentours… Ça sera dans le prochain article, patience !
2 commentaires
Aux alentours de Erevan : Aragats, Garni et Geghard - Y a qu'à rêver · 1 septembre 2023 à 12h40
[…] ma dernière journée à Erevan, j’ai choisi de partir explorer les alentours de la capitale. Un gros programme […]
Khor Virap et Noravank : visite de deux monastères en Arménie - Y a qu'à rêver · 2 septembre 2023 à 16h42
[…] au long des 40 kilomètres depuis Erevan pour aller à Khor Virap, je l’avais sur ma […]