La Pamir Highway – Du 04/07 au 11/07/2023

La Pamir Highway est une de ces routes mythiques pour les voyageurs. Il est impensable de venir au Tadjikistan sans la parcourir tout simplement ! Une expérience unique à haute altitude !

La troisième partie de notre aventure de 15 jours en 4×4 ! Pour rappel, les précédents articles :

• De Douchanbé à Khorog et Bartang
• La vallée du Wakhan

La carte :

Cette troisième partie concerne la Pamir Highway (route en rouge de Khorog à Karakul), ainsi que le retour vers Douchanbé par la route de Kulob (route en rose).

Jour 8 : Alichur – Karakul

Je vous avais laissé dans le précédent article dans l’étrange et surprenant village de Alichur. On a pu y faire une grasse matinée. Ce qui correspond à se lever à 8h par ici.

On quitte Alichur à 9h pour se diriger vers la frontière avec le Kirghizistan (235 kilomètres en tout aujourd’hui). La route est bitumée mais il faut être très vigilant car il y a des nids-de-dinosaures (ce n’est plus des nids-de-poules à ce niveau-là !).

La route oscille autour des 4 000 mètres d’altitude. Les paysages me rappellent beaucoup le Sud Lipez en Bolivie, qui se trouve à la même altitude.

On ne traverse aucun village jusqu’à Murghab, plus haute ville du pays, à la croisée des routes qui mènent au Kirghizistan ou à la Chine. On met 3 heures à atteindre cette ville, soit du 35 km/h de moyenne.

Les commerces et services sont ouverts quand ils veulent ici. Pas d’heures fixes. On finit par trouver du sans plomb pour notre 4×4 (ça consomme beaucoup en altitude ces petites bêtes !). Une seule supérette est ouverte pour acheter quelques biscuits. Je m’attendais à une ville dynamique mais pas du tout en fait !

La route s’améliore après Murghab en direction de Karakul. Sans doute que la plupart des poids lourds vont en Chine et n’abîment donc pas ce tronçon de la Pamir Highway.

Le col Ak Baital

Ça monte doucement mais sûrement ! Deux kilomètres avant le col Ak Baital, c’est de nouveau de la piste. A cette altitude, on sent que le moteur perd en puissance ! Pas assez d’oxygène dans l’air pour alimenter la combustion… Mais on atteint finalement le col à 4 655 mètres d’altitude ! Il fait pas chaud du tout mais c’est grandiose !

Avec la frontière Kirghizistan / Tadjikistan fermée, cette route est désormais un cul-de-sac. On a donc croisé quasiment personne. Encore un endroit où il est préférable de ne pas tomber en panne ! Des maisons abandonnées bordent parfois la route.

Après le col, vingt kilomètres de piste en tôle ondulée pour descendre. On longe la frontière chinoise, marquée par des grillages et barbelés. Certains sont cassés ; la Chine a sûrement trop de kilomètres de frontières à entretenir !

Comme à Ha Giang au Vietnam, je ne résiste pas à la tentation… Après m’être assuré qu’il n’y avait personne à l’horizon (ce qui aurait été vraiment pas de bol quand même vu le désert démographique de la région !), j’enjambe un barbelé cassé et me voilà en Chine ! Dans la région du Xinjiang précisément (celle des Ouïghours). Mine de rien, c’est la deuxième fois que je vais en Chine du coup ! Je peux prétendre être un expert de ce pays. A peu de chose près.

Le lac Karakul

Le lac de Karakul est désormais visible et on le longe pour arriver au village du même nom.

On dort à Chep Homestay. Très basique évidemment (les toilettes sont un trou dans le sol à 20 mètres de la maison, pas de douche…) mais bonne nourriture.

Après une partie de volley avec une jeune fille (ça essouffle de courir après un ballon à 4 000 mètres d’altitude !), on se balade dans le village. Il est vraiment très calme, encore plus qu’avant probablement avec la frontière fermée.

Jour 9 : Karakul – Murghab

On quitte le village après le petit-déj. Au sud du lac Karakul, on emprunte une piste de sable qui longe le lac. Puis on gare le 4×4 après 15 kilomètres.

On choisit un petit pic pour y monter en marchant à travers les cailloux (aucun sentier par ici !). On est récompensé en haut par une belle vue sur le lac Karakul et les montagnes du Kirghizistan en face.

Mais de gros nuages noirs à l’horizon apparaissent et même un coup de tonnerre. On décide de retourner vers la voiture se mettre à l’abri au cas où. En chemin, quelques flocons de neige tombent.

Une fois revenu au niveau de la route, il fait à nouveau beau. Le temps change vraiment vite par ici ! On décide donc de profiter un peu plus de ce beau lac Karakul. On s’assoit et mange quelques biscuits face au lac et aux montagnes, dont le Pic Lénine.

Mais on finit par quitter cet endroit. Retour vers Murghab par le col Ak Baital à nouveau. On loge ce soir à la guesthouse Arif, avec vue sur la ville et une bonne douche chaude !

On se promène un peu dans cette ville, avec le bazaar le plus étrange que j’ai vu puisqu’il s’agit simplement de containers alignés sur un terrain vague. Bien sûr, la plupart sont fermés, comme beaucoup de commerces dans cette ville !

Iréné, le cycliste rencontré à Khiva et revu le premier jour de ce périple, arrive le soir à la même guesthouse.

Jour 10 : La vallée de Pshart

Ah non, ça sera dans un article à part car c’est mon gros coup de cœur et il y a beaucoup de photos et de bons moments à raconter !

Jour 11 : Vallée de Pshart – Bulunkul

Après notre nuit dans la vallée de Pshart, on repasse par la guesthouse de Murghab où on avait laissé quelques affaires. J’ai la surprise d’y recroiser Romain, le cycliste français du même village que moi.

Entre temps, un local nous avait prévenu que notre roue de secours installée le deuxième jour n’était pas la bonne. Elle frotte contre un morceau métallique de la suspension et l’intérieur du pneu est donc sérieusement creusé ! On n’avait pas du tout vu ça mais il y a un vrai risque que le pneu explose. On appelle notre agence de location, le ton monte un peu car notre interlocuteur n’a pas l’air de prendre très au sérieux le sujet. Mais on obtient ce qu’on veut : on se fait livrer une nouvelle roue en fin de matinée à Murghab.

On réemprunte la même route pour retourner à la jonction Pamir Highway / Wakhan peu après Alichur. A vrai dire, pas vraiment le choix car c’est la seule route ! Je le répète mais cette portion est pire qu’une piste avec les énormes trous dans l’asphalte. A tel point qu’il est préférable de conduire sur des pistes improvisées parallèles à la route !

Cette fois, on poursuit sur la Pamir Highway au lieu d’aller dans la Wakhan. Mais on la quitte rapidement pour emprunter une piste qui mène au village de Bulunkul où on arrive vers 16h30. Bien crevé ce soir après ces jours intenses de voyage !

Le dîner du soir est du poisson venant directement du lac à côté !

Jour 12 : Bulunkul – Turbat

A 8h30, on part en 4×4 de Bulunkul pour suivre une piste qui s’enfonce plus loin dans les montagnes afin de rejoindre le lac Yashilkul. Le temps est nuageux et pluvieux mais on poursuit quand même. Ce grand lac s’étend sur une dizaine de kilomètres.

Tout au bout, on a la surprise de voir une cabane avec un pêcheur vivant là. Il n’est pas emmerdé par le voisinage lui.

On se gare peu après et on démarre une randonnée de 7 kilomètres A/R pour monter à un col. Magie de la montagne : le ciel s’éclaircit ! C’est le cadeau de la Pachamama pour mes 32 ans, car oui on est le 8 juillet aujourd’hui !

Magnifique panorama sur le lac Yashilkul !

De grandes montagnes se trouvent derrière nous. Ça donne envie de continuer un peu mais ça ferait une trop grosse journée.

On reprend la même piste qui longe le lac Yashilkul, mais sous le soleil cette fois.

J’en profite pour faire une photo qui fait un peu « publicité » de notre 4×4. Mais non, il n’est pas à vendre, on le garde encore quelques jours pour nous !

A ce col, on a aussi une belle vue sur le village où on a dormi hier soir et le lac Bulunkul.

A la recherche d’un toit !

Il est 12h30 quand on quitte Bulunkul pour rejoindre la Pamir Highway. On continue jusqu’au village de Jelondy, connu pour ses sources d’eau chaude. Les cours d’eau qui traversent le village dégagent de la vapeur et ça sent le soufre ! Passer la nuit ici et profiter d’un bon bain dans une eau brûlante nous donne envie mais on a la surprise de constater que les auberges sont toutes complètes. C’est le weekend et des groupes de tadjiks ont pris d’assaut le village !

Pas le choix que de continuer plus loin pour trouver un endroit où dormir. Le soleil commence à descendre et les couleurs sont jolies dans les vallées.

La nuit est tombée et ça pose souci car très difficile de conduire en évitant les trous ! Ce ne serait pas prudent de poursuivre. Lisa repère un homestay dans le village de Turbat, 40 kilomètres avant Khorog. Mais celui-ci a l’air fermé malheureusement. Un mec sorti de nulle part arrive et propose de nous loger. On décide de lui faire confiance et on le suit. Pour entrer la voiture dans le jardin, il démonte un grand bout de tôle qui sert de clôture. Euh, c’est vraiment à lui cette maison ou il fait n’importe quoi ?!

Mais on a la surprise de découvrir une jolie maison en pierre, qu’il a bâtit lui-même durant plusieurs années. Sa femme, Marifat, est professeure d’anglais donc parfait pour qu’on communique. Ils ont une fille et deux de ses cousins sont là pour les vacances scolaires. On s’assoit sur des tapis dans le salon pour boire le thé, en ayant des discussions très intéressantes avec Marifat qui a vécu à Moscou, à Kaboul…

Surprise : ils m’amènent des bougies sur des muffins au chocolat ! Merci beaucoup !

On dort dans le salon sur des matelas confortables.

Jour 13 : Turbat – Khorog

Très bonne nuit passée dans cette maison. Je constate que les meilleures nuits que je passe sont souvent quand je dors sur un gros tapis au sol. Je ne vais plus m’embêter à acheter un lit et matelas chers en France !

Marifat nous sert le thé traditionnel du Pamir au petit-déjeuner. Il s’agit d’un thé avec du lait en plus et du sel. Spécial mais pas mauvais !

Ensuite, elle nous propose d’aller se promener tous ensemble, avec les enfants aussi. Elle connaît tout le monde dans le petit village et s’arrête souvent saluer.

On monte à une ancienne forteresse avec une très belle vue sur la vallée. C’est la première fois qu’elle y va et elle est encore plus contente que nous je crois ! Évidemment, on fait une photo de groupe pour immortaliser le moment.

On est bien redescendu en altitude par rapport à Murghab ou Alichur, et désormais on retrouve de la végétation partout dans les vallées.

En redescendant, on croise un ancien qui habite là depuis toujours. Il nous raconte l’histoire de la forteresse (Marifat traduit pour nous bien sûr). Elle permettait de repousser les invasions chinoises et afghanes à l’époque.

Il nous invite chez lui à boire le thé. Ses parents vivaient là aussi, et il a encore les vieilles poutres de leur ancienne maison. Marifat traduit nos questions, et j’en ai une en tête depuis un moment que je souhaite poser à un ancien : l’URSS, mieux avant ou après la chute ? Sans hésitation, il répond que c’était mieux à l’époque de l’URSS. Ah, la Bolchevita..!

Retour vers Khorog

On repasse un peu de temps ensuite chez Marifat. Vraiment une belle rencontre cette famille ! Aucun regret de ne pas s’être arrêté à Jelondy finalement, bien au contraire !

A 13h30, on prend la route vers Khrorog, à seulement 40 kilomètres. Sans se poser de question, on retourne à la guesthouse Welcome Inn, où on avait été bien accueilli à l’aller. Après-midi repos et à 17h30, Grégory et Ophélie, le couple de cycliste français rencontré à Boukhara me rejoint pour boire une bière et aller dîner ensuite.

Jour 14 : Khorog – Qalaikhumb

Petit-déjeuner à 5h30. A l’aller sur ce tronçon, on avait eu de la chance car on n’avait pas été embêté par les travaux en raison du jour férié. Mais aujourd’hui, il faut s’organiser si on veut y échapper ! On part donc dès 6h30 pour rouler non stop !

A 11h30, on atteint le début de le zone de chantier. C’est par ici qu’on avait crevé à l’aller alors on fait attention !

On a le bon timing et le passage est juste ouvert quand on arrive. Aucune minute d’attente ! Certains voyageurs ont attendu plus de 5 heures (si tu arrives à 13h30, après la pause déjeuner, il faut attendre la fin de la journée de travail vers 18h pour pouvoir passer !).

Enfin presque le bon timing : à dix kilomètres de Qalaikhumb, nouvelle section de travaux et cette fois fermée à la circulation… Un employé nous dit 1h30 – 2h d’attente. Si près du but, dommage ! Mais une ambulance arrive. Le mec demande aux pelleteuses de déblayer rapidement un petit passage pour qu’elle passe. On est quelques voitures à en profiter et suivre l’ambulance ! Que 20 minutes à attendre du coup !

On arrive ainsi à 16h à Qalaikhumb, à la même guesthouse qu’il y a deux semaines (Sangakov). La douche fait du bien après la route chaotique d’aujourd’hui. L’eau qui s’évacue est noire avec toute la poussière sur moi !

Jour 15 : Qalaikhumb – Douchanbé par la route sud

La plus grosse étape en kilomètres de ce périple : 350 ! Ça nous parait énorme mais dès après Qalaikhumb, on trouve un asphalte bien lisse. Le rêve après ces jours à être secoué dans tous les sens !

On peut même rouler jusqu’à 100 km/h, ce qui nous paraît extrêmement rapide par rapport à notre allure de tortue auparavant.

Sur cette route sud, on longe à nouveau la frontière afghane durant 150 kilomètres. Les paysages sont plus arides que dans la vallée du Wakhan.

Mais on finit par retourner vers l’intérieur du pays. Bye-bye l’Afghanistan !

Encore trois check-point traversés aujourd’hui. On avait prévu 12 photocopies de nos passeports et permis d’accès à la région GBAO mais on n’avait pas prévu ceux-là. Il fallait donc 15 photocopies. Avec ces dernières, le passage des check-point est très rapide : les militaires ne prennent même pas le temps de regarder ce qui y est écrit. Mais sans ces photocopies, ils doivent écrire les informations de nos passeports dans un petit cahier, ce qui prend trois plombes !

Retour à 15h dans la chaleur écrasante de la capitale, Douchanbé. On pose nos sacs à nouveau au Green House Hostel, le meilleur endroit pour glander et faire la causette avec d’autres voyageurs !

La fin du périple en 4×4 !

La boucle est bouclée ! Quinze jours d’aventure incroyables dans les montagnes du Tadjikistan ! J’aurai vraiment été déçu de venir en Asie Centrale et de ne pas pouvoir parcourir ces routes et ces pistes.

Inoubliable !